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Moëlan - Archéologie
Dolmen de Kerségalou
Ce dolmen est à 3 kilomètres du bourg de Moëlan, du côté de l'occident : on le désigne aussi par le nom du village auprès duquel il se trouve, et dont le nom dérive de ségal, seigle, qui fait ségalou au pluriel ; il signifie par conséquent village de la contrée des seigles. Un beau menhir accompagne ce monument auquel il me fallut faire deux visites pour en prendre deux vues et en dresser le plan : ce fut les 15 et 16 octobre.
Moins considérable que celui qui précède, il n'en appartient pas moins à la classe des Longs-Dolmens, se composant de quatre grandes tables qui forment un corridor long de 30 pieds, sur 5 pieds 8 pouces de largeur ; il est aligné d'orient en occident.
Ses tables ont une forme ovale, ou même oblongue, et vont en diminuant de grandeur de l'avant en arrière. La première, à l'est, est longue de 9 pieds et demi et large de 8 et demi : comme elle n'a que 8 pouces d'épaisseur par son extrémité sud, tandis qu'elle en a 3 à l'opposée, c'est-à-dire à celle au nord, cette inégalité de poids a déterminé, de ce dernier côté, l'affaiblissement de son support vers l'intérieur ; d'où il résulte que la table ne s'y trouve plus qu'à 3 pieds au-dessus du sol. Mais elle s'élève à 5 pieds par celle au midi, le support de cet autre côté ayant conservé sa position primitive : c'est le plus haut de tous ceux du dolmen.
Cette première table est d'une forme assez régulièrement ovoïde quant à sa circonscription, ayant son bout un peu rétréci du côté du midi : elle est très plane en dessous et doit l'épaississement de sa partie supérieure à un gros mamelon arrondi qui s'élève obliquement de plus en plus vers sa partie septentrionale.
La deuxième table n'a que 4 pieds d'élévation par son côté sud, où elle se termine plus en pointe que la précédente : elle se termine bien horizontalement et s'exhausse en dessus longitudinalement, de manière à s'y trouver épaisse de 3 pieds. Sa longueur est de 10 pieds, sur 7 de largeur.
Au lieu d'avoir, comme celles qui précèdent, sa partie rétrécie du côté sud, la troisième table y devient au contraire plus large ; et si elle n'a que le tiers de l'épaisseur de celle dont nous venons de parler, elle l'emporte sur elle par sa longueur de 10 pieds et demi et sa largeur de 7 et demi : elle se trouve fort plane en dessus et en dessous. Sa forme est arrondie d'une manière très obtuse à ses deux extrémités, un peu en arc sur son bord oriental, et un peu rentrante au contraire par le côté opposé. C'est la principale du monument.
Nous ne pouvons mentionner qu'avec incertitude la quatrième table de celui-ci : elle est rompue, n'a que son extrémité méridionale de visible et paraît être moitié plus étroite que les autres : elle est du reste toute enterrée sous un amas de terre mêlée de pierrailles, que couvrent des buissons, en même temps que renversée obliquement de l'avant en arrière contre la pierre qui ferme le dolmen à son extrémité occidentale. Cette dernière est rompue en deux morceaux presque enfouis eux-mêmes en totalité, et qui ne paraissent que les restes de sa partie inférieure.
Les supports de ces tables sont au nombre de cinq du côté du midi. Il y en avait sept vraisemblablement au nord, mais, par l'effet de la mutilation du monument, le dernier placé contre la pierre de fond a disparu : peut-être est-il renversé sous l'amas de décombres qui couvrent même plus de la moitié de la table.
Leur ensemble nous offre des différences fort remarquables quant à leur longueur et leur largeur. On en voit même deux, au côté sud, qui auraient fait de belles tables par leur longueur de plus de 7 pieds et leur hauteur de 5 environ. Les deux autres principaux sont moitié plus étroits et terminés en pointe à leur sommet. Le dernier, contigu à la pierre de fond, a sans doute été mutilé, car il n'a plus que 2 pieds de hauteur.
Ceux aux côté nord ont, au contraire, une largeur assez uniforme qui est de 3 pieds, terme moyen, sur 3 pieds 7 pouces de hauteur : ils se resserrent en pointe dans leur partie supérieure.
On a construit vis-à-vis l'entrée de ce dolmen un parvis découvert, long de 4 pieds, composé de deux pierres de chaque côté, qui sont placés dans l'alignement des supports de ses tables. Ses deux pierres sont parallèles et ne laissent entre elles qu'un intervalle de 3 pieds : mais les secondes ou intérieures convergent l'une vers l'autre en s'infléchissant au S.-E. Il est à remarquer que cette espèce de petit corridor se trouve barré, au milieu de sa longueur, par une pierre transversale placée sur le côté et haute de 2 pieds, laquelle se trouve à l'origine de son resserrement. C'est encore le seul exemple que je connaisse où l'on rencontre cette clôture.
Il n'y a pas d'autres pierres dans le champ, si ce n'est le grand menhir suivant et qu'on a érigé près de ce dolmen, soit pour le signaler, soit pour l'accompagner : ce champ a reçu le nom de champ des Couricans ou Gourigans. On l'appelle aussi Park-ar-Minigou, c'est-à-dire le champ des petites pierres.
Menhir de Kerségalou
Ce beau monolithe est en granit rose, ainsi que le dolmen que nous venons de décrire, et dont il est seulement à six pas de distance au S.-E. Il est isolé, vertical, brut, haut de 14 pieds environ, large de six sur ses grandes faces, qui sont exposées au nord et au sud, et de 2 seulement sur les latérales, lesquelles se trouvent arrondies sur leurs angles : il est orienté de l'E. demi N.-E. à l'O. demi N.-O.
Sa face au N.-E. est la plus plate, celle au midi un peu convexe. Son sommet se resserre en une pointe peu aiguë qui confine à sa face orientale, et tandis que ce dernier côté descend ensuite presque verticalement, l'opposé, c'est-à-dire l'occidental, va au contraire en s'élargissant d'une manière arquée jusqu'à la partie moyenne du bloc, où se trouve sa principale largeur. Celui-ci y devient ensuite rentrant par l'effet d'une échancrure, au delà de laquelle il s'élargit derechef ; puis il va en se rétrécissant jusqu'à sa base, où il n'a plus que la moitié ou environ du diamètre de sa partie moyenne. Le champ où il se trouve porte le nom de Park-ar-Menhir et de Park-ar-Minigou, comme nous l'avons dit ci-dessus.
Ce menhir, au lieu de s'aligner exactement sur le dolmen, se dirige en dehors de celui-ci du côté du S.-O. ; comme il est dans un terrain qu'on cultive tous les ans, les sternates qui pouvaient être placées à sa base ont été sans doute enlevées et emportées au village voisin, pour servir à la construction de quelque bâtisse. Il se trouve, ainsi que le dolmen, dans sa partie occidentale d'un sol en plaine, très fertile, qui s'incline un peu vers le S.-O. Ces exemples d'un dolmen accompagné d'un grand menhir sont peu communs.
Coordonnées : N 47.7975 W 3.6598