Mars 2021

Carte

Le moulin du Hirguer, situé en Moëlan sur le cadastre napoléonien, a pourtant son histoire liée à celle de Clohars.
Attesté dès 1559 (1), il dépend au XVIIe siècle du manoir de Keranguen, en Clohars, propriété du sieur Thomas Pégasse. En 1662, les écuyers Marc Dondel, sieur de Keranguen, et François de la Pierre, sieur des Salles, acquièrent le domaine des héritiers de Thomas Pégasse. En 1680, Marc Dondel (1648-1726), déclare posséder le manoir et la métairie noble de Keranguen, ainsi que le moulin à vent du Hirguaire, autrement de Keranguen, avec son distroit à moutaux situé dans la lande commune de Clouhal, possédé par Jan Cohen à titre de ferme pour en payer chaque an vingt et une livre tournois.

Keranguen, appartenant au moment de la Révolution au petit-neveu de Marc Dondel, Jean-François Ignace Dondel (1726-1803), fut ensuite vendu en tant que bien national.

Après la Révolution, les limites des communes, fixées avant la réalisation du cadastre napoléonien, font passer la frontière entre Clohars et Moëlan par la route qui mène de Saint-Thamec à Kersalut, situant donc sans ambiguïté le moulin en Moëlan. Ce moulin, parfois connu sous le nom de "moulin de Kerjoseph", a pu aussi être appelé "moulin de Mescléo", du nom du lieu-dit sur lequel il était situé, isolé au milieu de landes, sans habitation à proximité immédiate.

 

Keranguen est devenu la propriété d’Alain Colin (1753-1809) et de sa femme Marie-Jacquette Keruhel (1758-1812). Le moulin du Hirguer est affermé à Alain Le Pennec (1751-1806) et sa femme Marie-Josèphe Audren (1758-1824). Etabli en 1803, son renable est évalué à la somme de 1 571 £. En vendémiaire de l’an XIV (octobre 1805) [1805-001] ils doivent payer 120 livres par an pour la ferme et 60 livres 4 sols et 3 deniers représentant le montant des intérêts à 5 % du prix du renable. Alain le Pennec est issu d’une famille de meuniers de Clohars qui a engendré des meuniers qui ont à leur tour essaimé des meuniers et des meunières sur Clohars, Guidel, Moëlan.

 

Après son décès en 1806, sa veuve reprend le moulin et un nouveau renable est établi le 8 septembre 1807. La somme due par Marie-Josèphe Audren  pour le prix du renable s'élève à 300 livres.

 

Extrait de la section F du cadastre de 1832

 

En 1832, le moulin du Hirguer, sur la parcelle F 371 du cadastre moëlanais, à environ 58 m d’altitude, est la propriété de Marie-Marguerite Goulven (1777-1841), veuve de Julien Colin (1782-1821) domiciliée à Keranguen. Son mari Julien y est né en 1782, fils d'Alain propriétaire du domaine.

En 1836, 10 personnes vivent au foyer de Marie-Marguerite : Marie-Marguerite Colin, sa fille, 4 petits-enfants et 4 domestiques. Elle afferme le moulin à Julien Guyomar (1794-1855). Il habite à Quillien, avec son épouse Marie-Josèphe Le Meudec (1803-1869) meunière, et leurs 4 enfants et son beau-père Gabriel Simon Le Meudec qui y tient un débit de boisson. Deux des enfants seront domestiques à Keranguen en 1846, (Joseph), et 1856 (Marie Ambroise). Julien, le meunier, a un long chemin de Quillien (près de Langlazic) jusqu'à son moulin du Hirguer situé près du croisement de Kersalut.

Après le décès de Marie-Marguerite Colin, ses petits-enfants Marie-Marguerite Audren (1821-) et son époux Guillaume Le Maout (1813-1868), cultivateur, vont s’occuper du moulin, devenu vétuste, et faire procéder en 1849 à des travaux de déconstruction, puis de reconstruction. Le nouveau moulin est moins important que l’ancien, les impôts dus sur le moulin passent de 45 francs à 35 francs. A partir de ce moment, un meunier va vivre à Keranguen avec la famille de Guillaume Le Maout. D’abord un « ouvrier-meunier », Michel Josse (1830-1878), fils de meuniers, (son père est « valet-meunier » la même année au moulin de Chef-du-bois chez Yves le Mestric) ; puis en 1856 un garçon-meunier, Jean Courant. Ce sont des meuniers célibataires qui peuvent être hébergés à Keranguen. Quelques années plus tard, en 1861, Michel Josse, qui s’est marié en 1858 avec Marie-Josèphe La Boissière (1831-1908), revient s’occuper du moulin. Il s’installe avec sa femme et leur fils au village de Kerandoz, proche de Keranguen, mais n’y reste que quelques années pour laisser la place à François Pastol (1810-1893), auparavant meunier aux moulins Kerhervé et de Kerduel. Ce dernier va habiter près du moulin, à Kersalut, avec sa femme Ysabelle Lamarre (1821-1907) et leurs enfants. Noël Jaouen, leur beau-père, ancien meunier du Moulin Jaouen, vient habiter chez eux sur la fin de sa vie. Il y décède en 1864.

Le couple Pastol va rester au moulin du Hirguer une vingtaine d’années, jusqu’à la vente du moulin [1880-277] en 1880 par le fils de Guillaume Le Maoult, François (1840-1919) à Joseph Marie Tanguy (1840-1909), de Saint-Thamec. Le moulin est vendu 500 francs, somme bien faible si l’on compare à la vente du moulin à vent de Chef-du-bois pour 1800 francs la même année. L’acte de vente fait dépendre le moulin du lieudit Kermorgat. Il sera détruit seulement quelques années plus tard, un peu avant 1890. (2)

 

Années	Propriétaires	Meuniers
1559	Existence du « moulin de Hirgaer »
< 1613	Thomas Pégasse, (-1643) sieur de Keranguen
1662	Thomas Dondel - François de la Pierre
1680	Marc Dondel (1648-1726), sieur de Keranguen	Jan Cohen
1785	Jean François Ignace Dondel (1726-1803)
1805 (an XIV)	Alain Colin (1753-1809) et Marie Jacquette Keruhel (1758-1812)	Alain Le Pennec (1751-1806) et Marie Josèphe Audren (1758-1824)
1807	Alain Colin (1753-1809) et Marie Jacquette Keruhel (1758-1812)	Marie Josèphe Audren (1758-1824)
1832 Keranguen	Marie Marguerite Goulven (1777-1841), veuve de Julien Colin, (1782-1821)
1836 Keranguen		Julien Guyomar (1794-1855)
1851 à 1880  Keranguen	Guillaume Le Maout (1813-1868), et Marie Marguerite Audren (1821-1893)
1851 Keranguen		Michel Josse (1830-1878), ouvrier-meunier
1856 Keranguen		Jean Le Courant (1840-), garçon-meunier
1861 Kerandoz		Michel Josse (1830-1878)
< 1864 à  >1876 Kersalut		François Pasterol (1810-1893) et Isabelle Lamarre (1821-1907)
> 1868	François Le Maout (1840-1919)
1880 - <1890	Joseph Marie Tanguy (1840-1909)
	Démolition du moulin

Renable du moulin du Hirguer du 12 vendémiaire de l'an 12

 

(5 octobre 1803)

 

L'entremaye [la trémie], civière, auge à grains	12		L'auge à farine avec trois petites planches	2
7 planches à couvrir le moulin	7		La lanterne avec deux cercles de fer	15
3 pièces de cuvage	24		Le grand fer pesant 97 livres	91
4 pièce de bridage avec son montant qui tient la civière	24		Le petit fer pesant 20 livres	15
Le marbre et sa charge y compris seulement que la main-d’œuvre	123		La croix pesant 32 livres	80
Façon de la charpente	180		Une barre de fer	3
Les gisses [vis] avec les quatre pièces courantes	12		Deux petits marteaux, une grande masse, une moyenne et une herminette	6
Oeuvre de main de onze pièces dormantes	18		Un grand cercle de fer	3
Idem l'oeuvre de main de la couverture, la queue et bouc	60		Le grand câble pesant 51 livres	38
La fenêtre d'en haut joignant le marbre	3		Une hache	nihil
La meule courante, 14 pouces sauf à connaître les droits du preneur à déduire	336-21 =315		Une mesure de grain et écuelle de mouture (mots barrés)	2
La meule dormante 15 pouces 1/2 à déduire la souche après examen du dernier renable	364-24 =340		Une barrique éfoncée [défoncée] avec deux mauvaises planches à [...]
Dix pièces de plafond	30		8 voiles	8
Les quatre poutres dormantes, longueur 12 pieds 1/2, 10 pouces d'équarissage	60		Une écuelle à mouture
Quatre lunettes en bois, longueur 17 pouces, 11 de large	12		Le levier et sa coste
Deux bandes de ciseaux	2		Deux petits marteaux à piquer le moulin
Une jument avec son sabot en fer et millier en acier	9		Un grand et un moyen (?) (mots barrés)
La chambre à farine composée de 4 poutres à 8 pieds de long et de 6 pouces d'équarissage	24
Trois fenêtres	6
La porte d'entrée et ferrure	9
Total	1 571 £ 3 s 6 d
6 rouleaux
Un étrier
Une civière et sa carge

Renable du moulin du Hirguer - 1807

 

Renable du moulin du Hilgeur entre Alain Colin propriétaire et Marie Josèphe Audren veuve d'Alain Le Pennec faisant tant pour elle que pour ses enfants, du lieu de Kervennec commune de Clohars, à la requête de Alain Colin, propriétaire.

 

L'entremaye [la trémie], civière, auge à grains et autres	12		Trois fenêtres	5
7 planches à couvrir le moulin	6		La porte d'entrée et serrure	9
3 pièces de cuvage	23		L'auge à farine avec trois petites planches	2
4 pièce de bridage avec son montant qui tient la civière	23		La lanterne avec deux cercles de fer	14
Le marbre et sa charge y compris les ailes et voiles	136		Le grand fer pesant 90 livres	84
La charpente	180		Le petit fer pesant 20 livres	10
Les gisses [vis] avec les 4 pièces courantes	12		La croix pesant 31 livres	71
Œuvre de main de onze pièces dormantes	18		Une barre de fer	2
La couverture, la queue et bouc	61		Une grande masse, une moyenne, deux petits marteaux à piquer le moulin et une herminette	8
La fenêtre d'en haut joignant le marbre	3		Un grand cercle de fer	3
La meule courante, 10 pouces d'épaisseur	315		Le grand câble pesant 43 livres	21
La meule dormante 14 pouces	340		Une mesure de grain	2
Dix pièces de plafond	30		Une barrique éfoncée avec deux mauvaises planches à couvrir	1
Les quatre poutres dormantes, longueur 12 pieds 1/2, 10 pouces d'équarissage	60		Une écuelle à mouture	1
Quatre lunettes en bois, longueur 17 pouces, 11 de large	12		Le levier et sa coste	1
Deux bandes de ciseaux	2		6 rouleaux	1
Une jument avec son sabot en fer et millier en acier	9		Une truitte	1
La chambre à farine composée de 4 poutres à 8 pièces de planche	24
Total	1 492 £
Déduit 24 £ des 1205	1 181 £

 

Convenu entre Alain Colin, propriétaire du moulin du Hilgeur, que Marie-Josephe Audren veuve d'Alain Le Pennec du lieu de Kervennec [...] payer et solder la somme de 300 livres pour prix du renable et [   ] 97 livres 17 tant pour les frais de copie de renable que ceux de la [  ] entre Colin et feu Alain Le Pennec, réservement de ladite avant son échéance et le tout pour terme fixe de quinze jours à compter après le 8 septembre courant 1807.

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Carte

Il existait aussi un autre moulin à vent à environ 300 m dans le sud-ouest de celui du Hirguer, à Keryoualen uhel, ou Kerhuiten.

Mais déjà en 1680, lors de la déclaration de Janne de Sallou pour l’élaboration du papier terrier, aucun moulin à vent n’est mentionné et les habitants de Kerhuiten sont tenus de moudre leur grain au moulin de la Villeneuve.

Un peu plus tard, sur la carte de Cassini, élaborée entre 1750 et 1815, le moulin de Keryoualen est représenté par un symbole penché, ce qui signifie que l’édifice est en ruines.

 

Extrait de la carte de Cassini

 

Deux parcelles du cadastre napoléonien, dépendant de Keryoualen uhel, s'appellent Lannec ar coz milin (petite lande du vieux moulin) ; ce sont les parcelles F 290 et F 291, toujours sous landes en 1832, situées à un peu plus de 55 m d’altitude. Un repère de triangulation pour le géomètre figure sur une parcelle proche, appelé "signal Terme est". Ces landes sont situées au nord-est du village de Kerhuiten, en bordure du chemin appelé actuellement « route des bois ».

Il semble que l’existence de cet ancien moulin ne soit pas connue des actuels habitants des alentours.