Territoire
Bourg et villages
Les lieux-dits de Moëlan
Laurence Penven (novembre 2022)
Note : les années suivies de l’astérisque * sont des années relevées sur les cases des impôts fonciers. Ce sont les dates à partir desquelles (ou jusqu’auxquelles) les impôts sont dus ; ce ne sont pas les dates exactes de début ou de fin de propriété, il faut en général compter 3 ans de décalage.
C - Les quatre autres exploitations de 1832
1- Kergantic
(Référence cadastre napoléonien : maison L 853, actuellement 1, Route de Beg ar Lann, reconstruction)
1682 :
Kergantic est une ancienne tenue de François de La Pierre (1620-1692) qu’il déclare ainsi en 1682 :
Autre tenue nommée la tenue de Quergantic audit Quermeurrouzarch, possédée par Marie Le Cornou et consorts pour payer de rente convenancière deux minots de froment ricle, un minot d'avoine comble, quinze sols, deux chapons, corvées et suite de moulin. Sous laquelle tenue y a [blanc]
La superficie n’est pas mentionnée.
De nos jours, ce nom de Kergantic n'est pas connu. Il semblerait qu'il n'ait plus été usité à partir du XXe siècle.
1730 :
En 1730, Jean Le Favennec, demeurant au village de Kergantic situé aux issues du village de Kermeurzach, déclare tenir et posséder à titre de convenant et domaine congéable sous messire Jacques du Vergier (1696-1778), gendre de François de La Pierre, les maisons, terres et héritages situés audit lieu de Kergantic. On peut en estimer la superficie à environ 3 hectares ¾.
La description de la maison, de ses dépendances, puits, four, aire à battre et courtils adjacents, correspond aux bâtiments figurés sur le plan cadastral napoléonien sur les parcelles L 852 et L 853. Le chemin passant au nord conduit au havre de Brigneau. [G-1730]
1832 :
L’arrière-petit-fils de Jean Le Favennec, Alexis-Albin Le Scoazec (1776-1849) est le propriétaire de l’exploitation en 1832. C’est une propriété d’environ 7 hectares, composée de :
- deux maisons d’habitation sur les parcelles L 744 et L 853, cette dernière, dite Kergantic, avec bâtiments d’exploitation et dépendances,
Dépendance, restaurée au XXe siècle
- 3 hectares de terres labourables, 52 ares de courtils et terrains plantés, 23 ares de prés et pâtures, et 2 hectares 4 de landes et taillis.
C’est une exploitation importante qu’il tient avec son fils Jean-François.
En 1836, ils n’occupent pas la maison sur L 744, vraisemblablement louée à une famille de douaniers. (1)
La famille Scoazec va quitter rapidement Kermeurzach pour aller habiter au bourg où Jean-François s’installe comme cabaretier.
En 1846 Alexis-Albin fait donation de ses biens à ses deux fils Jean-François (1802-1855) et René (1806-1878). Aucun des deux n’habite à Kermeurzach [LS-1846-103]. L’exploitation, dont une partie est encore à domaine congéable, est partagée en deux [B-1866-206] et affermée, par moitiés, à des cultivateurs successifs. Les fermiers se font parfois aider par un domestique ou un aide cultivateur.
1 - La moitié appartenant à René Marie Scoazec, déjà affermée en 1858 à Michel Lollichon (1800-1870) [B-1858-091] est ensuite louée à son gendre, Jean-Pierre Favennec (1834-1900) [B-1866-359] [B-1875-317].
La vente mobilière après le décès de Jean-Pierre Favennec en 1900 est révélatrice de l’aisance dans laquelle vivaient ces fermiers [B-1900-049].
Cette demi-métairie est devenue la propriété de Marie Renée Scoazec (1843-1943) mariée à Jean Marie Lozachmeur (1840-). Ils habitent à Kerdianou.
Scoazec Marie Renée-1843-1943
2 - La moitié appartenant à la fille de Jean François, Marie Françoise, mariée à Mathurin Eon (1828-1890) est affermée à Joseph Lollichon (1838-1907) [B-1867-066], puis à Julien Favennec (1830-1911) [B-1876-115] ; ce bail est renouvelé en 1885 par les enfants Eon. [B-1885-050].
Julien Favennec décède en 1911.
En 1893* Mathurin Eon, fils, (1859-1921) vend ses métairies, à savoir d’une part, la maison sur L 744, au cœur du village, à Joseph Robet (1843-1913) et d’autre part, la moitié de la maison sur L 853 à François Drennou (1845-1925), qui y travaillait avec son beau-père Julien Favennec, depuis 1875. François Drenou est aussi marin pêcheur : il est aidé à la ferme par sa femme et ses beaux-parents. Le couple Drenou se retire à Kermoguer. Leur petite-fille Marie-Françoise Orvoën (1901-1973) mariée à Pierre Le Garrec (1892-1962), et qui habite à Kermoguer, vend l’exploitation à Vincent Orvoën (1897-1970) ; il y fera reconstruire la maison en 1943*. Ce sera encore une ferme, louée à des fermiers successifs, Pierre Gallo en 1946, Joseph Galand en 1954. Puis Alexandre Dagorn, Lahuec et enfin Lamandé. En 1946, Vincent Orvoen est considéré comme propriétaire non exploitant et, à ce titre, est désigné par le conseil municipal de Moëlan pour faire partie de la commission départementale paritaire des fermages, chargée du règlement des litiges en matière de baux à ferme.
L’activité agricole cessera avec la vente de la maison d’habitation et de ses dépendances à Bernard Prouveur à la fin des années 1970.
De nos jours, ce nom de Kergantic n'est pas connu. Il semblerait qu'il n'ait plus été usité à partir du XXe siècle.
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Propriétaires |
Domaniers ou Fermiers |
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L 853 (maison de l’exploitation principale) |
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1682 | François de La Pierre |
Marie Le Cornou |
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1730 | Jacques du Vergier |
Jean Le Favennec |
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1832 |
Alexis Albin Le Scoazec (1776-1849) x Marie Catherine Guiguennec (1768-1831) |
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L 853 |
L 853 |
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1846 : partage |
René Marie Scoazec (Kerdianou) |
Jean François Scoazec (cabaretier au bourg) |
- 1858 : Michel Lollichon (partie ouest) |
1882* |
Marie Renée Scoazec x Jean Marie Lozachmeur (Kerdianou) |
Françoise Scoazec x Mathurin Eon (bourg) |
- 1867 : Joseph Lollichon (partie est) |
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- Joseph Lozachmeur (1871-1943) (Riec) - François Marie Lozachmeur (1877-) (Lorient) |
Mathurin Eon, fils |
1885 : Julien Favennec (partie est) |
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Vente |
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1893* à François Marie Drenou x Marie Mélanie Favennec à1936* |
1891, 1896 : Jean Pierre Favennec |
1907* à 1922* |
Marie Mélanie Drenou x Joseph Orvoën (Kermoguer) |
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1922* à 1943* |
Marie Françoise Orvoën x Le Garrec (Kermoguer) |
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Vente 1943* |
1943* à Vincent Orvoën |
- Pierre Gallo |
2 - 1832-1970 : de Liors Dérédel à Liors an dachen bihan, ou d’une exploitation à une autre.
(Référence cadastre napoléonien : maison L 176, actuellement 17, route de Poull Gwenn, puis L 795 actuellement 2, Chemin du lavoir).
Marie Le Zeller (1775-1848), épouse de de René Le Doeuff (1783-1830), est une descendante de la famille de Jean Le Garrec, domanier de François de La Pierre et de l’abbaye de Saint-Maurice en 1682. Veuve, elle se trouve en 1836 à la tête d’un domaine agricole avec maison d’habitation et dépendances, maison située au milieu des courtils du village, Liors deredel, en bordure du chemin qui mène de Kermeurzach à Kerscoazec, sur la parcelle L 196, avec un grand terrain planté de 0,87 hectare au nord de la maison, ainsi que trois courtils. Deux de ses fils, François (1815-1856) et Jean-François (1806-1881), sa femme et ses enfants, vivent avec elle sur l’exploitation.
Une deuxième maison, située au cœur du village sur la parcelle L 743b, complète la propriété. Cette maison est vraisemblablement louée à des douaniers.
L’exploitation a une superficie totale de de 7,5 hectares, composée de 3,5 hectares de terres labourables, 9 ares de prés, taillis et pâtures, et presque 3 hectares de landes. Contrairement aux autres exploitations de Kermeurzac’h, qui possèdent des terrains de petite taille, celle-ci en a trois qui dépassent un hectare (deux terres labourables et une lande) et un verger de 87 ares.
De taille relativement modeste, c’est tout de même la plus grosse exploitation de Kermeurzach avec celle d’Alexis Albin Scoazec.
En outre, une parcelle de terre labourable et une maison avec son courtil, situés à Kerscoazec, complètent la propriété.
Au moment de son décès, le 18 mars 1848, Marie Le Zeller vit à Kermeurzac’h avec son fils aîné Jean-François (1806-1881) et sa famille qui tiennent l’exploitation, tandis que ses autres fils habitent à Kerscoazec (François) et à Clohars-Carnoët (Joseph Marie).
Quelques jours après, le 27 mars, Joseph Marie afferme pour dix années consécutives à son frère Jean François, une petite propriété, en partie quitte de rente et en partie à domaine congéable, située au lieu de Kermeurzach et en ses dépendances. [B-1848-078].
En 1875, c’est une métairie de 20 000 francs que Jean François Le Doeuff et son épouse Marie Renée Flohic (1811-1881), donnent à leurs quatre enfants. [B-1875-098]. Le partage entre les enfants a lieu plus tard, en 1879 [B-1879-115].
On note, par rapport à 1832, quelques modifications dans la répartition des maisons : l’acquisition de la maison sur la parcelle L 798, nommée Leuriou aël et de la crèche sur L 796 (Craou leuriou aël) ainsi que la possession d’une crèche sur L 729 (Craou névez, la nouvelle crèche, appelée aussi Craou ar quezeg ou crèche du cheval), ce dernier bâtiment non existant en 1832.
Ar craou névez
Quatre métairies sont définies lors de ce partage ; seules les deux premières (lots 1 et 2) sont issues de l’exploitation d’origine. Les deux lots suivants correspondent à des acquisitions ou constructions postérieures à 1832 :
Métairies Nos 1 et 2, L 176 et L 729 :
La maison principale est divisée en deux lots, le bout du couchant attribué à Joseph (Jean) Marie (1828-1923) et celui du levant à Pierre Marie (1842-1929). Ce dernier habite à Kerségalou.
Quelques années plus tard, en 1884, les deux frères, mariés à deux sœurs, échangent leurs deux moyennes métairies d’une valeur de 8 000 francs chacune. [B-1884-100]
Joseph (Jean) Marie Le Doeuff, marié à Marie Catherine Mahé (1847-1884) devient ainsi propriétaire de la métairie d’origine de ses grands-parents, sur L 176 ainsi que de la crèche, construite plus tard, sur la parcelle L 729, en face de la maison d’habitation.
Leur fille Marie Anne (1869-1934) et son mari Pierre Louis Guéhennec (1867-1935) leur succèdent. Le fils de ces derniers, René Louis, décède en 1917 à bord d’un croiseur-cuirassé, torpillé. L’activité de l’exploitation cesse au décès du couple Guéhennec. La maison est alors vendue à Louis Guillou (1887-1941), marin pêcheur marié à Marie Françoise Le Doze (1896-1946). Le 31 décembre 1945, la veille de son décès, Marie Françoise Le Doze fait donation des ses biens à leur fils Arthur Guillou (1920-1974) [B-1945-184].
En 2022, la maison, complètement rénovée, est une résidence secondaire.
Métairies Nos 3 et 4, maison L 798 et L 795 :
Le lot numéro 3 du partage de 1879 revient à Marie Julienne Le Doeuff (1840-1932), épouse de Martial Hervé (1846-1914). La maison d’habitation, qui appartenait à Yves Le Doze en 1832, est située sur la parcelle L 798.
Leurs enfants Marie Louise (1870-1944) épouse de François Guéhennec (1863-1942) leur succèdent. [B-1889-105]
En 1910, François Guéhennec fait construire une ’une maison sur un terrain qui était déjà propriété familiale en 1832, situé de l’autre côté du chemin, sur L 795. (2, Chemin du lavoir). Ce terrain était advenu à Joseph Marie Richard lors du partage de 1879.
C’est une demeure de maître, que l’on appellera la « maison du maître fermier ».
Sa fille, Marie-Louise Guéhennec (1893-1973) et son mari Vincent Orvoën (1897-1970), lui succèdent.
Ils achèteront plus tard la métairie voisine sur L 853, qu’ils loueront à des fermiers successifs jusqu’à la vente à la fin des années 1970 à Bernard Prouveur.
C’est une génération qui développe l’élevage : élevage de porcs, de vaches (produits fermiers, lait...), et qui dispose aussi d’une cidrerie, avec vergers, appelés « cidreraie ». Vincent Orvoën est aussi marin pêcheur. En 1926, lors d’une sorte de raz de marée à Brigneau, sa barque se retrouve accrochée dans des branches de sapin au-dessus du port.
L’activité agricole cessera après le décès du couple Guéhennec-Orvoën dans les années 1970.
Génération 1 |
L 176 |
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Génération 2 |
Propriétaire |
Fermier |
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Joseph Marie le Doeuff (1811-1894) |
Jean François Le Doeuff (1806-1881) |
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Propriétaire |
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L 176 |
L 795 (pas de construction sur cette parcelle en 1832) |
L 798 (acquisition postérieure à 1832) |
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Génération 3 |
Joseph (Jean ?) Marie le Doeuff (1828-1923) x Marie Catherine Mahé (1847-1884) |
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Marie Julienne le Doeuff (1840-1932) x Martial Hervé (1846-1914) |
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Génération 4 |
Marie Anne Le Doeuff (1869-1934) x Pierre Louis Guéhennec (1867-1935) |
Marie Louise Hervé (1870-1944) x François Guéhennec (1863-1942) |
Marie Louise Hervé (1870-1944) x François Guéhennec (1863-1942) |
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Génération 5 |
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Marie Louise Guéhennec (1893-1973) x Vincent Orvoën (1897-1970) |
Marie Louise Guéhennec (1893-1973) x Vincent Orvoën (1897-1970) |
3 - 1832-1938 : à l’entrée du village
(Référence cadastre napoléonien : maison L 166, nouvelle maison actuellement : 14, Route de Poull Gwenn)
Jean Marie Favennec (1789-1850), qui possède la première maison à l’entrée du village, est marié à Marie Françoise Le Doze (1785-1859), petite-fille de Guillaume Le Doze, adjudicataire lors de la vente de biens nationaux de 1791 de la première tenue de Kermeurzach.
En 1832, son exploitation située sur la parcelle L 166, est la plus petite de Kermeurzach ; elle ne fait qu’1,27 hectare, dont 72 ares seulement de terres labourables. La famille est composée de huit personnes, sur trois générations. Un des fils, Julien, sera plus tard meunier au moulin de Damany et la fille, Marie Suzanne, épouse de François Le Maout, sera meunière au moulin de Kerseller.
Après le décès de Jean Marie en 1850, sa veuve fait donation de ses biens à leurs cinq enfants. La propriété est estimée à 4 500 francs. Elle comprend une maison principale avec grenier à l’étage, nommée Ar gamp, une dépendance nommée Cardi al leur (le hangar de l'aire à battre), une crèche, nommée Craou ar zaout (crèche de la vache). Sa superficie est de 4,4 hectares. Elle a donc plus que triplé depuis 1832. [B-1851-014]
Chaque enfant se voit attribuer moins d’un hectare de terres. La maison principale est divisée en deux. Ce partage signifie le démantèlement de la propriété.
Le fils aîné, Jean François (1811-1871) reste vivre avec sa famille sur l’exploitation, trop petite pour faire vivre tout le monde. Dans les années suivant la donation, il va donc s’employer à reconstituer la propriété. En 1856 il achète pour 1 200 francs le lot qui avait été attribué à sa sœur Marie Suzanne en 1851 à savoir tous les immeubles et droits immobiliers en général et sans réservation appartenant à ladite Marie Suzanne Favennec, situés aux lieux et dépendances de Kermeurouzac'h, de Kernonen Largoät et à autres endroits environnants, le tout quitte de rente, sur ladite commune de Moëlan [B-1856-272]. C’est-à-dire une dizaine de parcelles de terre et le bâtiment appelé cardi ar leur.
En 1857, sa sœur Marie Anne lui afferme sa part de propriété consistant en tous ses immeubles et droits immobiliers avec étage formant le cinquième d’une petite propriété, en fonds et édifices [B-1857-121] ; en 1863, il échange des biens avec son frère Jean Louis, habitant à Kergolaer.
Après son décès, sa veuve, Marie Jeanne Scaviner fait une donation-partage à leurs quatre enfants, d’un montant de 12686,50 francs [B-1872-142].
Leur fils Jean Louis (1839-1916) marié à Marie Josèphe Quentel (1845-1927), cultivateur, mais aussi marin pêcheur puis matelot, lui succède après son décès. Jean Marie (1837-1917), frère de Jean Louis, marin pêcheur et cultivateur, marié à Sophie Le Corre (1845-1909), habite l’autre moitié de la maison. Les générations s’y succèdent, mais l’activité de la pêche l’emporte sur celle de l’agriculture au début du XXème siècle. La maison, est déclarée en ruines en 1923* pour une moitié et en 1938* pour l’autre. On en voyait encore les ruines vers 1950.
En 1955*, la petite-fille de Jean Marie, Louise Guyader (1900-1987) et son époux Jean Le Guilly (1897-), marin, font construire une nouvelle maison, légèrement décalée à l’ouest par rapport à l’ancienne, à cause d’une modification du tracé de la route à cet endroit.
Leur fille y habite toujours en 2022.
Jean Le Guilly et Marie Louise Guyader
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L 166 |
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1832 |
Jean Marie Favennec (1789-1850) |
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1851 (partage) |
L 166 p (couchant) |
L 166p (levant) |
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L 166p |
L 166p |
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1871 |
Jean Louis Favennec (1839-1916) x Marie Josèphe Quentel (1845-1927) |
Jean Marie Favennec (1837-1917) x Sophie Le Corre (1845-1909) |
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1903 [B 1903-194] Génération 4 |
Joseph Favennec (1868-1931) x Marie Françoise Lozachmeur (1870-1946) | Jean François Favennec (1872-1956) x Marie Françoise Gouyec (1870-) | |
1905 [B 1905-127] Génération 4 |
Marie Joséphine Favennec (1871-1925) x Yves Guyader | ||
1923* |
En ruines |
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1938* |
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En ruines |
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1955* construction nouvelle maison |
Louise Guyader (1900-1987) x Jean Le Guilly (1897-1964) |
4 - 1832-1935 : 5 générations de cultivateurs
(Référence cadastre napoléonien : maisons L 734 (n’existe plus) et L 737 (actuellement : 29, Route de Poull Gwenn).
Dernière maison d’exploitation existant en 1832, celle de Pierre Souffez (1776-1865). Ses ancêtres étaient Corentin Souffez (1734-1787) et Marie Le Delliou (1738-1809), ancêtres communs à la famille de la maison voisine sur L 736.
Dépendance construite en 1935 à la place de l'ancienne chaumière L 737
Pierre Souffez, cultivateur, né à Kermeurzach, descend lui aussi de domaniers présents avant la Révolution. Il possède en 1832 une exploitation de 3,85 hectares, dont deux maisons (L 734 et L 737) et des dépendances. Il a aussi une autre propriété avec maison et dépendance à Kercanet et quelques terres à Kerscoazec et Kernon Largoat.
En 1836, il habite dans son exploitation de Kermeurzach et loue sa deuxième maison à des douaniers.
En 1846, trois générations vivent sous le même toit : le couple Souffez, celui de sa fille Marie Renée et sept petits-enfants, soit onze personnes. Une telle promiscuité ne peut qu’être néfaste lors de maladies : trois membres de la famille décèdent en un mois en 1847 : la mère, le 13 février, un des petits-fils, le 23 février et la fille, Marie Renée, le 20 mars. Il est vrai aussi que l’hiver 1846-1847 est un hiver où la disette s’est installée en Bretagne, à cause d’une très mauvaise récolte de blé en 1846. La faim et la dénutrition produisirent de nombreux décès. (2)
Devenu veuf et se faisant âgé, Pierre Souffez fait en 1847 une donation-partage de ses biens à ses enfants [LS-1847-171] dont une propriété partie à domaine, partie en fonds et édifices, située audit Kmeurouzac'h en Moëlan, donnant de revenu annuel quatre cents francs, estimée sans distraction de charges à un capital de neuf mille trois cents francs.
La maison sur L 734 (Ty névé) revient à sa fille Marie Josèphe et celle sur L 737 (Thy coz ar Guéreur, la vieille maison de Guéreur ou Kermeurzach), avec sa crèche L 742 (Craou ar saout ar Guéreur, la crèche de la vache de Guéreur), à Marie Renée.
Craou ar zaout guereur
Cette dernière décède quelques mois après ce partage. C’est son mari François Kerforn et leurs enfants qui reprennent l’exploitation de Kermeurzach, dont Marie Josèphe (1832-1864), mariée à Pierre Marie Lozachmeur (1827-1898). Tous s’emploient à agrandir et valoriser l’exploitation.
Mais, à son tour, Marie Josèphe décède.
Pierre Marie Lozachmeur, veuf, se remarie avec Marie Renée Monfort, dont il aura cinq enfants.
En 1899, Pierre Marie Lozachmeur fait donation de ses biens à ses enfants. La propriété partagée est d’une valeur de 14 000 francs et d’une superficie de 5, 26 hectares. [B-1899-002]
Les biens mobiliers agricoles sont ceux d’une exploitation moyenne :
Un cheval, cent cinquante francs. |
150 fr |
Trois vaches, cent cinquante francs. |
150 fr |
Deux voitures avec les instruments aratoires, cent francs. |
100 fr |
Un porc, quarante francs. |
40 fr |
Grains : |
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Orge, cinquante francs. |
50 fr |
Froment, soixante francs. |
60 fr |
Avoine, soixante-dix francs. |
70 fr |
Pommes de terre, soixante-dix francs. |
70 fr |
Ce partage attribue à Marie-Vincente, fille du second mariage de Pierre Marie Lozachmeur avec Marie Renée Monfort (1833-1898), un lot d’une superficie d’1,10 hectare, dont une maison construite en pierres, couverte en chaume, ayant son pignon à cheminée au levant, ouvrant au midi sur l'aire à battre, contenant sous fonds un are vingt centiares. Deux écuries contigües, construites en pierres, couvertes en chaume, aux issues de l'aire à battre, [L-724] contenant sous fonds deux ares dix centiares. Un hangar au levant de l'aire à battre, contenant sous fonds trente-huit centiares.
La maison devient donc la propriété d’une nouvelle famille.
Marie Vincente (1867-1950) et son mari Joseph Mahé (1874-1961) vont poursuivre l’activité agricole jusque vers 1935, moment où ils décident de s’arrêter.
La maison d’habitation est devenue vétuste, elle va désormais servir de dépendance. Il est temps d’envisager une construction neuve. Le gendre de Joseph Mahé, Jean Marie Daniélou (1896-1983), marin de commerce puis marin pêcheur lors de la saison de la sardine, et sa femme Elisa Mahé (1903-1994) font construire une nouvelle maison sur le terrain mitoyen en 1935.
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Joseph Mahé et Marie Vincente Lozachmeur |
Jean Marie Daniélou et Elisa Mahé |
Maison Daniélou
Dans la cour, au sud, un petit bâtiment très ancien, appelé Lonch fourneau (cabane fourneau) servait à préparer les repas des bêtes. Dissimulé sous un feuillage, il est néanmoins encore visible de nos jours.
En 2022, cette maison est toujours habitée par la famille de Jean Marie Daniélou.
Famille de Pierre Souffez |
L 737 (maison de l’exploitation) |
L 734 (maison louée) |
Génération 1 |
Corentin Souffez (1734-1787) |
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Génération 2 |
Pierre Souffez (1776-1865) |
Pierre Souffez (1776-1865) |
Génération 3 |
Marie Renée Souffez (1812-1847) |
Marie Josèphe Souffez (1815-1905) |
Génération 4 |
Pierre Marie Lozachmeur (1827-1898) |
Corentin Philippon (1850-1909) |
Famille de Pierre Marie Lozachmeur |
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Marie Vincente Lozachmeur (1867-1950) |
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1935 : nouvelle construction |
Jean Marie Daniélou (1896-1983) |
En ruines |
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(1) L’histoire de cette maison sera traitée dans le chapitre suivant, consacré aux maisons louées en 1836.
(2) Cornette Joël, Histoire de la Bretagne et des Bretons, Seuil, Paris, 2005, Tome II, p.242