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Les moulins
Octobre 2020 |
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7 moulins occupaient autrefois les rives du Bélon, dont trois sur sa rive gauche, en Moëlan : le moulin de Kerseller (dont il ne reste plus rien), le moulin du Duc et le moulin du Guilly, situé juste avant l’estuaire du Bélon, à une centaine de mètres en aval du moulin du Duc.
Le moulin du Guilly est connu aussi sous le nom de « moulin mer ». Cette appellation indique une importante évolution de l’estuaire du Bélon. Jusqu’aux années 1870, la mer remontait naturellement jusqu’au moulin, dans une anse profonde. Se devinent encore les rivages anciens, derrière la construction de la digue nécessaire au passage de la route. La mer ne remonte plus au-delà sauf par infiltration. En 1902 la construction du pont pour la voie ferrée accentua ces changements en déplaçant le lit de la rivière. Cependant, il ne s’agit pas d’un moulin à marée.
Technique : étang[...] avec chute d’eau de 1,80 m, deux roues à augets.
Le moulin à mer, usurpe son appellation. Situé à la limite de remontée de la mer, ce n’est pas à proprement parler un moulin à mer, utilisant chaque jour l’eau des marées, emprisonnée derrière les roues, qui les font tourner en déchalant. Le moulin utilise l’eau fluviale qui a ici un bon débit. Mais, occasionnellement, profitant de sa situation privilégiée, le meunier sait se servir de l’afflux des marées ; l’eau de mer remonte en moyenne à un mètre au-dessus de l’extrémité des roues inférieures (pour les vives eaux des grandes marées, jusqu’à deux mètres). (1)
Extrait du cadastre de 1832, section C1
Moulin en mer : mécanisme (dossier Eon/Madic 1862 AD29)
Attesté dès 1480 (2), le moulin à eau du Guilly dépendait, ainsi qu’un moulin à vent, du manoir noble du Guilly, propriété de J. du Périer, héritier de la famille du Juch.
Le manoir du Guilly appartenait en 1495 à Pierre du Périer, seigneur du Guilly, puis, en 1619 à écuyer Pierre Jéguic et sa compagne Marie Gouault qui décrivent ainsi les biens du domaine : Lieu, manoir et métairie du Guilly, bois de haute fustaye, taillis, prairies, issues de chemin, chapelle, colombier, moulin avec son étang...droits d’eaux dévalant du Moulin au Duc... (3)
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Moulin à vent :
Le moulin à vent était situé à Kergoustance, sur une parcelle nommée Parc ar vilin avel (champ du moulin à vent), à une quarantaine de mètres d’altitude. Actif encore en 1480, il est déclaré ruiné en 1679 lors de la déclaration et [le]dénombrement des maisons, terres et héritages [de] dame Marie Gouault : Un moulin à vent à présent ruiné situé en un parc terre froide nommé le parc du moulin à vent aux issues dudit Quergoustance [Kergoustance]. (4)
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Moulin à eau :
En 1679, le moulin est affermé à Yves Bourdellay (5) meunier.
En 1688, Charles Lohéac (1653-1726), écuyer et conseiller du Roi, bailli de la sénechaussée de Quimperlé acquiert pour 7500 livres la seigneurie du Guilly. (6)
Sa fille Jeanne Françoise se marie à Pierre François Dupaïs, originaire de Carhaix. Leurs descendants, Jean-Henry Dupaïs, puis son fils Guillaume Dupaïs (1741-1801), et la fille de ce dernier, Marie-Vincente Thérèse Dupaïs du Guilly, vont vivre au Guilly jusqu’en 1810.
Les meuniers se succèdent au moulin : Guillaume, puis Jacques Le Pennec, de 1714 à 1736.
En 1751, le moulin du Guilly contient quatorze journaux sous landes et prussiers, un pré contenant environ quarante cordes ; et dix cordes et trois quarts sous courtils avec le ruisseau du dit moulin tenant lieu d’étang, contenant environ vingt- trois cordes ; dans lequel étang on ne prend aucun poisson, le tout affermé à Louis Le Marrec par acte du huit août 1744 quatre vingt dix livres. Ce moulin est sujet à de grandes réparations par le nord, que la maire [mer] luy cause ; de plus, le meunier fait faire quatre journées de couvreurs sur le dit moulin pour l’œuvre de mains seulement. (7)
Puis, Jean Lolichon en 1748, 1761, Claude Le Gac en 1771, 1774, Jean Le Marec et Marie Evenou de 1777 à 1784, Aubin Le Bail et Marie-Jeanne le Porz en 1789, puis Jean Louis Madic (1764-1813) et Renée-Louise Remot (1764-1845) de 1791 à 1795. En 1796, le meunier est Michel Josse (1764-1808), marié à Louise Talbarde (Talbarze, Talgarne). Ses relations sont tendues avec le propriétaire à cause du prix du bail, considérable (300 francs par an, 12 douzaines d’anguilles, des grains et l’engraissement d’un porc – redevances estimées à 432 francs -) (8). Le meunier suivant, en 1804 est Mathurin Cadic marié à Françoise le Bloa. Le bail est de 528 francs par an. En 1810, Jean-Louis Madic prend à nouveau le bail du moulin.
En 1812, il achète à la famille Dupaïs les droits édificiers du moulin pour 4147 francs, soit : le moulin avec un pré, quatre jardins, une lande au midi du moulin du Duc et une autre lande donnant sur la mer.
Lors de la vente, les héritiers de Guillaume Depaïs et de Marie-Vincente Lohéac acceptent de donner à Jean-Louis Madic trois arbres de leur choix à prendre sur la terre du Guilly pour l’aider à réparer le moulin. Jean-Louis devra payer au 229 septembre comme tout un chacun, le prix du bail et solder aussi les anguilles, canards et « sauts-monts » de l’étang. (9)
La dynastie des meuniers Madic a débuté.
Au décès de Jean-Louis (premier), c’est son fils Jean-Louis (deuxième) (1795-1818), marié à Marie-Françoise Pélagie Flohic (1789-1852) ; puis leur fils Jean-Louis (troisième), son frère François (1816-1882) marié à Marie-Louise Brot, sa sœur Marie Marguerite (1817-1901), mariée à Jean-François Joliff (1811-1875), de Riec. En 1851, le moulin est au nom de François Madic. Celui-ci va faire installer une deuxième roue au moulin, alors que les meunières du moulin juste en amont, les sœurs Eon du moulin du Duc, en font, de leur côté, installer une troisième. Il va s’ensuivre un litige qui va durer 8 ans, et mobiliser l’administration et les ingénieurs entre 1861 (date de la première pétition de François Madic) et 1869 (date de la mise en demeure de François Madic de se conformer à l’arrêté).
La fille de François et Marie-Louise Brot, Marie-Louise Madic (1836-1864), prend la suite avec son mari, François le Garrec (1827-1890). C’est la quatrième génération Madic. Une donation-partage de 1862 attribue aux époux le Garrec non seulement le moulin du Guily, mais aussi le moulin de Pen er len, au Trévoux, qui appartenait à Madame Madic, d'une famille de meuniers elle aussi.
Le moulin mer était alors, avec le moulin du Duc, le moulin le plus important de Moëlan. En 1882 sa valeur imposable est de 225 francs, soit presque autant que le moulin du Duc (300 francs). C’est presque le double des impôts du moulin (à eau) de Kerseller, et de celui (à vent) de Chef du bois.
Marie-Josèphe Le Garrec (1862-1909), et son mari Joseph Lopin (1853-1925) succèdent à François le Garrec à partir de 1887. Cinquième génération. Enfin, en 1914, Jean Louis Lopin (1883-1941) et sa femme Marie-Louise Josèphe Furic (1890-1972) sont meuniers jusqu’en 1931. Sixième et dernière génération.
Jean "Louis" Marie Lopin (1883-1941), le dernier meunier |
Odette Lopin (1920-2007) |
Retraités en 1936 (10), ils resteront vivre à la maison du moulin qui a cessé toute activité. Au décès de Jean Louis Lopin, sa fille Odette hérite du moulin. Marie-Louise Josèphe Furic, y décède en 1972.
En 1974, Gabrielle Meuric-Philippon écrit dans son ouvrage sur Moëlan (page 123) : Le moulin à mer du Guilly existe toujours avec son four, ses magnifiques rochers, ses rives boisées, son étang jusqu’où remontait autrefois la mer jusqu’à la construction du pont il y a près d’un siècle.
Le moulin mer en 2015
Deux ou trois ans après le décès de sa mère, Odette Lopin, (épouse Julien Lozachmeur) vend le moulin à Robert Quistrebert, alors propriétaire du moulin du Duc. Une piscine avec sauna est créée dans l'un des bâtiments de Moulin mer.
Un peu plus de 100 ans après le litige Eon/Madic, les deux moulins se trouvent donc réunis dans le même domaine, le luxueux complexe hôtelier « Les moulins du Duc ». C'est toujours le cas en 2020.
2009
Moulin mer au premier plan
Moulin du Duc en arrière plan
(1) Colliou-Guermeur, Marie-Claude, Terres et gens du Bélon, 1789-1920, Des sources à la mer, 2003. P. 79
(2) Hollocou, Pierre, Plourin, Jean-Yves, De Quimperlé au port de Pont-Aven entre Isole-Laïta et Aven Les noms de famille et leur histoire,Quimper, Emgleo Breiz, 2010, p. 215
(3) Meuric-Philippon, Gabrielle, Moëlan en Cornouaille, 1975, p. 86
(4) Terrier Marie Gouault, 17 juillet 1678, p. 369
(5) Id. p. 368
(6) Meuric-Philippon, op.cit, p. 87
(7) Déclaration de Jean Henri Dupais pour l’impôt du vingtième.
(8) Colliou-Guermeur, op.cit, p. 79
(9) Id.
(10) Recensement de population de 1936
Année |
Propriétaires |
Meuniers |
1679 |
|
Le Bourdellay Yves |
1688 |
Lohéac Charles (1653-1726) |
|
1714-1736 |
Lohéac Jeanne-Françoise x Dupaïs Pierre François Puis Dupaïs Jean-Henry et ses descendants jusqu’en 1810 |
Le Pennec Guillaume (1689- vers 1720) puis Le Pennec Jacques (1714-1779) |
1744 |
Dupaïs |
Le Marrec Louis (1700-1760) |
1748-1761 |
Dupaïs |
Lolichon Jean |
1771-1774 |
Dupaïs |
Le Gac Claude |
1777-1784 |
Dupaïs |
Le Marec Jean (1751-1784) Evenou Marie (1750-1797) |
1789 |
Dupaïs |
Le Bail Aubin (1759-1814) Le Porz Marie-Jeanne |
1791-1795 |
Dupaïs |
Madic Jean-Louis (1764-1813) Remot Renée Louise (1764-1845) |
1796-1800 |
Dupaïs Guillaume (1741-1801) |
Josse Michel (1764-1808) Talbarze Louise (1769-1847) |
1804 |
Dupaïs Marie-Vincente (1778-1857) |
Cadic Mathurin (1780) Le Bloa Françoise (1773) |
1810 |
Dupaïs Marie-Vincente (1778-1857) |
Madic Jean-Louis (1764-1813) Remot Louise (1764-1845) |
1812 |
Madic Jean-Louis (1764-1813) Remot Louise (1764-1845) |
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1814 |
Madic Jean-Louis (1795-1818) Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852) |
Madic Jean-Louis (1795-1818) Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852) |
1818 |
Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic |
Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic |
Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic |
Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic |
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Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic | Madic François Louis (1816-1882) x Brot Marie-Louise (1836-1864) | |
Flohic Marie-Françoise Pélagie (1789-1852), veuve Madic |
Madic Jean-Marie et sa femme |
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Madic François Louis (1816-1882) Brot Marie-Louise (1836-1864) |
Madic Jean-Marie et sa femme |
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Madic François Louis (1816-1882) Brot Marie-Louise (1836-1864) |
Madic François Louis (1816-1882) x Brot Marie-Louise |
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Garrec François (1827-1890), veuf de Madic Marie Louise |
Garrec François (père) |
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1886 |
Garrec François (1827-1890), veuf de Madic Marie Louise |
Garrec François (père) |
1891 |
Lopin Joseph (1853-1925) Garrec Marie-Josèphe (1862-1909) |
Lopin Joseph (1853-1925) x Garrec Marie-Josèphe (1862-1909) |
1901 |
Lopin Joseph (1853-1925) Garrec Marie-Josèphe (1862-1909) |
Lopin Joseph x Garrec Marie-Josèphe (1862-1909) |
Lopin Jean Louis (1883-1941) Furic Marie Louise (1890-1972) |
Lopin Louis et sa femme Joséphine |
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1926 |
Lopin Jean Louis (1883-1941) Furic Marie Louise (1890-1972) |
Lopin Louis (1883-1941) Furic Marie Louise (1890-1972) |