Les Moëlanais
Histoire locale
Le petit train de Moëlan
La ligne de Quimperlé à Concarneau était une ligne ferroviaire française à voie métrique du réseau secondaire des Chemins de fer départementaux du Finistère. Elle reliait les gares d'échange de Quimperlé et de Concarneau, via la gare de Pont-Aven.
Elle est mise en service par tronçons de 1903 à 1909 et totalement fermée en 1936. Elle a aujourd'hui disparu et seuls subsistent des éléments de l'ancienne infrastructure, comme des bâtiments de gares et des ouvrages d'art.
Chronologie : - 23 août 1895 : le Conseil général vote par 32 voix contre 9, la construction de la ligne de Quimperlé à Pont-Aven. - 14 janvier 1899 : déclaration d'utilité publique. - 18 janvier 1899 : publication de la loi au Journal Officiel. - 25 août 1899 : le Conseil général approuve le nombre et l'emplacement des stations. - 30 juillet au 8 août 1899 : enquête parcellaire pour Moëlan (1ère partie). - 27 mai au 5 juin 1900 : enquête parcellaire pour Moëlan (2ème partie). - 9-10 août 1900 : jury d'expropriation Moëlan (1ère partie). [page 2] - 6-7 juin 1901 : jury d'expropriation Moëlan (2ème partie). - 3 mars 1903 : mise en service des 21 km de Quimperlé à Pont-Aven. - 8 mars 1903 : inauguration de la ligne. - 14 juin 1908 : mise en service des 17 km de Pont-Aven à Concarneau-Ville. - 1 décembre 1909 : mise en service du kilomètre de Concarneau-Ville à Concarneau PO. - 1936 : fermeture de la ligne. - 5 juin 1937 : vente des rails, de l'automotrice et des wagons. |
Dernier vestige Voie de chemin de fer près du manoir de Kertalg |
Horaire des trains de Quimperlé à Pont-Aven |
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ALLER |
Matin |
Soir |
Soir |
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Quimperlé - Départ | 09 h 00 |
01 h 00 |
06 h 35 |
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La Forêt | 09 h 12 |
01 h 12 |
06 h 47 |
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Moëlan | 09 h 24 |
01 h 24 |
06 h 59 |
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Riec-sur-Bélon | 09 h 43 |
01 h 43 |
07 h 18 |
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Pont-Aven - Arrivée | 09 h 55 |
01 h 55 |
07 h 30 |
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RETOUR |
Matin |
Matin |
Soir |
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Pont-Aven - Départ | 06 h 25 |
10 h 25 |
05 h 20 |
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Riec-sur-Bélon | 06 h 38 |
10 h 38 |
05 h 33 |
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Moëlan | 06 h 57 |
10 h 57 |
05 h 52 |
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La Forêt | 07 h 09 |
11 h 09 |
06 h 04 |
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Quimperlé - Arrivée | 07 h 20 |
11 h 20 |
06 h 15 |
Personnel affecté à la gare de Moëlan : (à compléter)
1903 - La voie. - M. Rannou (1879 à Elliant - 1955 à Quimperlé), chef d'équipe à Moëlan.
1903 - Mouvement et trafic. - Mme Rannou, fille Favennec (1855 à Moëlan - 1971 à Morlaix), receveuse à Moëlan.
1906 - Piqueur - M. Rannou Louis (1873 à Rosporden) et son épouse Marie Anne Quénéhervé (1879 à Rosporden), receveuse.
- <1911 : Danzé Emile Louis Marie (1862 à Audierne - 1930 à Moëlan)
1911 : Cabillic Jean Marie (1877 à Mahalon)
Tarifs de Quimperlé à : | |||
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1ère Classe |
2ème Classe |
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La Forêt |
0.45 fr. |
0.30 fr. |
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Moëlan | 0.70 fr. |
0.45 fr. |
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Riec | 1.25 fr. |
0.80 fr. |
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Pont-Aven | 1.60 fr. |
1.10 fr. |
Sources :
Annick Fleitour : Le petit train de Pont-Aven (de Quimperlé à Concarneau) - Edition Ressac - 1999
L'union Agricole et Maritime.
Articles de journaux :
17 décembre 1896 (Le Finistère)
Nos chemins de fer. - La ligne de Quimperlé à Pont-Aven.
La commission nommé par M. le préfet vient de se prononcer sur la question d'utilité publique de l'avant-projet du chemin de fer de Quimperlé à Pont-Aven. Voici ses conclusions :
La commission, considérant que la ligne à l'étude est mise en évidence d'une façon péremptoire par l'avant-projet des ingénieurs, les discussions portées au Conseil général du département du Finistère et la décision prise en sa faveur le 23 août 1895 par cette assemblée,
Emet à l'unanimité l'avis :
Qu'il y a lieu de déclarer d'utilité publique l'établissement d'une ligne de chemin de fer à voie étroite de Quimperlé à Pont-Aven passant par ou près de Moëlan et Riec.
21 janvier 1899 (Le journal des transports)
Le Journal Officiel du 18 janvier promulgue une loi d'utilité publique l'établissement, dans le département du Finistère, d'un chemin de fer d'intérêt local, à voie d'un mètre (1 m) de largueur entre les bords intérieurs des rails, de Quimperlé à Pont-Aven, par Moëlan et Riec.
Est approuvée la convention passée le 3 février 1898, entre le préfet du Finistère et la Compagnie des chemins de fer départementaux du Finistère pour la concession du chemin de fer sus-mentionné.
11 mars 1903 (L'Union Agricole et Maritime)
L'inauguration du Chemin de Fer de Quimperlé à Pont-Aven.
C'est par un temps superbe et inespéré, étant donné la température désagréable que nous subissions depuis près de quinze jours, qu'a eu lieu l'inauguration officielle du chemin de fer départemental de la ligne de Quimperlé à Pont-Aven, sous la présidence de M. Tavéra, sous-préfet de Quimperlé, remplaçant M. Collignon, préfet du Finistère, en ce moment à Paris.
Disons, tout d'abord, que cette belle fête a été un succès complet à tous les points de vue et a été réussie au-delà de toutes les prévisions. Les cartes mises par l'aimable directeur, M. Bariller, à la disposition du public avaient été rapidement enlevées, et beaucoup de personnes qui n'avaient pu s'en procurer ont cependant été autorisées à prendre place dans les différents trains de la journée.
Historique
Avant de passer à la cérémonie d'inauguration, disons quelques mots sur l'histoire de la nouvelle ligne mise au service du public depuis hier.
C'est dans la séance du 23 août 1895 que fut agitée pour la première fois la question du chemin de fer de Quimperlé à Pont-Aven devant le Conseil général du Finistère.
La commission des finances avait présenté des conclusions en faveur de la création d'une ligne de Quimperlé à Pont-Aven qui, lorsque la situation financière du département le permettrait, serait prolongée jusqu'à Concarneau.
M. Cosmao-Duménez avait combattu ces conclusions et demandé d'accorder la priorité à l'exécution d'une ligne de Pont-l'Abbé à Saint-Guénolé.
M. Caurent, rapporteur, insista, au nom de l'équité, pour l'exécution de la ligne combattue par M. Cosmao-Duménez.
M. de Kerjégu prit une part active à la discussion en faveur de la ligne de Quimperlé à Pont-Aven, puis M. de Brémond d'Ars prononça un éloquent discours où, après avoir exposé le profit que retirerait la ligne nouvelle de l'importance du port de Pont-Aven, de l'accroissement chaque jour plus grand que prend le commerce des huîtres de Bélon, - dont il fit un alléchant éloge, - il insista sur l'affluence chaque année plus considérable des voyageurs et touristes venant visiter cette charmante contrée.
Sur 41 votants, le Conseil général vota par 32 voix contre 9, la construction de la ligne de Quimperlé à Pont-Aven.
La question relative à cette ligne revint à toutes les sessions suivantes, jusqu'à ce qu'elle fut déclarée d'utilité publique le 14 janvier 1899 et le 18 du même mois fut promulguée au Journal Officiel, la loi ayant pour objet :
1° de déclarer d'utilité publique l'établissement dans le département du Finistère, d'un chemin de fer d'intérêt local, à voie d'un mètre de largeur entre les bords intérieurs des rails, de Quimperlé à Pont-Aven par Moëlan et Riec ; 2° d'approuver la convention intervenue, le 3 avril 1898, entre le département et la Cie des chemins de fer départementaux, ainsi que le cahier des charges annexé à cette convention.
L'enquête sur le nombre et l'emplacement des stations eut lieu dans les communes intéressées du 18 au 27 juin 1899. Ils ont été approuvés par le Conseil général dans sa séance du 25 août 1899.
L'enquête parcellaire pour les communes de Quimperlé et Moëlan (1ère partie) a eu lieu du 30 juillet au 8 août 1899. Celle des communes de Moëlan (2è partie), Riec-sur-Bélon et Pont-Aven, a eu lieu du 27 mai au 5 juin 1900.
Le jugement d'expropriation pour les communes de Quimperlé et Moëlan (1ère partie) a été rendu le 25 ocotbre 1899. Celui pour Moëlan (2è partie), Riec-sur-Bélon et Pont-Aven, a été rendu le 6 février 1901.
Le jury d'expropriation a eu lieu à Quimperlé pour : la 1ère section de Quimperlé à Moëlan, les 9-10 août 1900 ; la 2è section de Moëlan à Pont-Aven les 6-7 juin 1901.
Pour les travaux, l'exécution de la partie entre Quimperlé et Moëlan, a été adjugée le 15 juillet 1899 à MM. Caillot et Kerbiquet, entrepreneurs, moyennant le rabais de 9% ; la 2è partie entre Moëlan et Pont-Aven, a été adjugée le 28 avril 1900 à M. Le Rumeur, entrepreneur, moyennant un rabais de 18%.
La fourniture du ballast a été divisée en quatre lots et adjugée à M. Mazé de Brasparts, M. Bonduelle, de Concarneau, M. Bernard, de Quimper et M. Satre de Pont-Aven.
Les traverses ont été fournies par M. Arondel, de Jonzac (Ille-et-Vilaine) ; les rails, éclisses et changements de voie, par la Société de Longwy-Mont Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) ; les boulons et tire-fonds, par la Société d'Haumont (Nord) ; les plaques tournantes, par la maison Chappée, du Mans. La pose de la voie et du ballast a été effectuée par M. Raguet, de Brest, et la construction des bâtiments des stations, par M. Satre, de Pont-Aven.
La fourniture des trois locomotives a été faite par la maison veuve L. Carpet et L. Louvet, constructeurs à Paris ; celle des voitures à voyageurs et fourgons de bagages, par la Société de Blanc-Misseron (Nord) ; celle des wagons de marchandises, par les ateliers Decauville, aîné, à Petit-Bourg (Seine-et-Oise).
Les travaux de la ligne d'abord assez vivement poussés, subirent ensuite des retards imprévus et prolongés. On fut notamment arrêté par une tourbière que l'on rencontra après Riec-sur-Bélon, dans la plaine de Kerco. Là, un terrain spongieux, n'offrant aucune consistance, imposa des travaux considérables et dispendieux que l'on eut de très grandes difficultés à surmonter. Il fallut draîner le terrain sur près de 700 mètres afin de permettre à l'eau de s'écouler, en construisant un aqueduc, que l'on chargea ensuite de blocs de pierre pour faire un fond solide à la voie.
Mais cela n'alla pas sans déboires, et à tous moments cette terre savonneuse s'éboulait. On dût, pendant que l'on creusait, maintenir la terre le long de la voie avec un nombre incalculable de madriers. On réussit enfin, et la pose de la voie se continua ensuite sans encombre. Bientôt la locomotive retentit sur les bords de l'Aven et, le 28 février dernier, avait lieu, ainsi que nous l'avons dit, la réception de la ligne.
A la gare de Quimperlé
La gare de Quimperlé était gracieusement pavoisée et les locomotives du petit train étaient également décorées de feuillages et de trophées de drapeaux, ainsi que chaque wagon.
A 10 h. 22, le train spécial, organisé par la Cie d'Orléans, amène les autorités et invités venus de Quimper et des localités intermédiaires. Ils sont reçus par par MM. Travera, sous-préfet, de Kerjégu, député et président du Conseil général du Finistère, Richard, maire de Quimperlé, et Bariller, directeur des chemins de fer départementaux.
On se dirige ensuite vers le petit train dont la locomotive souffle bruyamment, toute prête à partir. Aussitôt après que les personnages officiels et les invités ont pris place, on laisse monter les personnes munies de cartes roses : c'est alors un envahissement et bientôt in n'y a plus un coin de libre. Dans l'intérieur des wagons, où l'on tient 18 personnes assises, il y en a plus de trente, et, sur les plate-formes on se serre le plus possible pour tenir cinq ou six. Les fourgons à bagages sont également archicombles et ce premier convoi emmène certainement près de deux cent cinquante personnes. [...]
En route
A 10 h. 40, M. Bariller donne le signal du départ. M. Joanne, chef de dépôt à Brest, qui a l'honneur de conduire le train officiel, met sa machine en marche aux applaudissements de l'immense foule qui a envahi le quai de la gare et qui déborde sur la voie de l'Orléans. Dans la cour de la gare, même foule compacte ; tous saluent le train officiel et poussent des vivats lorsqu'il s'ébranle. Le moment est vraiment solennel. Dans les champs et les bois, le long de la voie, quantités de personnes sont également massées et applaudissent le train au passage.
Nous ne referons pas la description du pays parcouru, l'ayant déjà faite dans notre numéro de mercredi dernier. [...]
A la Forêt, première halte du parcours, quelques personnes montent dans le train qui repars bientôt de sa rapide et régulière allure. A Moëlan, nouvel arrêt. Toute la population est là, réunie et M. Le Scoazec, maire, entouré de son Conseil municipal, et M. Orvoën, conseiller d'arrondissement, après avoir salué le sous-préfet, montent dans un wagon que l'on avait heureusement réservé pour les autorités et les invités pris en cours de route.
Nous voilà de nouveau partis ; sur tous les talus sont entassés des groupes de curieux qui nous saluent au passage. Chacun admire la superbe vallée du Guilly dont les gracieux méandres s'enfoncent au loin, et dont le vieux château, demeure de M. Joseph de Bremond d'Ars, est couvert de pavois. De l'autre côté de la voie, sous le soleil resplendissant, la rivière de Bélon apparaît magnifique. Mais on ne peut en contempler à son aise la beauté, car le train ne s'arrête pas et nous arrivons bientôt à Riec-sur-Bélon dont la décoration très belle de la gare fait le plus joli effet.
L'arrivée à Pont-Aven
Cette arrivée a été particulièrement grandiose. De chaque côté de la voie et sur les aspérités de la colline en face de la gare, de multiples grappes humaines se sont hissées. Tous applaudissent joyeusement. En arrivant sur le quai de la gare où une foule énorme stationne, l'excellente musique la Pont-Avenoise, si habilement dirigée par M. Gloanec, salue le train officiel de la Marseillaise. Une salve d'artillerie se fait également entendre, puis M. Satre, maire de Pont-Aven, entouré de son Conseil municipal, souhaie la bienvenue à MM. Tévéra, sous-préfet, à M. de Kerjégu, député et président du Conseil général et à toutes les autorités qui les accompagnent.
Le cortège se forme aussitôt, et, au son d'un entraînant pas redoublé, quitte la gare dont la splendide décoration fait honneur au goût de ceux qui l'ont entreprise. Le cortège officiel, suivi d'une foule immense, arrive bientôt sur la place où a lieu la dislocation, tandis que la musique joue de nouveau la Marseillaise.
Le Banquet
A midi, la cloche de l'hôtel Julia sonne le déjeuner, et chacun pénétre aussitôt dans la splendide annexe de l'hôtel où est servi le banquet.
La salle, fort belle par elle-même, est maginifiquement décorée, et les nombreuses tables offrent le plus appétissant aspect. On s'arrête devant la table officielle, pour contempler une merveilleuse pièce montée en nougat, représentant la gare de Pont-Aven et un train composé de la locomotive, d'un tender, de deux wagons de voyageurs, d'un fourgon et d'un wagon de marchandises chargé de fleurs. Sur les plate-formes des wagons de voyageurs se trouvent de charmantes voyageuses et le mécanicien surveille attentivement sa machine. Cette petite oeuvre d'art, qui fait l'admiration de tous, est le travail d'un pâtissier de Pont-Aven, M. Lhotellier, ancien chef de l'Hôtel Julia.
Chacun s'installe à la place qui lui est réservée et bientôt près de 210 convives font honneur à l'exquis menu que nous avons publié dans notre dernier numéro. L'excellente et mondiale réputation de la cuisine de Mlle Julia, a été, ne craignons pas de le dire, pour beaucoup dans le succès de l'inauguration du chemin de fer de Pont-Aven. Une fois de plus cette réputation a été consacrée. C'est le meilleur éloge qu'on puisse en faire.
Inutile de dire que ce banquet fut gai et cordial, il n'en va jamais autrement à Pont-Aven. Au champagne, la série des discours commence à la table officielle où se trouvent, avec les personnages que nous avons déjà cités, MM. de la Villemarqué, maire de Nizon et conseiller d'arrondissement, M. Tonal, maire de Névez. C'est M. Satre, maire de Pont-Aven, qui ouvre le feu.
Discours de MM. Satre, Tavéra, de Bremond d'Ars, de Kerjégu, et Bariller.
C'est fini. On se lève et chacun se promène dans la ville, le long du quai ou dans le bois d'Amour, tandis qu'une bonne partie du cortège officiel reprend le train de 2 h. 55, sous une légère averse.
15 avril 1903 (L'Union Agricole et Maritime)
Moëlan. - Jambe broyée. - Lundi, à 6 heures du soir, le train arrivait en gare de Moëlan, venant de Pont-Aven, quand un individu, François Dagorn, âgé de 51 ans, demeurant à Baye, voulut descendre avant l'arrêt complet du train. Mal lui en prit, sa jambe s'engagea sous la roue et il eut la jambe broyée.
Transporté à l'hospice civil de Quimperlé, M. le docteur Le Moaligou a procédé à l'amputation de la jambe broyée.
24 juillet 1903 (L'Union Agricole et Maritime)
Quimperlé. - Le train qui part à une heure de Quimperlé pour Pont-Aven s'est arrêté brusquement hier entre Riec et Moëlan, à l'endroit appelé Kerforn. Les voyageurs, intrigués de cet arrêt irrégulier descendirent du train et aperçurent une bonne femme couchée sur la voie. Heureusement que le mécanicien l'avait aperçue à temps et avait pu stopper son train en renversant la vapeur et en bloquant les freins. Cette femme âgée de 50 ans était en état d'ivresse. Les employés l'ont relevée et déposée sur le talus bordant la voie. C'est une nommée Charlotte Cutullic, habitant au Croissant de Kerléon.
18 octobre 1903 (L'Union Agricole et Maritime)
Quimperlé. - Accident de chemin de fer. - Ce matin, au moment où le train régulier n° 84, de Pont-Aven à Quimperlé, arrivait en gare de Moëlan, un accident qui aurait pu avoir des conséquences plus terribles est arrivé.
Une femme Melin, âgée de 47 ans, demeurant à la Petite-Salle, près du bourg de Moëlan, voulut monter dans un wagon avant l'arrêt complet du train ; sa main glissa sur la poignée et la malheureuse pirouetta sur elle-même et tomba la tête en avant entre les roues et la bordure du quai. Elle y fut "coincée" et son panier qui contenait du beurre et des oeufs roula sur la voie et fut écrasé par les roues.
Quand on retira la pauvre femme de sa fâcheuse situation, elle poussait des cris déchirants et avait la tête et le bras droit couverts de sang.
Les employés du train, aidés par MM. l'abbé Maréchal, de Moëlan, Lopin François, de Kergoaler en Moëlan, et Penven Paul, 19 ans, de Rosporden, la transportèrent dans un fourgon où les premiers soins lui ont été immédiatement donnés.
Dès l'arrivée du train à Quimperlé, M. Thomas, chef de gare, fit appeler le docteur Le Stunff, qui, après quelques soins sommaires, donna l'ordre de conduire la blessée à l'hospice.
Les soeurs de cet établissement procédèrent, dès son arrivée, à quelques pansements en attendant la venue du docteur Le Moaligou. La pauvre femme que ne nous avons pu voir se plaint de fortes douleurs. Elle a une fracture du poignet droit et de fortes contusions au bras et au pied ; le crâne est presque mis à nu et on y craint une fracture.
La fille de la blessée est à côté de son lit et lui tient compagnie.
20 octobre 1909 (L'Union Agricole et Maritime)
Le chemin de fer de Quimperlé à Concarneau. - Dans le numéro où nous avons publié l'horaire d'hiver des trains nous avons dit, - nous fiant au grand indicateur Chaix, - qu'il n'y avait pas de changement sur la ligne de Quimperlé à Pont-Aven.
Hélas ! nous avons été induit en erreur. Comme l'hiver dernier, le train partant de Pont-Aven sur Quimperlé à 2 heures, et celui partant de Quimperlé sur Pont-Aven à 4 heures, n'auront plus lieu que les jours de marché ou de foire de Quimperlé.
Nous voici donc dans la même situation : un voyageur qui veut aller de Quimperlé à Concarneau, est obligé de partir de Quimperlé à 9 h. 20, pour arriver à Concarneau à 11 h. 10. Il a juste le temps de déjeuner et de reparir aussitôt par le train de 12 h. 50, le seul train qui lui permette de rentrer à Quimperlé. Mais ne croyez pas qu'il va au moins pouvoir rentrer directement chez lui. Pas du tout, le train de 2 heures étant supprimé, le pauvre voyageur est condamné à rester de 1 h. 45 à 4 h. 56 à Pont-Aven pour n'arriver à Quimperlé qu'à 5 h. 48. Il est donc parti à 9 h. du matin et ne rentre qu'à 6 heures du soir pour avoir juse à passer 1 h. 1/2 à Concarneau, à l'heure du déjeuner.
Dans l'autre sens c'est encore pis : on mart de Concarneau à 9 h. 21 pour arriver à Quimperlé à 11 h. 10. Mais ici, on ne vous donne même pas le temps de déjeuner, car il faut repartir au galop par le train de midi, le train de 4 h. n'existant plus. Notre voyageur arrive à Pont-Aven à midi 55 et, dans l'impossibilité de rentrer immédiatement chez lui, il est contraint d'attendre à Pont-Aven jusque à 5 h. 5 du soir pour rentrer à Concarneau à 5 h. 52, et a donc perdu de 9 h. du matin à 6 h. du soir, neuf heures pour passer à Quimperlé 50 minutes.
On voit combien peu on facilite les déplacements et il en sera ainsi tant que de la ligne Quimperlé - Concarneau qui devrait être un tout, on s'acharnera à faire deux tronçons distincts de Pont-Aven à Quimperlé et de Pont-Aven à Concarneau. La tête de ligne ne doit pas être Pont-Aven, mais quimperlé d'une part, et Concarneau de l'autre, et les trains, tant qu'ils ne circuleront pas directement d'un bout à l'autre de la ligne ne donneront aucun résultat. Il est à remarquer que les deux trains que l'on vient de supprimer sont ceux qui rapportent le plus.
Dimanche, les délégués des vétérans venus de Concarneau à la fête du drapeau de Moëlan, ont été obligés de louer à Moëlan une voiture pour pouvoir prendre à Pont-Aven le train de 5 h. 5.
il serait bon que les municipalités desservies par cette ligne de Quimperlé à Concarneau, prennent à nouveau des délibérations énergiques pour obtenir d'être desservies d'une façon plus logique.
Il serait préférable de supprimer à Quimperlé le départ de midi et à Concarneau celui de midi 50, pour reporter dans l'une et l'autre de ces têtes de ligne, un train partant vers 4 heures qui permettrait, de prendre à Pont-Aven les trains qui en partent dans les deux sens vers 5 h., de cette façon on pourrait au moins avoir 4 heures à passer à Quimperlé ou à Concarneau ce qui donnerait satisfaction à tout le monde.
19 janvier 1919 (L'Union Agricole et Maritime)
Riec - Suicide. - Samedi vers 8 heures 1/2, en face du village de Kerforn, à 200 m du km 22-5 sur le sentier gauche bordant la voie, Félix Boulic, 25 ans, guettait l'arrivée du train. A l'arrivée de la locomotive, il se précipita dessous et fut entraîné. La machine stoppa aux cris des femmes Dronva et Cornou, ménagères à Land-Julienne, témoins de cet acte de désespoir. Mais le personnel du train ne recueillit que d'informes débris. Filias Boulic rapatrié d'Allemagne le 30 septembre 1916, comme grand blessé, fut interné à St-Athanase du 1er huin 1917 au 30 novembre 1918, pour démence précose et affaiblissement intellectuel. Il sortit de l'asile sur la demande de son malheureux père. Il était tranquille et travaillait un peu. Mais toujours pensif il se croyait en proie aux brutalités allemandes.
19 décembre 1925 (L'Union Agricole et Maritime)
Moëlan. - Un départemental. - Dimanche, 13, fut un jour néfaste pour les voyageurs de Paris, passant à Moëlan, vers 7 h. 30 ! Songez donc ! La locomotive ayant fait ses manoeuvres, dans cette gare, les employés négligèrent de raccrocher les wagons.
A la forêt, seulement, chauffeur et mécanicien constatèrent cet abandon. Ils firent machine en arrière pour réparer le mal. Mais lorsque le convoi entra en gare de Quimperlé, l'express de 8 h. 3, était parti...
30 janvier 1937 (Le Progrès du Finistère)
La mort du petit "tacot".
Depuis le 1er janvier, le petit train de la ligne de Quimperlé-Concarneau à vécu. L'herbe commence à pousser drue entre les rails et bientôt la voie entière va devenir le royaume des ronces et de la folle-avoine.
Pour mieux fixer dans notre mémoire le souvenir du petit "tacot", et de ses stridents coups de sifflets et de ses appels désespérés "Potred Molan, deuit da zikour, potred Molan, deuit da zikour", nous ne saurons mieux faire que de reproduire le si vivant et si vibrant article que lui consacra dans l'Union Agricole, le regretté Jacques Riou, dont nous avons la semaine dernière déploré la brusque disparition.
Ah ! on les décriera toujours ces bons, ces tranquilles, ces inoffensifs chemins de fer bretons ! Eh bien, franchement, j'estime que ce monsieur ON a tort, ON les a insultés, noircis - et quel noir de fumée ! - On les a traités d'engourdis, de trainards, d'enrhumés, de paresseux, de flancheurs, de phtisiques, d'asthmatiques, d'emphysémateux, de goutteux, de rhumatisants, d'espèce décrépile et poussive, d'épouvantails d'un autre siècle, de propres à rien ; que sais-je encore , ON les a conspués, honnis, maudits, eux qui, sans mot dire, ont continué, pacifiques, rustiques, mélancoliques, flegmatiques, économiques (!), sympathiques (?) leur petit train-train armoricain. Et sans rancune aucune ils ont continué à prendre quotidiennement comme par devant, les braves trains, dans toutes les stations, tous les ballots de toutes classes, sans distinction de qualité, de couleur ou de volume...
On aime peut-être l'auto ? Oh ! pas la misérable petite Peugeot délivrée au premier garage venu moyennant un acompte de trois billets. Une 5 CH ? Peuh ! Mais une auto véritable, longue, mince, basse de carapace, large de voie, profonde d'empattement, l'auto trépidente, vrombissante, hurlante, hallucinante ; l'auto vorace qui crache, fracasse, massacre : l'auto à faire pleurer d'amertume le Pont-l'Abbiste Coatalen.
On naquit sur un continent trop petit d'une planète minuscule. Il faudrait, pour satisfaire ses caprices et ses aspirations, raser les maisons, les bois, les montagnes, combler les vallées, combler les océans. Supprimés les virages et les montées ; supprimées les routes. Une route subsisterait, rayonnante, unique : le globe terrestre nivelé à l'équerre, compressé au cylindre et poli comme le crâne d'un académicien. Et alors, toujours plus vite ! Records quotidiens monstrueux. A mille à l'heure autour de l'axe terrestre. Le tour du monde ? Une bagatelle, un instantané. ON déjeune : hors-d'oeuvre à Paris, entrée à New-York, rôti à Hollywood, le dessert à Nagasaki, et, par la force centrifuge, le café dans les étoiles.
Jules Verne n'a rien vu, le Pierre Le Dreff de Dehors les Rouges est écrasé.
Cependant le règne de l'eidophone n'est pas encore arrivé, et monsieur ON mourra, sans avoir vu la réalisation de ces merveilleuses choses.
Dieu merci, nos arrières-petits-enfants entendront quotidiennement nos trains armoricains glousser au fond de nos vallées bretonnes leur paisible refrain : doug-doull, doug-doull, ou soupirer, en montant à la charge héroïque des monts d'Arez : J'en peux plus ! J'en peux plus !
Avez-vous parfois voyagé dans les trains armoricains, économiques ou départementaux ? Non ? Sincèrement, je vous plains. Vous ignorez une des grandes joies de vivre.
D'abord tous nos chefs de gare armoricains sont obligeants, complaisants, prévenants, charmants, immanquablement.
Leurs petites gares n'ont pas besoin de haut-parleurs pour corner dans la salle d'attente : Attention ! les voyageurs pour T, U, V, W, X, Y, Z, en voiture. Plus simplement, le chef de gare demande au dernier des derniers voyageurs :
Allo, lann barz
Et un coup de sifflet. Le train s'ébranle.
- Hep ! Hep !
C'est un retardataire.
Cependant (car le règlement est strict) le train prend de la vitesse : mais si doucement, si poliment, que le retardataire parvient à sauter en avant du wagon de tête, boutou koad hag all.
Et aïe donc !
- Touout ! touout ! [...]