Histoire
Guerre 14-18
Guerre 14-18
Jean Couliou
1891->1931
Jean Emile Pierre Marie Couliou est né le 11 mars 1891 au village de Ty ar vern à Moëlan. Il est le quatrième enfant et le premier vivant de François et Marie-Julienne Capitaine, cultivateurs. Sur huit enfants, seule la moitié survivra à tous les dangers qui guettent la petite enfance des enfants nés à cette époque.
Il est inscrit maritime provisoire le 27 avril 1908 sous le n° 6346. Il sait lire et écrire. Il est versé aux inscrits définitifs du quartier de Lorient le 4 juillet 1910, n° 9744.
Jean Couliou choisit de faire son service militaire le 11 juillet 1910 par anticipation. La durée est de 3 ans. Sa fiche matricule (page 326) ne le signale pas mais il a dû s'engager à l'issue de ce service. Il se marie en juillet 1914 à Quimperlé avec Marie-Julienne Le Cadet.
Il participe à la grande guerre au sein du 1er régiment de fusiliers marins ainsi qu'embarqué, est titulaire d'une citation et décoré de la Croix de guerre.
Breveté électricien, Jean Couliou est chargé de tirer ou de réparer les lignes téléphones entre les P. C. et leurs divers satellites.
Il prend sa retraite le 1er décembre 1931. Il se retire à Bizerte, 5 rue de Savoie.
Certificat de bonne conduite : très bonne.
Jean Couliou rédigea un journal de bord quasi quotidien dans lequel il nous parle de sa vie sur le front, de sa mobilisation à son retour du front au sein du 1er régiment de fusiliers marins. Il montre dans ce cahier un talent pour la rédaction de chansons doublé de celui d'illustrateur. Ce cahier comprend 90 chansons sur les thèmes de l'amour, des femmes, de la nostagie et de la nature.
Mouvements |
Grades |
11/07/1910 au 07/08/1910 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 07/08/1910 au 01/11/1910 : Brennus. 01/11/1910 au 15/06/1911 : Marceau. 15/06/1911 au 01/08/1911 : 5è dépôt des équipages de Toulon. 01/08/1911 au 16/01/1914 : Suffren. 16/01/1914 au 04/05/1914 : 5è dépôt (Hôpital St-Anne - Toulon) 04/05/1914 au 05/08/1914 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 05/08/1914 au 13/08/1914 : 2è dépôt des équipages de Brest. 13/08/1914 au 06/12/1915 : 1er régiment des fusiliers marins. 06/12/1915 au 22/03/1916 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 22/03/1916 au 31/05/1917 : Torpilleur Toulon. 31/05/1917 au 23/07/1917 : 5è dépôt des équipages de Toulon. 23/07/1917 au 10/11/1917 : Guichen. 10/11/1917 au 28/12/1917 : 5è dépôt des équipages de Toulon. 28/12/1917 au 01/10/1919 : Vergniaud. 01/10/1919 au 22/05/1920 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 22/05/1920 au 07/12/1920 : France. 07/12/1920 au 25/10/1921 : Patrie. 25/10/1921 au 03/05/1922 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 03/05/1922 au 26/05/1922 : Station T.S.F. de Basse Lande. 26/05/1922 au 12/06/1922 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 12/06/1922 au 01/02/1924 : Victor Hugo. 01/02/1924 au 13/04/1922 : 3è dépôt des équipages de Lorient. 13/04/1924 au 09/08/1924 : Ecole de navigation sous-marine. 09/08/1924 au 03/06/1925 : 6è escadrille de sous-marins. 03/06/1925 au 01/07/1925 : C.F.I. de Bizerte. 01/07/1925 au 01/12/1931 : Bataillon côte Bizerte. |
11/07/1910 : Matelot de 3è classe.
01/06/1911 : Matelot de 2è classe breveté torpilleur.
01/01/1914 : Matelot de 1è classe breveté électricien. 01/04/1914 : Quartier-maître électricien.
25/05/1915 : Croix de guerre - 11/07/1915 : Cadre de maistance. 19/12/1915 : Second-maître électricien.
30/04/1921 : Médaille militaire - 01/10/1921 : Maître électricien.
01/04/1925 : Premier-maître électricien. |
C.F.I. : Centre de Formation et d'Incorporation dans les pays d'Afrique du Nord.
Divers :
16/01/1914 au 02/05/1914 : Hôpital St-Anne - Toulon. Arthrite chronique du genou droit.
09/11/1925 : Bataillon de côte de Bizerte : étant occupé, en service commandé aux réparations des lignes téléphoniques du groupe nord, a fait une chute de bicyclette sur la route. A été atteint de plaies contuses très superficielles de la face s'accompagnant d'oedème et d'écchymoses du péri orbitaire.
Admis dans les mécaniciens sédentaires par décision ministérielle 1968/40 P.M.2 du 5 octobre 1926.
24 au 26 janvier 1930 : Infirmerie Baie Pacty : Courbature.
Guerre 14-18 :
A reçu la Croix de guerre avec étoile bronze.
Citation n° 301 à l'ordre de la brigade du 25 mai 1915 : "Accompagnait une des compagnies d'attaque des ouvrages W et ferme de l'Union. A procédé à l'installation immédiate des passerelles et à l'organisation défensives de ces ouvrages."
Médailles militaire pour compter du 30 avril 1921 (J.O. du 25 juin 1921)
Médaille de Syrie-Cilicie (loi du 18 juillet 1922).
Blessé à Nieuport (Belgique) du 12 au 15 juin 1915. Brûlure de la main droite par éclat de bombe.
Campagne du guerre 1914-1915-1916-1917-1918
Août 1914
4 - Rejoins le dépôt de Lorient.
5 - Détachement sur Brest.
6 - Arrivé. Au dépôt jusqu'au 13.
13 - Départ pour Paris avec le 2è bataillon de marche des fusiliers marins.
14 - Arrivé à Paris. Reste au Grand-Palais jusqu'au 2 septembre.
Fusiliers marins renforçant le service d'ordre dans les rues de Paris
Septembre 1914
2 - 13h30 direction St-Denis, Pierrefitte (halte). Avons dormi dans une chapelle à Ecouen.
3 - Départ à 07h30. Préparé un barrage sur la route à Villers-le-bel. Rien de nouveau dans la journée. Le soir, retour à la chapelle à Ecouen (nuit très froide). Heureusement qu'il y a beaucoup de paille dans la chapiteau d'Ecouen. Halte à Pierrefite.
5 - Samedi départ pour le barrage de Pierrefite.
6 - Dimanche. Mon escouade (5e) est de garde. Un détachement du 3ème dragon est arrivé venant de combattre à Bapaume. Vu André Jouan.
8 - Mardi. Départ du barrage de Pierrefitte pour Saint-Prit. Campé dans une maison genre séminaire près du grand bois de Saint-Prit. Très beau temps.
10 - Jeudi. Départ de St-Prit pour le Bourget. Campé toute la journée au milieu d'un champ. Délivrance de l'as de carreau qui jusqu'à là nous faisait défaut. Avons rencontré quelques zouaves qui qui nous ont expliqué les combats auxquels ils avaient participés. Le soir avons fait route sur Saint-Denis. Couché à la Légion d'honneur.
11 - Vendredi. départ à 07h30 su soir pour Creil. Avons passé par Pontoise. Avons embarqué dans le train blindé dans cette ville.
12 - Arrivé à Creil à 4 heures du soir. Plusieurs maisons sont brûlées. La gare est complètement dévastée. Logé à la gare.
13 - Dimanche. Avons été prendre des chalands pour faire un pont sur l'Oise à environ 100 mètres au dessus de celui détruit par les Français pendant leur retraite. Avons fait environ la moitié sous le commandement de M. Bouhornet. Permissionnaire le soir.
15 - Mardi. Départ de Creil pour St-Denis. Retour à la Légion d'honneur.
16 - Mercredi à Montmagny.
18 - Vendredi. Départ de Montmagny pour Creil en train blindé. En reconnaissance jusqu'à Saint-Just en chaussée. N'avons fait aucune mauvaise rencontre. Revenu à Creil dormir à la gare.
19 - Samedi. Départ pour Montdidier. Quelques kilomètres avant d'arriver, avons aperçu du train une patrouille allemande à cheval composée de 10 ou 11 cavaliers. Arrivé à Montdidier à 10 heures. Une section de la 6ème a poursuivi la patrouille qui a disparu au loin. Le soir mon escouade forme un petit poste au nord-ouest de la ville. La population civile nous a prévenu que les environs étaient infestés de cavaliers allemands. Dans un bois qui se trouve à environ 3 km de là, on nous signale la présence de 5 à 600 cavaliers. Nous on est 250 sans compter la cie de génie qui d'ailleurs s'en va dans la nuit. La nuit a été très calme.
20 - Dimanche. Avons remarqué plusieurs patrouilles aux alentours de la ville la section Robic à leur poursuite. A 14 heures embarquons dans le train blindé pour faire une reconnaissance jusqu'à Roye. Mais nous n'avons pas eu l'honneur d'aller si loin. Quelques centaines de mètres avant d'arriver à la petite gare Laboissière-Fécamp, a environ 6 ou 800 mètres de la voie ferrée, à la lisière d'un bois, nous avons aperçu des cavaliers qui ont l'air d'être boches. On se l'ait d'ailleurs pas demandé longtemps car les voilà qui prennent formation. Déjà la colonne commence à galoper vers le train. Ils ne sont plus qu'à quelques centaines de mètres et voilà qu'un commandement vient du capitaine de cie "ouvrez le feu". Toutes les têtes et tous les fusils invisibles jusque là par les bâches qu'il y a au dessus des wagons, se montrent à la fois et à la grande stupéfaction des cavaliers font feu. Les cavaliers s'arrêtent net. Une seconde de réflexion et font demi-tour pour se perdre dans le bois. Malgré cela une douzaine de chevaux restent étendus sur le terrain. Mais bientôt double surprise pour nous, nous voyons un groupe de chevaux attelés et on nous fait cesser le feu. C'est une pièce de canon qui vient de se mettre en batterie. Les chevaux s'en vont et la pièce commence à tirer aussitôt. Nous recommençons le feu sur la pièce. Le pointeur ne doit pas être à son aise car son tir est mal dirigé. Malgré cela un obus tombe dans un wagon et fait 4 ou 5 victimes. Avons pu regagner Saint-Just le soir où nous avons couché. Quelques jours après retour à Laboissière-Fécamp. Les Boches sont partis. Il commence à faire froid dans le train blindé. Avons regagné Creil. On nous donne des capotes. Le reste du mois nous l'avons passé à l'école de Pierrefitte. Exercice en campagne tous les jours, permissionnaire le soir.
Octobre 1914
4 - Dimanche. La 1/2 section de garde à Vaucelle près d'Argenteuil dans une poudrière.
7 - On nous fait embarqué, d'abord pour aller à Dunkerque et ensuite à Gand - Belgique.
8 - Débarqué à Gand au matin. Caserné à la caserne Léopold.
9 - Nous avons fait quelques kms sur la route d'Anvers jusqu'à Destelbergen. Logés dans une école.
10 - Formons un avant poste du côté de l'Escaut. La journée se passe bien. La nuit, alerte. Venu à Destelbergen. Passé la nuit dans la rue en compagnie des anglais. Rien de nouveau dans la nuit.
11 - Toute à la journée à l'école. On nous signale plusieurs patrouille aux environs. Anvers tombe.
11 - Alerte générale. Avons regagné Gand vers 9 h ou 10 heures soir. Avons traversé la ville. Acclamé par la population. Avons marché toute la nuit à côté des anglais et quelques détachements belges. Vers 10 heures du matin on fait halte pour manger. Personne n'a d'appétit après la marche forcée. On doit se remettre en route à 13 h mais à 11h 1/2 on nous prévient qu'il est temps de déguerpir. Les Allemands nous poursuivent à une faible distance. Arrivé à 17 heures à Thielt.
12 - Avons préparé le café au matin avant de repartir. Un avion boche nous survole à une faible hauteur. Feux de mitrailleuses et de fusils. L'avion tombe. Remis en marche toute la journée. Faisons route sur Thourout. Sommes arrivés à 18 heures. La pluie tombe à verse. Couchés dans une ferme des environs. Pendant la nuit on fait tuer un cochon. Les cuisiniers travaillent à le faire cuire pendant une partie de la nuit.
13 - Matin départ. Faisons route sur Essen. Halte pour manger dans un champ au dessus de Dixmude. Dans l'après-midi nous ? des tranchées aux alentours d'Essen. Le soir une escouade en renfort de la section Robic qui se trouve au point le plus avancé. Mon escouade est chargée de garder la ferme de gauche. Attaqué par une auto-mitrailleuse allemande. Avons tiré dessus. Une balle de mitrailleuse atteint le canon de mon fusil qui a été emporté. Au courant de la nuit nous avons eu connaissance de plusieurs patrouille ennemie. Le matin, deux cavaliers en reconnaissance viennent jusqu'à environ 200 mètres de notre ligne. Un des deux a été abattu. Le cavalier ainsi que son cheval étaient criblés de balles. Une patrouille est allée prendre l'équipement. Vers 9 heures, ordre est donné de quitter les tranchées pour nous replier sur Dixmude. "La retraite est terminée" à Dixmude. Avons vite fait de mettre la ville en état de défense. Vers 15h30, alors que l'on fait la distribution des vivres (biscuits d'Anvers et conserves). Les Allemands commencent le bombardement de la ville. Nous allons immédiatement dans les tranchées. La fusillade commence à la tombée de la nuit et dure toute la nuit. Au matin, on est remplacé par le 2ème régiment. Nous allons nous reposer dans une ferme distante de 2 km de Dixmude à côté de la gare Caiskerke. Là on se repose.
14 - Le jour suivant, comme on ne voit plus d'Allemands, nous allons en reconnaissance sur la route d'Essen. Rien de nouveau, n'avons rien rencontré de particulier. Une pleine voiture de lapin brûlent sur la route et une autre pleine de fûts de bière. Sans doute que le tout était empoisonné. Revenu dormir à la même ferme.
19 - Sommes en réserve dans la ville de Dixmude. Le 2ème régiment prend l'offensive sur la route de Beers. Nos canons tirent trop court. Assez sérieuses pertes. Le soir nous sommes allés en renfort. Les Allemands s'en vont. Nous faisons des tranchées aux alentours de Beers. N'avons pas occupé ces trachées. Avons repassé par Dixmude, où déjà quelques marins se disposent à dormir sur la place de l'église. Sommes venus dormir à l'église Saint-Jacques et les fermes environnantes. Il pleut avant d'y arriver.
20 - Au matin on se remit en marche. La brigade en une seule colonne pour faire croire aux Allemands sans doute que c'est le renfort qui arrive. Dans la journée nous sommes aux environs de la ville de Dixmude. Les Boches envoient des scrapnells.
21 - Dans les tranchées sur la route de Beers côté gauche de la route. Le côté droit est tenu par les Belges. L'ennemi nous bombarde toute la journée. Plusieurs blessés. La nuit, attaque allemande. Avons abandonné les tranchées mais en avons repris possession presqu'aussitôt. La moitié de la compagnie manque à l'appel. Un chef de secteur leur a fait regagner Dixmude. Quelques blessés seulement. Ce matin, nous sommes remplacé et on nous envoie en réserve à Caeskerke. Avons travaillé toute la journée a enterrer les chevaux du convoi tués par le bombardement ainsi qu'un conducteur. Une voiture est en miette. Voiture ravitaillement 5e Cie.
23 - Au matin, 5 heures, retour dans les tranchées de la route de Berrs. Après avoir passé toute la nuit sur pieds.
24 - Relevés dans ces tranchées. Arrivé à 6h30 à Caeskerke. Gouter au repos bien gagné. Tous nous sommes exténués de fatigue, on n'en peut plus. A peine le temps de faire le jus et le boire et encore quelques uns ne l'ont pas bu. Alerte. Les Boches ont culbuté les Belges. A 5 heures 30 en route. Avons préparé quelques tranchées. A 2 heures, les Belges flanchent une 2ème fois. Nous sommes aux 1ères loges. Quelques détachements prennent contact avec l'ennemi. De notre côté nous avons des pertes assez sérieuses, un 1er maître tué (Jégo), le capitaine Pinguet est blessé peu après. On rassemble cent qui restent des compagnies et on nous fait regagner les bords de l'Yser. De minuit à 3 heures du matin, reconnaissance du côté de l'usine à pétrole sur la route qui longe l'Yser. Plusieurs morts sur la route et des blessés. Avons rencontré une sentinelle boche qui a tiré un coup de fusil. Avons fait demi-tour.
25 - Dimanche. Dans les tranchées sur les bords de l'Yser. Toute la journée très beau temps mais la nuit pluie.
26 - Reformé la compagnie à Caeskerke où une partie de nous se trouve depuis la veille tandis que noues avons suivis le gros de toute les cies après l'attaque du 24. Revenu le soir occuper les mêmes tranchées que nous avons quittés le matin.
29 - Vendredi. Avons été pendant la nuit faire des tranchées pour les chasseurs à pieds qui nous sont arrivés en renfort et à notre gauche. Nota : une douzaine de poules et quelques lapins abandonnés dans une ferme à côté nous a récompensé.
30 - Samedi. Calme général.
Novembre 1914
1 - Dimanche, la toussaint. Les Boches se sont aperçus. Bombardement très intense de nos tranchées. Un homme de mon escouade est blessé alors que l'on mangeait nos poules de la veille, à la porte de notre gourbi. Tir trop long de quelques 20 mètres, ce qui fait que malgré cette canonnade nous n'avons pas beaucoup de pertes. Quelques temps avant la nuit on nous signale une forte colonne allemande venant du nord se dirigeant vers Dixmude. Sans doute la colonne d'attaque parce qu'à 20 heures 30 une assez forte attaque s'est déclenchée. Elle a été repoussée sans obtenir aucun résultat.
2 - Lundi, vers 7 heures du matin, le bombardement recommence. Très intense encore. Aucun de nos canons ne fait signe. Il faut croire que nous n'en n'avons guère ou qu'il n'y a pas de munitions. Après midi, accalmie.
3 - Le secteur de notre compagnie est assez calme. Les Allemands attaquent au cimetière de Dixmude. Nombreux morts des deux côtés et toujours notre artillerie reste muette (mystère)
4 - Calme d'un bord et de l'autre à part quelques salves d'artillerie.
5 - Jeudi. Bombardement de nos tranchées par des grosses pièces. Heureusement que le tir est un peu long. La 7ème compagnie a le plus souffert. A 9 heures alerte générale. Il n'y a pas eu d'attaque.
7 - Samedi. Brume à couper au couteau. Comme les jours précédents. Matin assez calme. Après-midi les Allemands nous envoient les salves réglementaires. Nos canons commencent à se faire voir. Quelques uns envoient des obus sur l'usine à pétrole avec des grosses pièces (120). Nuit calme.
8 et 9 - Relativement calme.
10 - Mardi - Forte canonnade des deux côtés mais plus intense du côté ennemi. A 13 heures, la première attaque allemande est déclenchée. Nos tranchées complètement bouleversées par l'artillerie. Il nous est impossible de résister mais nous avons cependant fait subir de grosses pertes à l'ennemi. après un combat assez violent, ils s'emparent de Dixmude. Le 3ème bataillon du 1er régiment est presque cerné mais la nuit il réussit à se dégager par le côté de l'Yser. Tout un bataillon de Sénégalais est prisonnier. De notre côté, nous avons de grosses pertes. La 12ème compagnie ne comprend plus qu'une quarantaine d'hommes. A 8 heures, on nous envoie en réserve près de la gare de Caeskerke de crainte que l'ennemi réussisse à franchir le pont de Dixmude. Bombardement de nos tranchées pendant une partie de la nuit.
11 - La journée à l'air à être plus calme et on rejoint nos anciennes tranchées sur les bords de l'Yser.
13 - Vendredi. Bombardement assez intense de la ferme qui se trouve à cent mètres à notre gauche. Pertes assez minimes. Les jours suivants forte canonnade. Tous les jours on parle que l'on doit nous relever mais rien n'arrive.
16 - Bombardement comme à l'habitude. A la tombée de la nuit nous voyons tout de même les heureux qui doivent nous relever, c'est le 94 territorial (après 36 jours de tranchées). Le soir même du 16, avons campé à Hoogstaëde. Couché dans une ferme près de la ville.
18 - Revue de l'amiral et d'un général. Remise de plusieurs décorations.
Revue des fusiliers marins. L'amiral Ronarc'h salue le drapeau (Photo Ville de Dunkerque)
21 - Changé de compagnie. Avons reformé la 12ème cie qui n'existait plus depuis le 10 novembre. Avons cantonné dans une ferme près d'Hoogstaëde. Temps horriblement froid.
22 - A 5 heures du matin, départ pour la France. Après une terrible marche forcée toute la journée, nous arrivons à Saint-Pol s/mer à la nuit. Cantonné dans une école de filles.
23 - Restons à Saint-Pol. On est partout bien reçu par la population. Mais déjà le bruit court que l'on doit repartir le lendemain. Après-midi, inspection du matériel sur la place. On prend les noms de ceux qui sont capables de faire encore une journée de marche.
24 - On nous fait partie de Saint-Pol en auto, après seulement 36 heures de séjour dans cette ville. Nous arrivons à Loo au milieu de la journée. Sommes cantonnés à l'église. Vie assez réglée, exercice tous les jours jusqu'au 30 (Payement).
Décembre 1914
Dans les premiers jours de décembre, on nous fait regagner une ferme des environs de Loo parce que les Allemands commencent à bombarder les églises. Dans cette ferme, on nous met dans un grenier où il faut être acrobate pour pouvoir y monter. Nous dormons au dessus des vaches. Tous les jours nous faisons des exercices plus ou moins du côté d'Ypres. Deux compagnies du bataillon sont parties aux tranchées. Les deux autres restent en réserve dans une ferme qui dorénavant sera notre cantonnement chaque fois que l'on revient des tranchées. Le lendemain on nous fait faire des fagots dans un bois et la nuit les envoyer au moulin de Pipegall par des chemins de traverses où parfois l'on avait de l'eau jusqu'au genoux.
Nous nous rendons enfin dans les tranchées. Nous suivons des chemins impraticables à travers champs. Enfin nous arrivons. La tranchées est pleine d'eau. C'est une ancienne tranchée allemande enlevée par les ? et les zouaves quelques jours auparavant. Les morts sont encore sur le terrain ou dans l'eau. Au fond de la tranchée les Boches morts servent de pavés. Au devant de la tranchée, les morts jonchent le sol. Pas de perte en 24 heures. Tout est calme.
8 - On nous fait venir en 2ème ligne. Les gourbis sont plein d'eau.
9 et 10. Au cantonnement. Ferme Maçon.
13 - Nous sommes allés aux tranchées de Steentraete sur le bord de l'Yser. Les tranchées sont bonnes mais les routes impraticables. Après 4 jours de tranchées, nous sommes relevés.
17 - Attaque française. Le 1er bataillon attaque devant nous près Bischoote. Ils s'emparent d'une tranchée et plusieurs mitrailleuses. Le soir les cuirassiers nous relèvent. Rentrons au cantonnement jusqu'au 20 octobre.
20 - Dans les tranchées de l'autre côté du canal. Tranchées basses et pleines d'eau. Temps très froid. J'ai fait une patrouille au devant des lignes suivi par le Capitaine. Fourni un petit poste devant les mitrailleuses. Le jour suivant nous ne pouvons pas lever la tête dans les tranchées tellement elles sont basses. Bombardement et fusillade.
Fusiliers marins dans les tranchées
22 - Au matin, nous devons attaquer mais nos membres sont engourdis. Plusieurs ont les pieds gelés. C'est le 2ème bataillon qui devait nous remplacer dans les tranchées qui attaque après une préparation d'artillerie d'environ 20 minutes ou une demie-heure. La 5ème cie et 7ème cie sortent devant nous et bientôt reviennent en désordre. Près de la moitié manque tant tués que prisonniers. Sommes remplacés le soir. Retour au cantonnement.
24 - On nous fait changer de ferme de manière à nous rapprocher de la ligne car pour la Noël on craint une attaque. Vers minuit nos canons commencent le tir mais rien d'anormal ne s'est passé (Promu second-maître).
25 - Le commandant du régiment me fait demander. Je suis aller à ses ordres pour les lignes téléphoniques. Le soir aux tranchées ma compagnie reste en réserve à environ 300 mètres de la 1ère ligne mais nous fournissons des petits postes derrière les cuirassiers qui sont à notre gauche.
26 - Le main, le colonel me fait demandé pour installer un téléphone entre 1ère ligne et le P. C. du bataillon. Avons réussi après avoir essuyé plusieurs salves de fusils car il fait jour et nous sommes encore dans la plaine. Pas de blessé. Toute la journée les Allemands bombardent nos tranchées avec des obus de tous calibres. Avons quelques blessés. Les tranchées et les boyaux sont pleins d'eau. Le jour suivant plus calme à cause du mauvais temps. Toute la nuit vent, grêle, pluie, un temps terrible. On se blottit l'un contre l'autre pour veiller car il ne faut pas songer à dormir. quelques uns pleurent (des poules mouillées). Le soir on nous relève. Regagnons notre cantonnement qui est toujours la ferme Maçon. Quelques jours de repos et nous quittons définitivement ce secteur d'eau et de boue. Revenons à Hoogstaede- ?. Cantonné dans une ferme au carrefour Hoogstaede-Hinde et nous recommençons l'exercice du fusil mais on préfère cela plutôt que de retourner de là où l'on vient. Mauvais temps tous les jours. Tout est cher mais nous pouvons nous procurer tout de même un peu de vin pour oublier les jours qui venaient de s'écouler.
Janvier 1915
6 - La gazette court que nous devons venir à Dunkerque au repos. Tout le monde s'interroge et personne n'en sait rien mais on est joyeux tout de même.
7 - Au matin, les autobus nous attendent et nous voilà encore une fois à St-Pol s/mer. La population est toujours la même. Elle nous accueille en riant. Ma compagnie est à Mardyck et ma section se trouve dans un estaminet (la Boulonnaise) où l'on est très bien. C'est dommage que tous les jours il faut aller à l'exercice deux fois par jour. Nous réussissons à rester là 15 jours et un matin.
22- Nous reprenons les autos pour Coxyde Bain cette fois. Je crois qu'il faudra laisser ses os en Belgique. après 48 heures passées dans les villas sur le bord de la mer nous allons dans les tranchées entre Hombartzide et la grande dune.
28 - Les tirailleurs attaquent après une préparation d'artillerie très intense. Les tirailleurs font pas mal de prisonniers et gagnent quelques bouts de tranchées. Nous sommes en renfort. A la tombée de la nuit, un commandant des tirailleurs est tué. Toute la nuit nous restons en réserve. Au matin nous remplaçons les tirailleurs dans les tranchées au bord de la mer. Les Allemands bombardent toujours. Quelques morts et blessés seulement dans la Cie. Après la relève on nous dit que dans quelques jours nous irons à Nieuport ville parce que maintenant nous venons de faire Nieuport Bain.
Pour la première tournée de tranchée, je reste avec 4 hommes à Nieuport pour m'occuper des vivres. La ville est déjà en partie détruite. Le premier matin nous avons plus de pertes dans la ville dans les Cies de réserve que dans les compagnies qui sont en ligne. Un poste de commandement Belge est complètement détruit par un obus tuant officiers et soldat qui s'y trouvaient (rue du marché). Faisons alternativement 48 heures en ligne et 48 heures à Oosdunkerque.
Février 1915
6 - Soir. L'amiral visite le front de St-Georges. Sur ce front, nous n'avons pas de tranchée continue. Rien que des petits postes par là et tous dans l'eau. Les coupures qui sont dans la route et qui servent d'abris sont pleins de fumiers. On ne peut pas s'y fourrer dedans.
7 - Bombardement de Nieuport.
10 - On forme une section de pionniers par bataillon. J'en fais parti avec chef de section M. Devisse, officier des équipages, le maître Le Vay, le SM charpentier Léran et moi comme SM électricien. Là le service se fait par relève 4 jours en lignes lesquels sont occupés à faire des tranchées solides et des gourbis convenables et nous passons 4 jours au camp Gallimard. Sur la ligne, je suis spécialement chargé des lignes téléphoniques. Aucune ne fonctionne comme il faut. On passe toutes les nuits à les réparer mais le fil est très mauvais. Il faut toutes les changer. Jusqu'au mois de mars rien de particulier à signaler à part quelques bombardements de Nieuport particulièrement l'église et la tour carrée.
Fusiliers marins dans les tranchées
19 et 20 - Étant au repos à Gallimard, le colonel Delage m'a fait appelé pour mettre un câble sous marin de Nieuport à St-Georges en passant par l'Yser canalisé. Mais après avoir eu la corvée de défaire le tout, on s'aperçoit que la câble est trop mauvais. L'isolement est cassé de partout. On ne fait pas le travail.
Jusqu'au 15 avril, le service ne change pas. 4 jours sur la ligne et 4 jours au repos à Gallimard.
Avril 1915
15 au 19 - Dans les tranchées. Fort bombardement de St-Georges. Le 18, le SM Léran est blessé à la tête par plusieurs éclats d'obus sans gravité. A côté, l'officier mitrailleur a eu le bras arraché et le QM mitrailleur Marcellin a été tué.
20 au 26 - Toutes les nuits, bombardement assez intense de St-Georges.
26 - Match de football entre le 4ème zouave et marins. Les marins ont l'avantage. Boxe, sport divers. Je viens de recevoir une dépêche. Tout va bien. Vendredi, appris la perte du Léon Gambetta. Beau-frère perdu sans doute. (NDLR Joseph Marie Le Corre, né le 31/05/1874 à Moelan, décédé le 27/04/1915)
Second-Maître Victor Marie Léran
Mai 1915
Mai aux tranchées. En tournée avec M. Devisse. Les Allemands commencent à bombarder la route de Nieuwendam. Comme nous arrivons là, le maître Bihan, 11ème cie, qui nous suit à une petite distance, a été blessé au bras.
Bombardement de Dunkerque
2 - Dimanche. Forte canonnade dans tout le secteur occupé par nous. Les marins remplacent les Belges à la Briquetterie. Visite le secteur avec M. Devisse.
3 - Avons plusieurs blessés à l'éclusette. Réinstallation des lignes téléphoniques coupées par le bombardement.
4 - Mardi. Journée assez calme des deux côtés. Les nouvelles pièces de 95 qui viennent d'arriver dans notre secteur tirent pour la première fois sur le pont de l'union en face de St-Georges.
8 - Samedi. Avec 20 hommes de corvées, je suis allé sur la route de Bruges pour avancer notre ligne de 70 à 80 mètres. Une section de la 9ème compagnie se trouve devant nous. J'ai fait deux coupures dans la route à une distance de 9 à 10 mètres et relier ensemble par un boyau. Jumelle. Nuit relativement calme et cependant les Allemands devaient nous entendre mais ils n'ont pas tiré un coup de fusil.
9 - Dimanche. A partir de 3 heures du matin, les Allemands commencent un bombardement terrible autant sur Nieuport que sur les tranchées. Les mitrailleuses se font entendre de temps en temps. Sans nul doute c'est une préparation d'attaque de la part des allemands. Vers 1 heure 12 et 2 heures les allemands sortent enfin. Malgré les pertes subies par nous dans les tranchées, nous réussissons à nous maintenir partout. Les zouaves qui font jonction avec le 2ème régiment perd un bout de tranchées qui d'ailleurs à été repris le soir. Le soir, nous attaquons à notre tour. Moi je suis désigné avec 20 hommes pour mettre des passerelles pour faciliter le passage des ruisseaux dont quelques uns atteignent 5 et 6 mètres de largeur. La 5ème compagnie est chargée d'attaque sur ce point. Nous avons pour objectif la ferme W. Nous réussirons sans trop de mal sur ce point. A notre droite la partie a été un peu plus chaude pour prendre la ferme de l'union. A W nous avons fait 9 prisonniers. Tous ceux qui occupaient le poste à ce moment. Toute la nuit je reste avec mes 20 hommes que j'ai fait munir d'outils. Retourner la tranchée de la route et en faire une autre dans la plaine avec les débris qui restent des maisons de la ferme. La nuit n'a pas été trop mouvementée. Quelques coups de fusils. J'ai quitté avec ma corvée à 3 heures. Les pionniers des 2 groupes n'ont aucune perte. Rentrons au jour à Nieuport.
10 - Lundi. Contre attaque des Boches sur les fermes l'union et W. N'avons rien perdu du terrain mais beaucoup de marins sont hors de combat. Les capitaine et lieutenant de la 5ème Cie sont blessés.
11 - Ma compagnie vient au repos. Mais ça continue à donner du côté de ces fermes.
Les effectifs des compagnies en lignes sont à la moitié. Tous les officiers sont morts ou blessés. Un seul officier marinier de la 6è compagnie reste sans avoir été touché.
13 - Pluie toute la journée. Dans les tranchées le soir à 5 heures. Bombardement de Saint Georges toute la nuit. Plusieurs morts et blessés. Je passe toute la nuit dehors avec les électriciens. Par suite de pluie rien ne fonctionne plus. YN - YS. Deux nouveaux téléphones à mettre à poste. 1 route de Bruges et le 2ème à Colza.
14 - Beaucoup plus calme.
15 - Samedi. Vérification téléphone éclusette appel à changer Yser sud. Rentre à Nieuport au matin.
16 - Dimanche. Beau temps et calme sur la ligne.
17 - Temps pluvieux. Relevé le soir. Regagnons le repos.
18 - Avons profité Léran et moi à faire un tour jusqu'à Coryde.
Le 18 au matin, reçu du renfort et l'après-midi avons été nous faire photographier à Coryde en groupe. M Devisse, Le Try, ? Léran et Couliou.
Alerte pour tout le monde sur tout le front. Cause inconnue.
20 - Jeudi. Le temps est au beau mais les allemands ne cessent d'envoyer de leurs marmites sur Nieuport. Avons effectué des travaux au camp le soir aux tranchées. Ces quatre jours n'ont guère été mouvementés, tout s'est bien passé mais pendant ce temps Toulfoen a passé le 25 et 26.
26 - Mon frère Emile m'apprend qu'il est rentré à l'hôpital temporaire d'Amiens. Avons regagné la ferme Laberr le soir repos.
27 - Le matin je reçois l'ordre de me rendre à Nieuport pour préparer un câble sous-marin pour traverser l'Yser en dessous des ponts et relier le sous secteur nord au P. C.. Toute la nuit au travail.
28 - Le jour nous avons passé un câble bien isolé dans un égout. Joli travail. A partir du bout de la rue st-Jacques jusqu'à la petite vanne qui donne sur l'Yser Port de Nieuport. On m'a donné ma feuille de citation à l'ordre de la brigade pour les affaires de W.
30 - Dimanche. Au repos à la ferme Laberr. C'est une grande ferme située à 2 kms à peine de Nieuport. Habité encore malgré quelques bombardements où elle a très peu souffert d'ailleurs. On dort dans l'écurie avec les cheveux de la ferme.
Mon chef de section est à Nieuport pour les barrages des canaux de Planhendoel et de Fumes.
31 - Le soir je le rejoins avec les hommes. J'ai fait une tournée aux tranchées de la Briquetterie.
Juin 1915
1 - Mardi. J'ai commencé un câble s/marin pour la ligne du pont de Pierres (2e régiment à Briquetterie). J'ai de bonnes nouvelles de la maison et mon frère Emile est évacué de Amiens à Morlaix.
2 - Continuation des mêmes travaux. Calme sur le front de Nieuport. Relevé le soir par la 2ème section. Regagnons le camp Gallimard où nous passons 4 jours.
6 - Dimanche aux tranchées. Fusillade toute la nuit.
7 - Lundi. Continuation des travaux pour la journée. La nuit même fusillade que la veille. Les téléphones commercent à bien fonctionner. Tout est à peu près en état et les lignes ne traînent plus comme quand nous avons pris le secteur.
8 - Le mardi au matin. Réveillé de bonne heure pour faire une partie de chasse avant de se mettre au travail. J'ai tué un canard sauvage au dépôt de briques. Le PM Lafouillade a eu 2 lièvres et moi un. Le soir relevé par 2è section pionniers venons à Ribaillet.
9 - Repos. Promenade avec Léran au camp Gallimard après midi.
10 - Ordre nous arrive de rejoindre Nieuport pour essais de bombes. Répétition en vue de l'attaque. Les bombes fonctionnent bien. Retour au camp Ribaillet le soir 20h30. Pluie toute la nuit.
11 - Vendredi. Retour à nieuport. Le soir avons essayé de prendre un petit poste de Plasshendaël. Je suis blessé à 11 heures du soir en lançant des bombes incendiaires sur le poste ennemie. Les deux hommes qui sont avec moi continuent le travail. Botrel et Philippe qui sont des plus courageux de la section que j'ai choisi pour la circonstance. Pendant ce temps l'autre section de pionniers opère de côté de W. Ils ont également plusieurs blessés dont le s/m pionnier Chabanel. N'avons réussi à rien.
12 - Nous devons faire sauter les chevaux qui se trouvent au devant du dit petit poste. Mais ma blessure à la main m'empêche de faire comme il faut le travail. C'est le maître Vey qui a ? disposé les charges à ma place sous mes indications. J'y suis allé moi même pour y mettre le feu vers 1 heure 1/2. 20 minutes après tout sautait. Une section de la 4ème compagnie est alors sortie des tranchées, sous une fusillade de l'ennemi. Il y a eu plus de la moitié morts ou blessé. Les deux s/m sont blessés. Guiguen élect. et Mahé fusilier. Le premier a perdu son oeil. Le matelot Hurdequin est resté mort dans les fils de fer boches.
13 - Un autre groupe recommence sans plus de succès. Je suis exempt de service au camp Gallimard.
17 - Les Zouaves font une fête sportive leur camp qui se trouve près du nôtre. Avons reçu les photos Coxyde.
18 - Vendredi. Je reprends mon service pour aller aux tranchées, mais le commandant Delage ainsi que le docteur m'ont défendu de faire aucun travail manuel parce que ma main n'était pas encore guérie. Elle est complètement sans peau, surtout les deux premiers doigts et le pouce, ainsi que la paume de la main. En allant aux tranchées nous subissons un bombardement au Bois triangulaire. Un obus tombe à environ mètres de la section. 1 homme seulement blessé. La nuit est calme.
19 - Samedi. Vers 13 heures les Boches arrosent Nieuport d'obus de tout calibre. 1 tombe à un mètre de l'ouverture de notre cave. Les éclats ont rentré, personne n'est touché. Nous préparons un grappin avec un fil d'acier pour être lancé avec un canon de 37 mmm de manière à attirer vers nos tranchées les chevaux de frises ennemis. Dans l'après-midi nous l'essayons. Le grappin la première fois était trop court d'environ 1 mètre. La 2ème fois il a bien tombé mais l'ennemi s'y attendait sans doute. Aussitôt tombé il la fait dérapé dans un fersit. La nuit est assez calme. Quelques coups de fusils seulement. Samedi soir, avec une corvée, j'ai fait la canalisation souterraine de la Briquetterie et mis en place le cable sous-marin au pont de Pierre. J'ai reçu 200 m de fil conducteur pour lignes souterraines.
20 - Dimanche. Continuation. Même travail. Relevé le soir.
21 - Au camp Ribaillet. Nous avons fait une premenade jusqu'à Oosdunkerque. Le soir, a côté du camp, un artilleur cherche dispute au sm Léran.
23 et 24 - Repos. 24 au soir aux tranchées. Continue la ligne souterraine à la Briquetterie.
25 - Même travail pour la ligne Briquetterie poste du capitaine. Avons continué la sape commencée depuis quelques jours sous la route de Plassendaël.
26 - Samedi. Continuation des lignes souterraines à l'intérieur de la Briquetterie. Les sapeurs signalent des éboulement dans la sape, sans accident de personne. Bombardement de Nieuport tout l'après-midi.
27 - Dimanche. Rejoins le camp Gallimard. Pluie toute la matinée. On ne peut sortir, on s'ennuie. Heureusement que je viens d'avoir un colis, ça va mieux. Bombardement d'Oosdunkerque. 4 marins tués.
28 - Lundi. J'ai été à l'enterrement des 4 hommes tués la veille, enterrés à Coxyde.
30 - Paye. Le s/m Léran a été à Coxyde pour des tombes aux officiers tués quelques jours auparavant. A 4 heures, inspection du personnel et départ aux tranchées pour faire la relève. Continue à la Briquetterie.
Juillet 1915
1 - J'ai disposé un appareil d'écoute dans la sape. Malgré que l'on ne doit plus être bien loin de l'ennemi, nous n'entendons rien. La sape dépasse 18 mètres. Le soir, continuation canalisations souterraines Briquetterie toujours.
2 - Même travail.
3 - Relevé, nous allons au camp Ribaillet pour quatre jours.
4 - Nous voyons le bombardement de Nieuport avec au moins du 380. Ils bombardent les ponts. Le tir est bien réglé. Tout le poste de garde des ponts a été écrasé par un obus. Les maisons des alentours n'existent plus. Les débris qui restent sont employés le lendemain à combler les trous des obus.
5 - Heureuse nouvelle. On prend les noms des permissionnaires. Je dois être l'un des premiers à partir n'ayant jamis été évacué.
6 - Temps très chaud. Avons fait la relève le soir. Continaution dans la sape. Avec les électriciens nous finissons la canalisation Briquetterie poste du capitaine. Commençons à Nieuwendamme. Tous ces derniers jours assez calme à part quelques coups de fusils et de temps en temps des torpilles sur les premières lignes.
7 et 8 - Mêmes travaux.
8 au 12 - Au camp Gallimard. Dimanche dans les dunes.
12 - Prise d'armes pour les pionniers. Remise de 11 croix de guerre. Le Vey chef de section, Léran et Couliou s/m, 1/2 section plus 8 hommes. Sommes très heureux. Avons fait l'arrosage dans l'après-midi à Coxyde avec quelques Porto. Malheureusement le soir il faut retourner aux tranchées. J'ai vérifié les téléphones de Saint-Georges. Tous fonctionnent bien.
13 - J'ai fait un tour ce soir à la Briquetterie et à Nieuwendamme. Les capitaines de compagnies n'ont pas d'hommes disponibles pour crueuser les fosses pour metre les canalisations téléphones.
14 - Dès le matin l'ennemi bombardent les tranchées. Partout il y a des morts et des blessés. Un de mes anciens est tué par une bombe à Plasshendaël (Maudicom).
15 - On parle toujours du départ en permission mais au juste on n'en sait rien. Anniversaire de mon mariage et je suis aux tranchées tandis que l'années dernière j'étais ?.
16 - Nous sommes venus au camp Ribaillet. Vent et pluie. Temps d'orage. Temps couvert. Enfin il n'y a pas moyen de sortir.
17 - Même temps. Les Boches bombardent Oosdunkerque.
18 - Dimanche. Meilleur temps. Une petite promenade dans la journée. A 3 heures on m'a remis ma permission et je ne peux partir que demain et ce soir je vais aux tranchées, surtout pas de casse. En arrivant on me donne une corvée de 20 hommes pour continuer le gourbi. Vache crevée. Les Boches nous envoient dans le courant de la nuit plus salves d'artillerie et toutes shrapnells. A chaque coup de canon je pense à ma permission qui est en poche mais la nuit se passe sans que personne soit blessé.
19 - Enfin nous voilà au 19. Les Boches bombardent Nieuport à mon départ. Heureusement que j'ai trouvé une auto pour m'amener à Oosdunkerque où les Boches bombardent encore. Décidément ils ne veulent pas nous laisser partir. A 19 heures rassemblement à Oosdunkerque. Nous allons prendre le train à Adinkerque où nous arrivons à minuit.
20 - 4 heures. Nous arrivons en gare de Dunkerque. Nous sommes pressés de voir le train démarré parce que presque tous les jours la gare est bombardée. D'ailleurs elle est en partie détruite. Le temps est couvert. Nous passons à Gravelines à 7 heures du matin. A Saint-Just en chaussée à 15 heures. A 18 heures nous sommes à Achères où nous faisons un léger repas. Repartons à 22 heures.
21 - Nous arrivons à Angers (gare régulatrice) à midi. Repartons à 14 heures 30 d'où j'arrive en gare de Quimperlé à 23 heures.
23 - A Moëlan. Voir mes parents avec Ridou.
24 - Samedi. Foire de Quimperlé avec ma femme.
25 - Dimanche, j'ai été à Tréméven voir ma soeur. Mon père est venu me voir.
28 - A Tréméven en famille.
29 - La soeur Françoise est venue nous voir.
30 - Vendredi. Foire à Quimperlé.
31 - A Moëlan en famille dire au revoir. Le départ s'approche.
Août 1915
1 - Dimanche. Nous sommes restés à la maison toute la journée : il fait bon être ici avec la femme.
2 - Retourné à Moëlan seul. Je suis plus triste que les jours précédents.
3 - Mardi. Voilà le jour fatal, il fallait qu'il arrive. Je prends le train de 8 heures 7. Au revoir Quimperlé ? adieu. Arrivé à Angers à 13h30. Promenade en ville. Départ à 20 heures.
4 - Mercredi. Arrivons à Calais vers minuit. Couchons dans les wagons. Repartons à 7h30.
5 - A Dunkerque à 10h30. Visitons Dunkerque. Repartons à 16h38 pour Adinkerque où nous arrivons à 18 heures. Prenons sacs et fusils à Coxyde et je rejoins ma compagnie à Nieuport où j'arrive à 10h30. Tout le monde est au travail, je reste au repos toute la nuit.
6 - Vendredi. Je reprends mes fonctions. Au matin, on m'apprends que mes anciens camarades, maître Le vey et SM Léran sont blessés et évacués. Je commence une canalisation sous-terraine du P. C. Nieuport pour aller du côté de l'église. Tour et V.C. Bombardement de Nieuport, côté de l'église.
7 - Relève. Repos au camp Ribaillet. J'ai fait une promenade avec mon nouveau chef de section maître Colin.
10 - Nous avons un très beau temps. Les avions français profitent pour faire des sorties. Reçues nouvelles Léran.
11 - Aux tranchées. Continuation des travaux à Nieuwendamme.
12 - Jeudi. Visite des boyaux pour la canalisation. Poste 10 Nieuwendamme et sous secteur sud. Défense Nieuport. Vache crevée. Je dois avoir tous les jours 2 sections des Cies de réserve à Nieuport pour creuser les boyaux qui passent de la rue longue - rue haute de l'église.
13 - Commencé à enterrer les fils.
Défense à tout église - Défense à Pont chemin de fer - Défense à tour halles - Défense à Vache crevée - Défense à tour Templier. Avons fait 1500 mètres. Le soir au repos à Gallimard. Moi je reste seul de la section à Nieuport pour les travaux en cours. Tous les jours une corvée pour creuser les boyaux de la place de l'église - boulevard du sud traverse le noord Waart et à travers champ jusqu'à la Vache crevée.
17 - Terminé cette installation. Essayé. Tout va bien. Bon fonctionnement partout. Pendant tout ce temps, à part quelques bombardement de Nieuport, c'est assez calme. Fusillade la nuit. Recommencé une autre ligne qui va du P. C. Nieuport à la Briquetterie. C'est toujours les compagnies qui fournissent les corvées. Maintenant je reste en permanence pour ces travaux.
23 - Lundi. Arrivé au magasin de planches.
24 - Mardi. Journée calme. Le soir et une partie de la nuit, bombardement de Saint-Georges et des routes de Nieuport à Saint-Georges.
25 - Mercredi. Mêmes travaux et même ligne. Les pionniers renforcent le barrage route de Saint-Georges. Duel d'artillerie. Le 10 ? forte fusillade toute la nuit. Les corvées sont obligées de se baiser souvent par rapport aux balles.
28 - Nous bombardons sérieusement les travaux ennemis. Par suite de la hausse des canaux de Furnes et du Moort-Waart, la berge qui sépare les deux canaux a cédé. Toutes mes lignes sous-marines qui traversent ces dits canaux sont cassées.
29 - Dimanche. Réparé ces lignes cassées.
30 - Jeudi. Bombardement des ponts Albert 1er et Elisabeth. La nuit plus calme.
31 - La ligne arrive à la Briquetterie. Creusons le soir la plaine. Nuit assez calme.
Septembre 1915
1 - Les Allemands bombardent Nieuport avec du 57 mm.
2 - Bombardement de Nieuport. Le soir avec le Gludie nous avons réussi à l'immerger non sans difficulté. Heureusement que la nuit est calme, mais le terrain est glissant. On tombe à chaque instant.
3 et 4 - Bombardement de la gare toute la journée. Ils cherchent une de nos batteries qui est par là.
5 - Dimanche. On forme la compagnie des pionniers en deux groupes.
6 - Lundi. Terminé les lignes Briquetterie - Vache crevée.
7 - Bombardement de Nieuport toute la journée. Relevé le soir.
8 - Mercredi. Repos.
9 - Jeudi. On entend une très forte canonnade du côté de Dixmude. De notre côté calme. En ligne le soir. Visite secteur Saint-Georges et ferme aux canards.
11 - Samedi. Les Allemands bombardent Nieuport et Ramscapelle avec une grande violence. Le matin, notre artillerie ne répond pas. L'après-midi, elle a l'air de se réveiller.
12 - Une des plus grande corvée. Je viens de mettre le câble sous-marin de Rood-port en place - 165 mètres de long. Il a fallu aller dans l'eau jusqu'au bas ventre. Heureusement que malgré la nuit le temps n'est pas trop froid. Fini vers une heure du matin. Mais toute les lignes de Nieuwendamme sont en parties détruites par le bombardement. Il faut les mettre en état avant de rentrer ce qui fait qu'étant tout mouillé il a fallu rester là jusqu'au matin.
12 - Dimanche. Journée relativement calme dans tout le secteur.
13 - Lundi. Bombardement des tranchées Briquetterie. Plusieurs morts et blessés. Vers la fin de la journée, les Allemands nous bombardent avec des torpilles. Relevé le soir. Rejoignons le camp Gallimard.
Fusiliers marins dans les tranchées
16 - Jeudi. Avons profité du beau temps pour nous rendre à La Panne dans l'après-midi.
18 - Samedi après-midi. 2 avions boches se dirigent vers Dunkerque et passent au dessus du camp.
19 - Dimanche soir. Remontons aux tranchées. Les Allemands ont bombardé toute la journée et continuent à bombarder Saint-Georges le soir (1 pionnier tué - Verdoy)
21 - Mardi. Les Allemands bombardent Nieuport principalement l'église. Moi je continue mes canalisations souterraines à la Vache crevée - Yser nord.
22 - Fusillade à Saint-Georges.
23 - Nous sommes allés très tard au travail par rapport à la pluie. Continuons à creuser mais ce n'est guère facile à cause du bombardement et de la fusillade. J'ai eu personne de blessé.
24 - Duel d'artillerie et bombardement des tranchées. Relève le soir.
25 - Samedi. L'escadre est venue du côté de Cotyde-Bains et bombarde la côte. Du front français nous parviennent de bonnes nouvelles surtout de Champagne et d'Artois.
27 - Lundi. Les Allemands bombardent Oosdunkerque. Vers 4 heures, de Champagne nous arrivent toujours de bonnes nouvelles.
29 - Mercredi. Remontons aux tranchées sous une pluie battante. Calme dans notre secteur. Même travaux que la tournée de tranchées précédente. Les bombardements des Boches continuent tous les jours plus ou moins intense. Ils s'acharnent surtout sur l'église de Nieuport.
Octobre 1915
5 au 9 - A l'arrière exercice tous les jours.
9 - Montons aux tranchées. Alerte partout, canonnade et fusillade sans discontinuer. A la nuit tout rentre dans le silence.
10 - Dimanche. Même canonnade et même fusillade que la veille. On croit à une attaque mais non rien.
12 - Mardi. Bombardement de Saint-Georges toute la soirée.
13 - Bombardement très intense de toute la ville de Nieuport. Plusieurs marins sont tués ou blessés "Faivre QM fourrier".
14 - Venons au camp. Passons les 4 jours de repos à l'exercice au fusil.
19 - Remontons aux tranchées. La fusillade habituelle existe mais nous sommes plus heureux que l'armée dernière à Dixmude.
20 - Le temps est beau mais un peu froid. Assez calme toute la journée.
21 - Au soir fusillade, un pionnier blessé à la tête (Capitaine).
22 - Je vais avec une corvée remplir des cages ? (image 137) près de l'église Saint-Georges. Moins de coup de fusils que la veille.
23 - Même corvée, même travail. 1 pionnier tué d'une balle à la tête (Bottrel). Le temps est très beau. Toute la nuit assez froid.
24 - Relevé. Anniversaire à l'usine à pétrole. Passons 4 jours au camp Gallimard à l'exercice ou au travail et il a plu en majeure partie du temps.
29 - Vendredi. Allons aux tranchées. Les boyaux sont dégoûtants. Nuit calme sur notre front. Je reste seul comme SM à la section. Quéré est à l'infirmerie.
30 - Samedi. Beau temps. Calme dans tout le secteur. Mais il faut aller se mouiller à roodeport. Dimanche. Quelques obus sur Nieuport. Temps sombre. Avec une corvée j'ai envoyé une grosse caisse en tôle, par l'Yser, au poste n° 3. Avarie est. Avons eu beaucoup de mal à la retirer de l'eau pour la mettre sur la route. Nuit très calme.
Novembre 1915
1 - Vers midi, les Allemands commencent l'arrosage de Nieuport. Notre capitaine de compagnie est blessé (M. Devisse) avec 2 matelots charpentiers Legendre et Stéphan. Le capitaine de compagnie a le pied gauche arraché, la jambe gauche brisée au dessus du genou et la jambe droite cassée. Vers 2 heures 1/2 les Allemands font une préparation d'artillerie et tir de barrage. Notre artillerie répond fermement. Les Allemands font un simulacre d'attaque mais ne sortent pas de leur tranchée. Nous avons quelques blessés. Très mauvais temps le soir. Pluie. Nuit plus calme.
2 - Mardi. La pluie continue toute la journée.
4 - Relevé. Regagnons Gallimard pour 4 jours, exercice et travaux au camp. Il nous arrive un détachement de Lorient, comme renfort, dont un cousin J.M. Capitaine.
5 - Lundi. Départ pour les tranchées. Par suite de la pluie des jours précédents, aucun téléphone ne fonctionne plus. Passons la nuit dehors.
6 - Le lendemain, on parle sérieusement de dissoudre la brigade de fusiliers marins. (Ce ne serait pas trop tôt). Les autos-canons sont venues faire une démonstration sur la route de Saint-Georges mais n'ont pas été long à fuir. Les Allemands continuent à bombarder, la ou les autos s'étaient placées. Pluie au commencement de la nuit. Bombardement de Nieuport. Beau temps clair. Les compagnies sont en alerte à Nieuport. On s'attend à une attaque qui ne se déclenche pas. A partir du petit jour les Allemands commencent le bombardement de Nieuport, particulièrement les alentours de la gare et l'église, ce qui a duré environ 2 ou 3 heures.
11 - A la nuit, les Cies sont en alerte comme la veille mais encore rien.
12 - Avec une corvée, j'ai été envoyé un chaland sur le bord de l'Yser mais nous n'avons pas pu le mettre à l'eau à cause du tir au canon dirigé sur nous car l'ennemi a vu la corvée. Bombardement des ponts et de la ville pendant une bonne partie de la nuit.
14 au 18 : Au camp Gallimard. Quelques promenades à Coxyde ville et Bains.
18 - Nous reprenons les tranchées. Visite de secteur. Maison crénelée et Yser nord poste 10. Nuit très calme. Temps froid. Gelée.
19 - Les Boches recommencent le bombardement des tranchées de Nieuwendamme. Toutes les lignes téléphoniques sont cassées de ce côté.
20 - Bombardement intensif des environs de la gare de Nieuport. Notre artillerie ne répond pas. Le soir beaucoup plus calme avec une corvée à Nieuwendamme. Bombardement de Saint-Georges de 22 à 23 heures.
21 - Journée calme sur notre front. La nuit je l'ai passé dans un doris entre les fermes Groot nord et Roode-port. Réparation des téléphones. Avons réussi à rien faire à cause de l'eau et de la glace.
22 - Avons repassé une autre ligne. Bon fonctionnement. Nuit calme.
23 - Relevé au soir. Passé 4 jours aux Dunes à Gallimard. Temps assez froid.
26 - Neige la nuit.
27 - Les Allemands bombardent nos tranchées. Enfin la nouvelle est confirmée, la brigade sera dissoute. Aujourd'hui, il part un bataillon du 2ème régiment.
28 - A partir de ce matin, six ou sept avions boches sont dans nos lignes vers La Panne. On nous a dit plus tard qu'ils ont bombardé La Panne et le convoi du bataillon parti la veille. Il y eut plusieurs victimes. La gare d'Adinkerque a également été bombardé. Partons faire notre dernière tournée de tranchée ce soir.
29 - Calme sur tout le front.
30 - Bombardement de la gare de Nieuport. Départ du 3ème bataillon du 1er régiment.
Décembre 1915
1 - Bombardement de Nieuport, toujours les environs de la gare.
2 - Au matin, quitté Nieuport pour venir au camp Gallimard. Enfin il y a l'espoir de revoir la France.
3 - C'est notre tour de partir. Personne ne dort au camp. A 6 heures départ du pays des Belges. A Coxyde, nous avons défilé devant le drapeau au son de la musique et continuons notre route jusqu'à Adinkerque où nous prenons le train à 11 heures. Arrivé à Paris à 3 heures. Nous sommes logés à la caserne la Pépinière. Sommes allés voir jouer Cyrano de Bergerac, à la porte Saint-Martin.
5 - Décorations le matin. Permissionnaires à 10 heures. J'ai été visité le jardin d'acclimatation à Neuilly puis les invalides.
Remise de décorations par l'amiral Ronarc'h
6 - 14 heures, départ pour Lorient où je suis arrivé le 7. Enfin !
9 - J'obtiens une permission de 6 jours à passer à la maison.
16 - Rentré au dépôt. Là au début presque pas de service et tous les jours je prenais le train pour Quimperlé pour revenir le lendemain matin 8 heures. Resté au dépôt jusqu'au 22 mars date à laquelle j'ai rejoint les Torpilleurs de Toulon comme vaguemestre. Passé 14 mois à ce poste où ma femme est venue me rejoindre pendant un an jusqu'au 8 mai 1917.
Mai 1917
8 - Permission de 14 jours pour conduire ma famille à la maison où j'ai eu beau temps pendant ma permission.
27 - Retourné à Toulon. Rejoint Port Toulon.
30 - Débarqué et j'ai rejoint 5ème dépôt où je suis présent seul.
Juin 1917
21 - J'attends.
Liste des marins cités par Jean Couliou :
- Bihan Joseph Louis - Maître fusilier -
. (à confirmer)
Citation : "Très belle conduite depuis le commencement de la campagne. Sous-officier de premier ordre".
- Bottrel Auguste Jean Marie, né le 23 juin 1894 à Plougoulm (Finistère), Apprenti Marin, tué le 23 octobre 1915 à Saint-Georges (Belgique).
- Devisse Emile Georges. - Officier de 4e classe des équipages de la flotte .
Citation : "A toujours montré les plus belles qualités et donné au feu l'exemple du courage et du sang-froid".
Il rédigea un mémoire de son séjour entre le 23 octobre 1914 et le 1 novembre 1915, date où il fut blessé.
- Faivre Maurice Alphonse Jean, né le 24 janvier 1889 à La Goulette, Tunisie, Quartier-Maître Fourrier, tué le 13 octobre 1915 à Nieuport.
- Hurdequin Joseph Marcel, né le 31 juillet 1889 à St-Agnan (Nièvre), Matelot, décédé le 13 juin 1915 à Nieuport.
- Jégo Eugène Marie, né le 5 août 1869 à Port-Louis (Morbihan), Premier Maître , décédé le 26 octobre 1914 à l'Hopital de Rosendaël des suites des blessures reçues à Dixmude le 24 octobre.
- Léran Victor Marie, né le 12 octobre 1882 à Ambrugeat (Corrèze), Second-maître charpentier
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Citation : "Présent depuis le début de la campagne, zélé et courageux, quoique blessé est resté pour diriger son équipe de pionniers chargée de la confection d'un réseau de fil de fer à proximité de l'ennemi".
- Pinguet Jean, né le 21 février 1880 à Saint-Etienne, Lieutenant de vaisseau.
Citation : "Blessé à la tête de sa compagnie en l'entraînant à l'assaut".
- Ridou Julien, né le 16/04/1886 à Moëlan. .
Citation : "A la brigade depuis le début. Excellent gradé qui a conduit son secouade de façon remarquable".
- Stéphan Albert Marie, né le 22 juillet 1881 à l'Île Molène (Finistère), Second Maître Fusilier, décédé le 1er novembre 1914 à l'Hôpital de Rosendaël des suites des blessures reçues.
- Verdoy Joseph David Céline, né le 27 octobre 1893 à Gravelines (Nord), Matelot sans spécialité, tué le 20 septembre 1915 à Nieuport.