Territoire
Bourg et villages
Les lieux-dits de Moëlan
Laurence Penven (juin 2023)
Les relations sociales
Tout aussi importantes que les relations familiales, les relations sociales régissent la vie des hameaux. Dans une microsociété d’une centaine d’habitants, nul n’ignore les évènements marquants ni même les détails quotidiens de la vie de tous. Et, dans l’adversité ou simplement lors des durs travaux de la vie rurale, chacun sait qu’il peut compter sur l’entr’aide du voisinage. S’ensuivront alors des moments festifs.
Et des fêtes, il y en avait ! Régates, moissons, ramassage du goémon, Saint-Jean... sans compter les banquets de classe au bourg ou parfois ailleurs qu’à Moëlan. Les occasions de réunions festives ne manquaient pas.
Le seul commerce où échanger les nouvelles est le débit de boisson de Beg ar lann, repaire des pêcheurs. Les femmes, à l’opposé du village, descendent aux lavoirs qui jalonnent le ruisseau, depuis la fontaine jusqu’à la grève de Poull gwenn. Pas de lavoir communal, chaque famille possédant son lavoir, survivance des douets à laver des temps anciens et restés dans l’indivision familiale. Il y a le « petit » lavoir, le « grand » lavoir, le lavoir d’Irène, celui d’Elisa, le lavoir où Berthe laissait sa caisse à laver... et aussi, à l’autre extrémité de Kermeurzac’h, celui d’Odette, à Stang ar Gall, où les enfants rivalisent dans l’art de la construction de barrages éphémères.
Toutefois, un projet de lavoir communal fut proposé entre 1950 et 1953 :
Lors des délibérations du conseil municipal du 26 mars 1950 M. Favennec fait connaître que le gros village de Kermeurzac’h ne dispose pas de lavoir et qu’il est indispensable d’en construire un ; d’après lui la dépense ne paraît pas devoir être importante, une cinquantaine de milliers de francs au maximum et il demande le vote d’un crédit à cet effet. Le CM décide de mettre un crédit de 50 000 francs à la disposition de M. Favennec.
Mais cette construction dut être contrariée, car lors de la réunion du 27 décembre 1953, Pierre Favennec formule à nouveau la demande de construction d’un lavoir municipal à Kermeurzac’h. Le conseil [décide alors] l’ouverture de souscriptions publiques et volontaires auprès des usagers éventuels de ces ouvrages. (Une demande était formulée en même temps pour un lavoir à Sainte-Thumette) Ces souscriptions n’eurent-elles pas le succès escompté ? Que s’est-il alors passé ? On ne se souvient pas actuellement de l’existence d’un lavoir communal.
Une chose est certaine : c’est bien à l’occasion des lessives que l’on se tient au courant de l’actualité, à laquelle on ne manque pas, entre deux énergiques coups de battoirs, d’apporter son commentaire personnel.
Et, même si la situation quelque peu isolée de Kermeurzac’h fait que l’on avait tendance à y vivre en autarcie, on n’oublie pas pour autant que l’on fait aussi partie de Moëlan et l’on sait s’y faire représenter.
1 - Vie politique :
Participer à la vie politique autrefois n’allait pas de soi. En effet, même si le mot citoyen apparaît dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789, encore fallait-il être « citoyen actif » pour avoir le droit de jouir des droits politiques attachés à la citoyenneté et pouvoir participer aux élections des représentants aux diverses instances communales, départementales ou nationales.
Et comment est-on « citoyen actif » ? En payant des impôts. Autant dire qu’à Kermeurzac’h tout le monde ne devait pas être « citoyen actif ».
Toutefois, on n’était pas en reste quand il s’agissait de participer à la vie de la commune et plusieurs s’y sont illustrés. Et il n’est jamais inutile d’y être représenté. A titre d’exemple, les délibérations du conseil municipal dans les années 1950, rendent compte d’interventions fréquentes de Vincent Orvoën et de Pierre Favennec à propos de Kermeurzac’h (lavoir, prolongement de la route jusqu’au quai rive gauche du port, amélioration des chemins, comité des fêtes...).
Période révolutionnaire :
Nicolas Favennec (1740-1805) :
Nicolas Favennec, de Kercanet, faisait partie de la composition du corps politique de la paroisse de Moëlan lors de l’élaboration des cahiers de doléances le 29 mars 1789. Deux ans plus tard, il est adjudicataire, avec Guillaume Le Doze de Kernon largoat, de deux tenues à Kermeurzac’h, lors de la vente de ces tenues en tant que biens nationaux.
XIXe siècle :
Descendance d’Alexis Albin Le Scoazec (1776-1849) :
Louis Antoine Le Scoazec (1833-1902) :
Maire de Moëlan de 1868-1870 puis 1882-1883, il est le petit-fils d’Albin Alexis Le Scoazec ; sa sœur, Marie-Renée, est co-propriétaire de la ferme de Kermeurzac’h-Kergantic avec sa cousine Françoise (1837-1881), mariée à Mathurin Eon.
Mathurin Eon (1828-1890) :
Cabaretier au bourg, marié à Françoise Le Scoazec, petite-fille d’Alexis-Albin, il est conseiller municipal dans l’équipe de Jean François Orvoën, en 1879.
François Pendelliou (1828-1901) :
Maire de Moëlan de 1871 à 1874, il est marié à Marie Anne Le Scoazec (1833-1912), sœur de Françoise, toutes deux donc petites-filles d’Alexis-Albin Le Scoazec, mais aussi, par leur mère, petites-filles de Julien Philippon.
XXe siècle :
Joseph Philippon (1876-1967)
Joseph Philippon est, en 1912, sur la liste de « concentration républicaine » qui se présente aux élections municipales, pour contrer celle du maire sortant, Frédéric Barbe. C’est toutefois ce dernier qui l’emportera à nouveau.
Pierre Le Bourhis (1891-1927) :
Conseiller dans la municipalité de Louis Le Goff, aux élections de 1925.
Vincent Orvoën (1897-1970) :
Conseiller municipal dans l’équipe d’Hyppolite Cornou, maire SFIO de 1944 à 1953, puis de Pierre Daniélou, maire de 1953 à 1959. En 1946, il fait partie, à titre de propriétaire bailleur non fermier, de la liste des personnes susceptibles d’être appelées à siéger dans les commissions paritaires de fermages, chargées du règlement des litiges en matière de baux à fermage. (CM de janvier 1946).
Il siège, en tant que délégué du conseil municipal, à la commission des statistiques agricoles. (CM 7 avril 1946)
Pierre Favennec (1898-1992) :
Dit Favennec couz, ou aussi Lagoubran, conseiller municipal également dans les équipes d’Hyppolite Cornou et de Pierre Daniélou. Il est aussi président de la coopérative des pêcheurs. Il défend fermement le projet d’amélioration de la voirie à Kermeurzac ‘h, tout particulièrement de l’accès au débarcadère.
En 1947, il fait partie de la commission municipale des travaux et de celle des ports. (CM du 30 novembre 1947)
Louise Talgarn (1908-1998) :
Conseillère municipale dans l’équipe de Louis Orvoën. Seule femme de la liste en 1959. De fort caractère, appréciée dans le voisinage pour son savoir-vivre, elle pouvait aussi se montrer autoritaire et se créer quelques inimitiés. On la voit ici aux côtés de Louis Orvoën lors d’une réunion du comité de bienfaisance, et lors d’un moment de détente dans le cadre du jumelage avec Lindenfels.
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De nos jours enfin, les citoyens de Kermeurzac’h continuent à s’impliquer dans la vie de la commune. En effet, depuis 2001, nous pouvons compter plusieurs conseillers municipaux - dont un adjoint au maire - dans les municipalités Haidon, Morvan et Grisel.
De plus, une députée européenne séjourne régulièrement à Beg ar lann.
Doit-on aussi à la politique le surnom coloré de la place de la dachen, dite place rouge ? Il faut sans doute en chercher l’explication du côté de son statut de commun de village où se déroulaient les fêtes populaires, comme celles de la Saint-Jean, encore bien vivante dans la mémoire des anciens.
2 - Régates, moissons, goémon, et autres travaux suivis de repas festifs
Régates :
Une fête très attendue était celle des régates de Brigneau.
Une fois achevées les nombreuses courses et joutes nautiques, on allait déguster le fameux homard à l’armoricaine à l’auberge de Malachappe.
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Le public à Beg ar lann, lors de régates, première moitié du XXe siècle
Moissons :
Vers 1920-1930 la vie au village est partagée entre les activités agricoles et la pêche. La période des moissons et surtout les battages qui s'ensuivent sont l'occasion de fêtes après le dur effort que tout le voisinage est venu apporter.
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Battages chez Philippon |
Après les battages, vers 1930 ; familles Le Bourhis et Philippon |
Un comité des fêtes est créé en 1952. Une subvention de 10.000 francs lui est allouée par la municipalité, sur la demande de Vincent Orvoën, conseiller municipal.
Dans les années 60, une bonne ambiance régnait pendant les battages où toutes les générations se côtoyaient. Chez Désiré Le Quien, ils se déroulaient avec la complicité des frères Dain, Francis et Marcel, de Kerchoise, qui, pour l’occasion, arrivaient avec leur batteuse, attelée à leurs deux chevaux ; les femmes « faisaient la balle ». Le soir de la dernière journée, on se retrouvait chez Désiré Le Quien où avait été préparé un grand « fricot » (coen frei) que, bien entendu, l’on arrosait de cidre, de vin et encore de « grin-grin ».
D’autres moments d’entraide de voisinage, étaient ceux des jours où l’on tuait le cochon, où l’on faisait le cidre ou bien encore lors de la récolte des pommes de terre. Il y avait alors une variété qui produisait une récolte abondante, chaque pied donnant de nombreux tubercules dont on nourrissait aussi les cochons. Toutes ces journées s’achevaient autour d’une grande tablée où l’on oubliait la fatigue de la journée.
Saint-Jean :
La fête de la Saint-Jean était particulièrement attendue. Depuis plusieurs semaines on amoncelait sur la dachen les pieds des choux à vache qui, une fois séchés, servaient à alimenter le feu. Pour la circonstance, on apportait une barrique de cidre de 220 litres sur une charrette tractée par un cheval. Personne ne rentrait chez soi avant que la barrique ne soit entièrement vidée... sauf le cheval qui, dételé à cet effet, savait retrouver le chemin de son écurie.
Goémon :
Enfin, personne n’a oublié la saison du ramassage du goémon des années 1960-1980.
La récolte de goémon pour l’industrie pharmaceutique, cosmétique, mais aussi alimentaire fut organisée à Moëlan un peu avant 1960, et dura une bonne vingtaine d’années.
Elle avait lieu de mai à fin septembre. Des groupes de main-d’œuvre féminine étaient constitués. Les enfants y participaient de début juillet à la fin septembre, pendant les vacances scolaires. Ils ne pouvaient donc pas assister au repas de fin de saison, offert aux ramasseuses, et qui avait lieu après la rentrée des classes. Ce repas pouvait avoir lieu en dehors de Moëlan, comme à Guidel par exemple.
La récolte se faisait durant les jours où les grandes marées basses découvraient suffisamment les rochers où était fixée cette algue rose, appelée « Chondrus crispus », ou « lichen de mer », ou encore « Pioka », en breton, parfois aussi surnommée l’ « algue fine ». Elle durait environ une semaine, pendant les deux à trois heures quotidiennes autour de midi. Chacun apportait son pique-nique et déjeunait sur place.
Cette algue produisait le carraghénane, servant d’agent d’épaississement dans l’industrie alimentaire, mais était aussi utilisée dans l’industrie cosmétique.
A Brigneau, vers 1960, un groupe de ramasseuses de goémon avait été constitué par M. Matho, mareyeur. Plusieurs femmes et enfants de Kermeurzac’h en faisaient partie.
De gauche à droite :
1er rang : Louise Guyader, Marie Anne Orvoën, Gisèle Quentel, Odette Colin, Marie Françoise Hervé, Jacques Le Touze, Marie Françoise Mahé, Anne Yvonne Furic (épouse de Hyacinthe Guinguéno) ; enfant : Daniel Guinguéno.
A l’arrière : Alice Lozachmeur, Christiane Le Goff, Anne Yvonne Furic, Arthur Le Bourhis, Odette Quentel, Edith et Anne-Marie Guinguéno.
Lorsque le lieu de récolte était proche de Brigneau, entre Poull gwenn et la pointe de Merrien, les familles s’y rendaient à pied. Quand il s’agissait de Portec, M. Matho conduisait les ramasseuses dans son camion de mareyeur, aux forts relents de poisson. Tout le monde était entassé à l’arrière du camion, sans fenêtre, ni porte ouvrant de l’intérieur. L’arrivée sur les lieux de cueillette était vécue comme un grand soulagement.
La cueillette se faisait à mains nues, et les écorchures étaient monnaie courante. Aux pieds, des sandales en plastique. Le goémon était mis dans des sacs qui, remplis, pesaient environ 25 kg. Les adultes se chargeaient de remonter les sacs sur des sortes de terrasses naturelles au-dessus des rochers, juste sous le sentier côtier entre Poull gwenn et la Houard, où les algues étaient mises à sécher. Les enfants devaient venir les retourner de temps en temps. Chaque famille avait son emplacement. Ensuite quand le goémon était sec, il était remis en sacs, apporté chez soi et alors mis en ballots de 40 kilos, que l’on fermait par une couture. Ces ballots étaient ensuite regroupés sur la dachen où M. Matho apportait sa balance pour peser ceux de chaque famille, puis procéder à leur achat. Le prix était d’environ 22 francs le kilo. Le salaire variait selon que le camion avait été utilisé ou non.
Parmi les clients de M. Matho, figurait une société de Normandie, fondée en 1956, à Baupte (Manche). L’usine fabriquait des produits chimiques de type alginates, à la base de la confection d’onguents, de crèmes de beauté et de produits alimentaires.
A la fin de la saison, un banquet était offert à l’équipe, occasion de fêter joyeusement l’évènement.
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Enfin, au cours des banquets de classe on rencontrait ses « conscrits » de Moëlan.
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Banquet des 60 ans de la classe 1896, restaurant Le Serrec. (Irène Le Bourhis) |
Banquet des 40 ans de la classe 1923 (Odette Quentel, Lili Le Touze, Pierre Favennec) |
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Banquet des 60 ans de la classe 1922, à Caudan (Marcel Guyader, Marcel Guernec) |
Banquet des 55 ans de la classe 1936, à Priziac (Jean Noblet) |
3 - Loisirs, tourisme, nouveaux arrivants - Ecole de Kerouze
Au début du XXe siècle, alors que la notion de loisirs est inconnue de la population de Kermeurzac’h, quelques touristes avant l’heure profitent déjà des plaisirs de la côte : qui sont ces charmantes baigneuses vues par Ludovic-Rodo Pissarro vers 1914 ? Les amies des joyeux artistes parisiens descendus à l’auberge Baccon de Malachappe ?
C’est aussi à cette époque qu’à l’heure des vacances, bains de mer et pêche à la crevette sont au programme chez les instituteurs de Kerouze.
Ludovic-Rodo Pissarro, Le Douanier de Kermorza-bois gravé vers 1914
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Famille Goubin, à Poull gwenn, début XXe siècle |
Il faudra attendre un peu que la marée descende ! |
Quelques années plus tard, c’est au tour du couple Scavennec, instituteurs également à Kerouze, de profiter de Poull gwenn et d’initier leurs élèves à la natation : Apprendre aux enfants à nager tenait à cœur à mes parents, d’autant plus que de nombreux garçons allaient devenir pêcheurs. Nous allions donc à Port-Blanc de Guéreur ou sur la cale de Kermeurzac’h ou sur la digue du port de Brigneau, selon la marée sans doute. (Andrée Delattre-Scavennec)
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Alliance de l’utile et de l’agréable, la scène ci-dessus semble faire quelques heureux |
Et déjà des classes de mer ! |
Et puis viennent d’autres vacanciers, premiers touristes peut-être à Kermeurzac’h, avec 4CV et caravane, posée au milieu du village, près de la maison de leurs amis. Nous sommes en 1956.
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Marianne Penvern, de Lorient, grand-mère d'Yvonne Jaffré, Mireille Daniélou-Landurain (1937), Germaine Horel-Jaffré (1913-2000) et une amie d'Orléans |
1956 : Enfant en vacances et Annie Mahé |
1956 : Yvonne Jaffré et ses amies d'Orléans
Depuis, la notoriété de Kermeurzac’h s’accroissant, la saison estivale ne cesse de peupler les rivages de baigneurs et promeneurs de tout poil. Beaucoup, séduits définitivement, ont jeté l’ancre en acquérant un pied à terre. C’est même encore tout une fratrie qui s’installera à Kermeurzac’h, s’y offrant plusieurs maisons et terrains pour sa villégiature.
La proche école de voile belge, installée dans les années 1970-1980 à Kerrel, saura également profiter de Poull gwenn pour apprendre à ses stagiaires les fameuses arrivées de plage sur Caravelle ou autre 420.
Ecole de voile de Kerel
4 - Surnoms - Fantômes
4.1- Nous n’allons pas quitter Kermeurzac’h, sans avoir une pensée pour ses anciennes « figures », toutes gratifiées de sobriquets ou surnoms leur seyant à merveille.
Les patronymes ne se renouvelant guère et la gamme des prénoms usuels étant parcourue avec constance, les surnoms deviennent les subterfuges incontournables.
Ils sont en général fort utiles pour différencier des homonymes :
Ainsi l’on fera la distinction entre Elisa Vaille et Elisa Kerouant, Jo Vaille couz et Jo Vaille bihan. Certains passent d’une génération à l’autre : Philomène Yanñ et sa nièce Denise Yanñ, ou se propagent à toute la famille : Elisa, Jo, Marianne Vaille, Denise et Jean Passe-temps...
Le même patronyme, porté par deux familles différentes sera tantôt Vaille et tantôt Meg. Il ne faut pas confondre !
Une passion ou un trait de caractère en affublent d’autres :
Qu’il fasse état de son admiration à un célèbre cycliste ? On le surnomme Paul Chocque.
Qu’il évoque toujours les conditions météorologiques marines ? Il devient La Houle.
Ou bien, marqué par son passage durant son service militaire sur le célèbre remorqueur du nom de Lagoubran, il en sera qualifié sa vie durant.
Un sobriquet pourra souligner un travers (Tonton rouge) ou un détail physique (Louise Bihan).
Celui qui possède beaucoup de terres sera appelé Paysan.
Au surnom de Toto, porté par deux cousins, sera adjoint une partie du prénom, afin de différencier Mintoto de Mitoto.
Parfois, il s’agit simplement du prénom en breton : Reun, Pol Loeiz, Soaz, Lili... Sans oublier l’inévitable et omniprésent Totoche !
Et, pour l’étranger qui, d’aventure, rechercherait Madame X ou Y, mal lui en prendrait car il ne trouverait personne qui corresponde à sa quête : toutes les femmes mariées, à quelques exceptions près, ne sont connues que sous leur patronyme de naissance.
4.2- Enfin, l’existence d’une vie occulte nous ayant été rapportée, nous terminerons par quelques détails relatifs à d’étonnantes manifestations.
Les fantômes et revenants de Kermeurzac’h.
C’est tout d’abord une veillée funèbre à la fin des années 1970, où l’on perçoit des coups, frappés sur le plafond de la cave en sous-sol, cave où, faut-il le préciser, il n’y a personne !
C’est ensuite, dans un grenier où est aménagée une chambre d’appoint, la nuit terrifiante vécue par un jeune couple, dont le sommeil est perturbé par une subite clarté rayonnant d’un tableau représentant le Sacré-Cœur de Jésus et illuminant tout l’espace, tandis que simultanément, un bruit de forte respiration se fait entendre. Là encore, personne qui partageât la chambre...
C’est encore cette personne qui entend son défunt mari se plaindre d‘avoir froid aux pieds, et qui constate que le couvercle de l’urne funéraire s’est soulevé. Ou, dans les jours qui s’ensuivent, qui discerne des bruits de journaux froissés ou encore un roulé-boulé dans l’escalier, alors que personne n’est là.
Mais on croit savoir où se terraient les fantômes. En effet, ils auraient disposé d’une adresse à la « maison des fantômes ». Il s’agirait de l’ancienne crèche ar craou nevez, devenue remise, bordant le chemin menant à Kerscoazec.
La « maison des fantômes » ?
Pour conclure, nous ne saurions manquer d’évoquer cette nuit de Toussaint où deux fantômes, sous leur suaire improvisé, allèrent roder en s’accompagnant de fort bruyants cliquetis de chaînes qu’ils traînaient à dessein sur le sol, sous les fenêtres d’une maison du centre du village, terrorisant sa propriétaire ?
S’en vantèrent-ils ? Toujours est-il qu’ils furent démasqués et que nous croyons savoir qu’ils n’étaient pas locataires de la « maison des fantômes ».
Remerciements à :
Alain Bellec, Michèle Evenou, Yvonne Cocaut, Thierry Gouéry, Philippe Gouyec, Edith Guinguéno, Eric Guyader, Pascal Landurain, Anne-Marie Le Pennec, Alain Le Touze, Didier Loizon, Françoise et Joseph Mahé, Marie-Thérèse Quentel, Gaëlle Tréguier, et à toutes celles et ceux rencontrés un jour ou l'autre, en particulier au "club" des fidèles de Poull Gwenn.