Littérature
Peinture
- Maurice Asselin
- Anselmo Bucci
- Maurice Chabas
- Marcel Fournier
- Fernand Jobert
- Emile Jourdan
- Moïse Kisling
- Constantin Kousnetzoff
- Clémence Molliet
- Henry Moret
- Etienne Noel
- Jean Pégot-Ogier
- Ludovic-Rodo Pissarro
- V.-J. Roux-Champion
- Alberto Carlos de Souza Pinto
- Julio José de Souza Pinto
- Jacques Vaillant
- Kanaé Yamamoto
Divers
Vie artistique à Moëlan
"Lorsque la gare de Moëlan était le centre du monde"
Dès la fin du 19ème siècle, les trois belles rias du Belon, de Brigneau et de Merrien ainsi que la plage de Kerfany et la côte rocheuse ont séduit maints peintres et écrivains. Pont-Aven et Le Pouldu ont joué un rôle attractif et favorisé leur venue sur notre territoire, car Moëlan constitue un trait d’union entre ces deux cités artistiques. Moëlan connut alors une intense vie artistique.
Henry Moret et Émile Jourdan, amis de Paul Gauguin, vont les premiers mettre en scène Brigneau et ses alentours. Emile Jourdan y peint une série de tableaux de sardiniers dans le port, ainsi que des ramasseurs de goémons.
Maurice Asselin, qui découvre la Bretagne en 1905, fait de Brigneau son port d’attache et l’éloge qu’il en fait à Montmartre incite des peintres, comme Jacques Vaillant mais aussi des écrivains, comme Pierre Mac Orlan, à le rejoindre. L’auberge de la Mère Bacon, au-dessus de la digue de Malachappe, sert de lieu de ralliement à ces créateurs de tout poil.
Un peu plus tard, le Quimperlois Adolphe Beaufrère était inspiré par Merrien, tandis que Maurice Chabas regardait rentrer les bateaux à Plaçamen. C’est aussi par la beauté de cette ria que furent attirés Henry Moret et Victor Roux-Champion.
A la même époque, la pension Lepage à Kergroës héberge aussi des artistes sous le charme du Belon et de la plage de Kerfany. Le peintre Fernand Jobert accueille ses amis du groupe de Pont-Aven, dont Maxime Maufra, dans sa maison sur le Belon. Le peintre russe Constantin Kousnetzoff, le polonais Jan Rubczak ainsi que les frères portugais José et Alberto de Souza Pinto ont laissé quelques dessins et peintures de leur passage moëlanais, portant ainsi un regard sur une société et sur des lieux en pleine mutation.
La Bretagne est riche de ces sites illustrés par l’art et où l’on trouve à vivre à bon compte.
Il est un coin dans le Finistère, d’une particulière beauté et qui est simplement ignoré. C’est la région qui s’étend de Quimperlé à Concarneau et que dessert le petit train de la Compagnie des chemins de fer du Finistère : un vrai joujou, un authentique tortillard, mais dont l’allure et suffisante et dont l’horaire est bien établi.
Le mois d’août est le plus favorable à ce voyage. C’est à ce moment que la Bretagne, qu’une absurde tradition romantique veut désolée, apparaît dans toute la luxuriance de sa nature et c’est aussi l’époque des grands pardons, des foires au cidre doux, permettant à un peuple ardent de prouver que, s’il est mystique, il est aussi joyeux.
Kerfany possède un hôtel respectable. Je conseillerais aussi d’aller chercher un gîte au port le plus voisin, à Brigneau en Moëlan ou, plus bas, à la distance d’une centaine de coups d’aviron, à Belon, petit port sur le Belon, jolie rivière qui se jette dans la mer en vue de Kerfany et qui, recevant la marée jusqu’à Riec, village situé juste en face de Belon, permet aux touristes qui se sont fixés là de jouir du beau spectacle de la rivière coulant entre deux belles forêts de pins maritimes peuplées de charmants écureuils, tout en s’adonnant aux plaisirs salutaires des bains de mer. On n’a pas à se déranger, c’est la mer qui vient à vous. On trouve des hôtels excellents non loin, à Belon, à Riec, à Ker Goez, notamment, mais il est facile de se loger chez les pêcheurs de la région. Si la propreté des paysans bretons est douteuse, par contre, celle des pêcheurs est rigoureuse.
Les parcs à huîtres satisfont sur place toutes les gourmandises ; on se procure aisément des canots à rames ou à voile, avec ou sans équipage.
André Salmon, En route, revue hebdomadaire illustrée, 10 août 1916