Patrimoine
Les métiers d'autrefois
Maréchal-ferrant et forgeron
Béatrice Huber et Jacques Noel (janvier 2024)
Les métiers de maréchal-ferrant et de forgeron remontent à des temps très anciens.
Quelques fois ces métiers ne faisaient qu’un mais fondamentalement ils demandaient des techniques et savoir faire différents.
Le maréchal ferrant se concentre généralement sur le ferrage des chevaux (aussi bœufs et vaches).
De plus ils soignait bien souvent les bêtes de travail avant que le vétérinaire existe.
Le forgeron lui maîtrise toutes les techniques de la forge.
Le coeur de la forge est le foyer où le métal est mis à chauffer mais aussi l’enclume avec ses différents outils (marteau, pinces et instruments).
Dans les campagnes le forgeron fabriquait tous les outils pour les paysans, artisans et particuliers.
Dans les villages proches des ports, les forgerons créaient tout l’équipement nécessaires pour équiper les quais et les bateaux .
Ces personnes, pendant bien longtemps, ont compté parmi les plus importantes du village.
A Moelan et pour ce qui concerne notre histoire, un nombre important de ces métiers se retrouve quand nous parcourons les tables de recensements au cours des 200 dernières années.
Pour la famille Guyomar cela s’est passé sur 7 générations entre les années 1800 jusqu’en 1954 sur les communes de Clohars et Moëlan .
Nous commençons avec Joseph Guyomar (1751-1832), maréchal-ferrant à Clohars.
Son fils Pierre Joseph (1788-1860) n’est référencé que cultivateur à Clohars. Ensuite Joseph Marie (1808-1863), marié à Marie Lozachmeur (1814-1891), est cultivateur forgeron à Clohars. Puis Joseph Guyomar (1846-1917), marié à Marie Anne Le Tollec (1850-1876), est identifié comme meunier, forgeron et cultivateur à Clohars. Puis nous avons Julien François Joseph (1872) forgeron qui déménagera à Moëlan après son mariage en 1895 avec Marie Pilorgé (1872-1950) dont le père Yves Pilorgé (1845-1921) était lui-même forgeron et taillandier.
La génération suivante avec Guyomar Julien François Marie (1897-1950), marié en 1920, nous donne plus d’information grâce aux documents fournis par Béatrice Guyomar (épouse Huber).
Julien Guyomar, maréchal-ferrant à Poulvez (Témoignage de son fils, Julien Guyomar, octobre 2012)
Mon père était maréchal ferrant. Il est né en 1897 à Kerouze. Il a commencé à travailler à Saint-Nazaire, sur les bateaux, aux chantiers de Saint-Nazaire. Ensuite, vers 22 ans, il est revenu à Moëlan où il a épousé Elisa Le Tallec (1897-1978) de Penanster.
Elisa Le Tallec Jean Le Tallec, Joséphine Le Tallec, Elisa Le Tallec, ? ? Denise Fauglas, Joseph Guyomar |
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Il y a continué son travail de maréchal-ferrant, dans la maison en face de l'école de Kerouze, au début. Sa femme tenait un café-buvette et quand il y avait un mariage, c'était souvent Elisa qui faisait à manger. Il y avait souvent « pot au feu » ou « saucisses aux choux ». Le repas se servait dans un grand champ derrière l'école. On buvait du cidre et de l'eau de vie. Elle a fait le repas de mariage de Firmin Orvoën ; il y avait au moins 200 personnes. Son mari, Julien Guyomar, lui, travaillait à la forge. Il fabriquait des ancres, des socs de charrues, des ferrures de bateaux ainsi que les fers pour les chevaux des paysans des alentours. A l'époque, il y avait beaucoup de forgerons à Moëlan. Le père de Monique Ségalou, lui était charron, à Moëlan, il faisait les roues de charrettes, en bois. Après, mon père faisait les cerclages des roues. La plupart des ancres des bateaux du port de Brigneau étaient faites par mon père. Il s'est installé plus tard, vers 1928, à Poulvez. Ils ont construit la maison dans laquelle j'habite maintenant avec mon épouse.
Un jour, on l'a appelé dans la ferme de Kermoguer, où un cheval blessé souffrait. Mon père s'est approché du cheval et a reçu un coup de sabot extrêmement violent, dans le ventre. Il est resté trois jours dans le coma à la Clinique Saint Joseph où il est décédé dans d'atroces souffrances. Il avait 53 ans. Tout a alors changé dans la forge Guyomar. Mon frère, Joseph (1924-2010), a repris la forge mais il avait beaucoup moins de travail.
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Julien et Joseph Guyomar |
Peu à peu, les tracteurs ont remplacé les chevaux, il y avait de mois en moins de travail et à 30 ans il a quitté Moëlan pour aller travailler à Paris dans les usines.
Maréchal-ferrant était un travail difficile car toujours à la chaleur. Le foyer devait toujours fonctionner. Il fallait toujours tirer le soufflet pour alimenter le feu. Le feu était alimenté par le charbon et mon père était toujours noir. Il allait se laver tous les jours, par tous les temps, toutes les saisons, dans un lavoir du ruisseau qu'il avait lui-même aménagé dans son champ, en bas de sa maison. Il avalait beaucoup de poussière et il avait les poumons encrassés. A côté de la forge, il avait aménagé un système en bois massif, pour ferrer les chevaux récalcitrants. Les chevaux étaient poussés dans cet appareil, qui les immobilisait. Le maréchal-ferrant pouvait alors travailler sans crainte.
La maison de Poulvez avec l’appentis de la forge, année 70