MEMOIRES ET PHOTOS DE MOELAN

L’an mil huit cent quatre-vingt-quinze, le mercredi dix juillet, sur les une heure de l'après-midi.

Au lieu de Kerjégu en la commune de Moëlan, en la demeure de monsieur Lollichon Joseph où il est décédé intestat, époux de dame Bourhis Marie Josèphe, le vingt juin mil huit cent quatre-vingt-quinze.

A la requête de :

- 1° Madame Bourhis Marie Josèphe, cultivatrice, veuve de M. Lollichon Joseph, demeurant au lieu de Kerjégu, en la commune de Moëlan.

Agissant tant en son nom personnel à cause de la communauté de biens ayant existé entr'elle et son défunt mari, à défaut de contrat de mariage qui ait réglé et précédé leur union, communauté qu'elle se réserve d'accepter ou de répudier, 2° à raison et à cause du droit qui lui appartien de réclamer l'usufruit lui revenant sur les biens de son défunt mari conformément à la loi du neuf mars mil huit cent quatre-vingt-onze, 3° comme ayant la jouissance des biens de ses enfants mineurs ci-après nommés, 4° et enfin aux noms et comme tutrice naturelle et légale de ses enfants mineurs issues de son mariage avec feu Lollichon Joseph et qui sont : 1° M. Lollichon Jean Marie, âgé de vingt ans, actuellement en garnison à Pontivy aux Chasseurs à cheval, 2° et M. Lollichon Joseph, aide-cultivateur, âgé de quatorze ans et avec elle demeurant à Kerjégu.

En présence de :

M. Lollichon François Louis, cultivateur, époux de dame Colin Marie Renée, demeurant au lieu de Penanster en la commune de Moëlan, agissant en qualité de subrogé-tuteur des mineurs Lollichon, ses neveux, fonction qu'il a acceptée aux fins de délibération de conseil de famille disdits mineurs et réuni sous la présidence de monsieur le juge de paix de Pont-Aven, le trois juillet courant.

Les dits mineurs Lollichon Jean Marie et Joseph, habiles à se dire et porter héritiers de M. leur père, chacun pour moitié.

A la conservation des droits des parties ou de tous autres qu'il appartiendra, sans que les qualités sus-énoncées puissent nuire ni préjudicier à qui que ce soit, mais au contraire sous toutes réserves.

Il va être par Me Barbe, notaire à Moëlan (Finistère), assisté des témoins instrumentaires ci-après nommés, procédé à l'inventaire et description exacte de tous les meubles, objets mobiliers, titres-papiers s'il en existe, valeurs et documents de toute naure dépendant tant de la communauté ayant existé entre Mme Bourhis et M. Lollichon, que de la succession dudit M. Lollichon.

Sur la représentation qui en sera faite du tout par Mme veuve Bourhis, laquelle a promis de déclarer et faire comprendre tout ce qui a sa connaissance pouvait dépendre des communauté et succession dont il s'agit.

La prisée des meubles et objets mobiliers sera faite par Me Barbe, notaire, avec l'assistance de monsieur Orvoën Jean François, de Kermoguer et de M. Richard Pierre Louis, du Poulvez, tous deux cultivateurs, en la commune de Moëlan, et ce, de la manière suivante :

Prisée des meubles et objets mobiliers :

Dans un appartement au rez-de-chaussée d'une maison sis à Kerjégu en Moëlan et ouvrant au midi sur cour :

- Deux trépieds, deux seaux, un souflet et un pot à crème, une terrine et un plat, deux francs cinquante centimes, ci 2.50 fr.

- Une coquette, deux marmites et chaudron, un franc vingt-cinq centimes, ci 1.25 fr.

- Une petite casserole, deux poëles à crêpes, un entonnoir et deux chandeliers, trois francs, ci 3 fr.

- Un vaisselier avec deux plats, dix cuillers, une fourchette et dix écuelles et un pétrin, le tout neuf francs, ci 9 fr.

- Une table coulante avec son banc-escabeau, huit francs, ci 8 fr.

- Une horloge avec sa boîte, vingt francs, ci 20 fr.

- Un bois de lits de campagne avec son accoutrement au couplet et rideaux en serge avec son banc-coffre, trente-six francs, ci 36 fr.

- Dessous le lit, un panier sans valeur, dix centimes, ci 0.10 fr.

- Près du foyer, un bois de lit avec son accoutrement au complet, avec rideaux en serge et son banc-coffre, quinze francs, ci 15 fr.

- Autre bois de lit avec accoutrement complet, rideaux en serge et son banc-coffre, trente-neuf francs, ci 39 fr.

- Autre bois de lit comme le précédent avec banc-coffre, quarante-cinq francs, ci 45 fr.

- Autre bois de lit avec accoutrement comme le précédent avec son banc-coffre, ci vingt francs, ci 20 fr.

- Un couvre-pain, une louche, une poële à frire, un plat en fer blanc, un charnier et son contenu (ne contenant rien), deux francs, ci 2 fr.

- Cinq terrines, un tamis, deux pots à lait, une assiette et baquets à bouillir, quatre francs cinquante centimes, ci 4.50 fr.

Sur un placitre du village :

- Trois charrettes de campagne, cent trente francs, ci 130 fr.

- Equipages en général desdites charrettes, trente francs, ci 30 fr.

Dans une remise :

- Un char à bancs et son équipage, cent vingt francs, ci 120 fr.

- Trois charrues dont deux en fer, une houe, vingt-cinq francs, ci 25 fr.

- Une herse et une brouette, cinq francs, ci 5 fr.

- Trente fûts ordinaires plus deux autres fûts plus neuf grands fûts et huit petits, cent cinquante-sept francs, ci 157 fr.

- Un ventilateur vieux, dix francs, ci 10 fr.

- Un tiers de la mécanique à battre, en mauvais état, vingt francs, ci 20 fr.

- Deux établis de tonnelier et un de menuisier, trois francs, ci 3 fr.

- Une hache, une serpe, une plaine, une herminette, une enclume et son manteau, une scie, un cornet à vinaigre, deux vrilles, deux francs cinquante centimes, ci 2.50 fr.

- Autre hache, une plaine et boîtes diverses d'outils, un franc, ci 1 fr.

Dans le grenier :

- Une bascule et ses poids, neuf francs, ci 9 fr.

- Une boîte contenant cinq tarières et autres menus objets, cinquante centimes, ci 0.50 fr.

- Cinq faucilles, un lot de fléaux vieux, quatre tamis ou cribles, deux francs, ci 2 fr.

- Deux sacs avec un lot de chanvre, trente francs, ci 30 fr.

- Petit chariot de grenier, vingt-cinq centimes, ci 0.25 fr.

- Un lot d'avoine, dix-huit francs, ci 18 fr.

- Un petit lot d'orge et du blé noir, dix francs, ci 10 fr.

- Vingt sacs en grosse toile, quinze francs, ci 15 fr.

- Une cuve, cinquante centimes, ci 0.50 fr.

- Instruments aratoires comprenant fourches en bois, faulx, javelots, pioches, rateaux, le tout assez usé et fourches en fer, six francs, ci 6 fr.

Dans une écurie à vaches :

- Une vache jaune et blanche, soixante-quinze francs, ci 0.75 fr.

- Autre vache jaune et blanche, estropiée, vingt-cinq francs, ci 25 fr.

- Une génisse noire, quarante francs, ci 40 fr.

- Une vache noire, cent francs, ci 100 fr.

- Autre vache noire tachetée de blanc (vieille), soixante-dix francs, ci 70 fr.

- Autre vache noire, quatre-vingt-dix francs, ci 90 fr.

- Autre vieille vache borgne, vingt-cinq francs, ci 25 fr.

- Autre vache noire et blanche, cent cinq francs, ci 105 fr.

- Autre vache noire et blanche, soixante-cinq francs, ci 65 fr.

- Autre vache noire et blanche, soixante-dix francs, ci 70 fr.

- Une petite génisse jaune et blanche, vingt-sept francs, ci 27 fr.

- Autre petite génisse noire et blanche, trente francs, ci 30 fr.

- Un jeune taureau de trois mois, quinze francs, ci 15 fr.

- Attaches et cordages et chaînes desdites vaches, deux francs, ci 2 fr.

Sur la cour :

- Une petite meule, cinquante centimes, ci 0.50 fr.

- Un porc, quatre-vingts francs, ci 80 fr.

Dans une écurie :

- Un vieux cheval blanc (dix-sept ans), cent francs, ci 100 fr.

- Une petite jument baie, trois cent vingt francs, ci 320 fr.

- Autre petite jument baie, trois cents francs, ci 300 fr.

Dans la cave :

- Quatre hectolitres soixante litres de cidre, trente francs, ci 30 fr.

Sur l'aire à battre :

- Neuf poules et un coq, sept francs cinquante centimes, ci 7.50 fr.

- Un vieux fourneaux, un bassin, deux barriques ?, un harpon, une grande et petite chaches, dix francs, ci 10 fr.

- Un lot de fatras et coins en fer, deux francs, ci 2 fr.

Dans des bancs-coffres :

- Dix-huit draps, huit couettes, huit traversins, soixante-cinq francs, ci 65 fr.

- Effets et hardes des époux en général, quarante francs, ci 40 fr.

Dans les champs :

- Sous froments, sous deux hectares quarante centiares de terres, travaux compris, deux cents francs, ci 200 fr.

- Orge, sous environ trente-six ares, quarante francs, ci 40 fr.

- Pommes de terre, sous environ vingt-sept ares, trente francs, ci 30 fr.

- Avoine, sous deux hectares quarante centiares de terres, cent vingt francs, ci 120 fr.

- Chanvre, sous trois ares environ, six francs, ci 6 fr.

- Blé noir, sous environ cinquante-quatre ares, dix francs, ci 10 fr.

- Pommes à cidre, deux cents francs, ci 200 fr.

Total de la prisée sauf erreur : trois mille quatre-vingt-seize francs dix centimes, ci 3 096.10 fr

Sur ce total, il y a lieu de déduire la somme de cinquante-deux francs trente-cinq centimes pour le tiers de celle de cent cinquante-sept francs, prix des fûts vides, lequel tiers appartient à Mme Bourhis de Kerglouanou, ce qui réduit le total de la prisée à : trois mille quarante-trois francs soixante-quinze centimes, ci 3 043.75 fr.

Déclarations. Reste à la prisée.

Demandé à la veuve requérante, si à l'époque du décès il existait de l'argent comptant, elle nous a déclaré qu'il pouvait y avoir environ une somme de cent soixante-quinze francs soixante-dix centimes qui a servi comme il sera ci-après mentionné à l'article passif à régler divers frais funéraires et autres, ci 175.70 fr.

Actif :

Qu'il est dû en autre aux communauté et succession :

- Par M. Lollichon Joseph, cultivateur à Toul an porz, en la commune de Moëlan, une somme de six cents francs, et ce, aux termes d'acte obligatoire passé devant Me Barbe, notaire à Moëlan, à la date du trente et un décembre mil huit cent quatre-vingt-quatorze, enregistré. [1894-302]

Pour prorata d'intérêts cinq mois vingt jours à 4% : 11.20 fr.

Il y a lieu d'ajouter à cet actif trente-huit francs vingt-cinq centimes pour objet oublié, ci 38.25 fr.

Passif :

Demandé à la ? veuve dame requérante, à qui les communauté et succession pouvaient devoir, elles nous a déclaré qu'il était dû les sommes suivantes :

- 1° A M. Le Bourhis, son frère, de Kerglouanou, Moëlan, pour prêt verbal, la somme de cent francs, ci 100 fr.

Et pout intérêt, mémoire.

- 2° A M Le Bourhis Auguste, de Kernivagne en Riec, aussi pour prêt verbal, trois cents francs, ci 300 fr.

Et pout intérêt, mémoire.

- 3° A madame de Gibon, propriétaire de l'immeuble de Kerjégu, demeurant à Lorient, pour prorata du fermage à raison de quinze cents francs l'an, soit pour huit mois et vingt-un jours, mille quarante et un francs sept centimes, ci 1 041.07 fr.

- 4° A M. Guillou Joseph, domestique, pour gâges à raison de cent francs l'an, payables le premier janvier de chaque année, à quarante-huit francs quarante centimes, ci 48.40 fr.

- 5° A Mme Louise Jacob, même sommes, ci 48.40 fr.

- 6° A un journalier, un mois de gâge, vingt-cinq francs cinquante centimes, ci 25.50 fr.

- 7° A une jeune domestique, un autre mois de gâges, dix francs, ci 10 fr.

- 8° A Pluniar François, petit pâtre, à raison de trente francs l'an, treize francs trente-trois centimes, ci 13.33 fr.

- 9° Au fossoyeur de Moëlan, trois francs, ci 3 fr.

Il a en outre été payé avec les deniers comptants par madame veuve Lollichon :

- 10° Au greffier de la justice de paix de Pont-Aven pour nomination du subrogé-tuteur, neuf francs quatre-vingts centimes, ci 9.80 fr.

- 11° Pour frais faites à Pont-Aven, cinq francs, ci 5 fr.

- 12° Pour frais funéraires à M. le desservant de Moëlan, quarante-neuf francs soixante-dix centimes, ci 49.70 fr.

- 13° Frais de veillée et autres, quarante-huit francs, ci 48 fr.

- 14° A M. Guilcher, menuisier, pour cercueil, vingt-cinq francs, ci 25 fr.

- 15° Au pharmacien, pour médicaments, quarante francs, ci 40 fr.

- 16° Au trésor pour droit de mutation, mémoire.

- 17° Au medécin, pour soins donnés, mémoire.

- 18° Pour coûts d'actes notariés, mémoire.

Ne s'étant plus rien trouvé à dire, comprendre et déclarer au présent inventaire, il a été clos après avoir été affirmé sincère et véritable par la requérante et Mme veuve Lollichon, sous la foit du serment, a dit avoir déclaré, représenté et fait comprendre dans l'inventaire de sa communauté et de la succession de son mari, de n'avoir rien caché, ni détourné directement ou indirectement.

Les meubles et objets mobiliers et généralement tout le contenu audit inventaire a été laissé en la garde et possession de madame veuve Lollichon, qui le reconnaît et s'en charge pour les représenter à qui de droits.

Il a été vaqué à tout ce que dessus depuis une heure de l'après-midi jusqu'à quatre heures par simple vacation.

Et, sous toutes réserves et après lecture du tout, madame veuve Lollichon et M. Lollichon François Louis ont signé avec le notaire et les témoins instrumentaires MM. Le Malliaud Mathurin, marchand et Caëric Xavier, boulanger, demeurant à Moëlan.