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La justice de paix

Timbre

29 mars 1867

Procès-verbal d'interrogatoire

sur les circonstances de la mort de Joua François (1866-1867)

enfant de Joua Jean François (1828-1894) et de Kerlou Marie Julienne (1832-1908)

 

19 U 5/54

n° 37

 

GENDARMERIE IMPERIALE

 

Aujourd'hui vingt-neuf mars mil huit cent soixante-sept à deux heures du soir.

Nous soussignés Pelleter Alain et Sennet Auguste Prosper gendarmes à cheval à la résidence de Quimperlé, département du Finistère, revêtu de notre uniforme, et conformément aux ordres de nos chefs.

 

Rapportons que hier 28 courant, ayant été requis verbalement par M. le procureur impérial de Quimperlé à l'effet de prendre des renseignements sur les causes de la mort d'un enfant François Joua, âgé de 13 mois, fils de François Joua et de Marie Julienne Kerlou, journaliers, demeurant à Mentoul en la commune de Moëlan (Finistère), lequel suivant le rapport verbal de M. le maire de cette commune et la rumeur publique, avait été victime des violences exercées sur sa personne par son père susnommés, violences qui auraient occasionné la mort qui a eu lieu le 28 courant vers une heure du matin. Nous nous sommes rendus immédiatement sur les lieux, et ayant examiné le cadavre de cet enfant qui était enseveli sur banc-coffre dans le domicile des époux Joua, nous avons remarqué que le côté gauche de son corps, le sein du même côté ainsi que le dos n'étaient que plaies ; la peau était enlevée, et la chair était rougeâtre. De plus, deux petites taches bleuâtres sur les deux joues, formant chacune un rond de cinq à six centimètres. Interrogeant d'abord Marie Julienne Kerlou sur la provenance des plaies qui se trouvaient sur le cadavre de son enfant, elle nous a déclaré qu'il avait été en nourrice jusqu'à l'âge de 8 mois et était toujours faible ; à cette époque, elle l'avait sevré et mis en pension chez sa belle-soeur Marie Jeanne Joua, cultivatrice à la lande de Kerguipe en la même commune, cela, parce qu'elle payait moins cher, et pouvait encore aller en journée comme couturière afin de gagner quelqu'argent pour payer son loyer puisque son mari dépensait tout le sien dans les cabarets ; mais ayant su que son enfant était malade chez sa belle-soeur et n'était pas bien soigné par elle, son mari et elle sont allés il y a quinze jours environ le prendre et l'ont porté chez eux où ils avaient remarqué que l'enfant portait sur les joues les deux taches sus signalées, que Jeanne Joua leur disait avoir été faites par un coq qui avait monté sur sa figure étant au lit ; enfin depuis cette époque son enfant est toujours resté malade, et samedi dernier elle s'était aperçu que des bouffées s'étaient levées sur ses lèvres, puis quelque jours après sur le dos, sur le sein gauche et sur le cou du même côté ; ces bouffées s'étant crevées, ont rendu une eau claire, la peau restait alors attachée au linge de mon enfant, ce qui fait que la chair est au vif. Cette femme nous a également déclaré que le 27 courant, veille de la mort de son enfant, elle avait été en journée emportant avec elle son enfant qui était toujours bien malade chez une Mme Elias Marianne, journalière à pont-vil en Moëlan, laquelle en avait eu soin pendant toute la journée, que vers 7 heures du soir, Joua son mari était venu au devant d'elle chez cette femme pour leur donner la main à porter leur enfant chez eux où ils sont arrivés vers neuf heures, se sont couchés ensuite après avoir soigné l'enfant, ils se sont levés et sont restés près de lui jusqu'à une heure du matin, heure à laquelle il avait rendu le dernier soupir.

 

Ayant interrogé plusieurs personnes dans le bourg de Moëlan qui est situé à très peu de distance de l'habitation des époux Joua à l'effet de connaître si quelqu'un aurait eu connaissance des violences que Joua père aurait pu exercé sur son enfant (fait signalé à M. le procureur impérial de Quimperlé); tous nous ont déclaré sans hésitation, qu'ils connaissaient Joua pour un ivrogne, ne vivant pas en bonne intelligence avec sa femme, mais qu'ils étaient persuadé que Joua aimait son enfant. Ces déclarations nous ont été confirmées par Marie Julienne sa femme, de même qu'une partie de la déclaration de cette dernière en ce qui concerne la journée du 27 chez Marianne Elias jusqu'à 7 heures du soir par Elias Marianne elle-même.

 

Ayant donné connaissance à M. notre lieutenant et à M. le procureur impérial de Quimperlé de l'état du cadavre et des renseignements que nous avions recueillis sur ce fait, M. le procureur impérial a fait venir avec nous sur les lieux aujourd'hui 29 M. Rijon, docteur médecin à Quimperlé. Lequel après avoir examiné attentivement le cadavre de cet enfant, nous a déclaré que toutes espèces de violence était complètement étrangère à la mort de cet enfant qui n'avait pas eu pendant sa maladie tous les soins nécessaires, ce qui lui avait occasionné une inflammation d'intestins, chose très fréquente chez les malheureux par suite d'une mauvaise nourriture.

 

En foi de quoi nous avons dressé le présent procès-verbal en double expédition, l'une destinée à M. le procureur impérial de Quimperlé, et l'autre à M. le commandant de la gendarmerie de l'arrondissement conformément à l'article 415 du décret du 1er mars 1854 et avons signé.

Fait et clos à Quimperlé, les jours, mois et an que dessus.

Sépatation

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