Geneviève Guyomar (1899-1982)

 

Mme Émile Le Goff, née Geneviève Guyomar, actuellement âgée de 73 ans, encore très alerte, est surtout connue à plusieurs kilomètres à la ronde par son prénom. Qui dans le secteur de Brigneau ou d'ailleurs ne connait pas Geneviève ?

 

Geneviève, employée de marée

Originaire de Lorient, dont elle porte toujours la coiffe du pays, Geneviève s'estime Moëlanaise car son père était de Saint-Thamec, village où elle a d'ailleurs passé son enfance. Après son mariage, en 1916, à Larmor-Plage, avec Émile Le Goff, un gars du pays qui a aujourd'hui 83 ans, Geneviève vient habiter Brigneau. Durant plusieurs années elle a été employée de marée au port même.

 

Chaque jour, dès 4 h. du matin, elle faisait les achats de poisson avec les patrons pêcheurs, alors très nombreux, et se chargeait des expéditions vers les diverses régions de France et dans la région parisienne.

 

Brigneau connaissait alors une autre vitalité que de nos jours. Les maquereaux de ligne se pêchaient par tonnes. Il fallait les trier sérieusement, pas plus de douze à treize au kilo.

 

A noter qu'il n'y avait pas de moulin pour broyer la glace comme actuellement. Il fallait le faire à la force des bras. Brigneau comptait alors trois usines : celles d'Orvoën, de Laurent et de M. Fleury.

 

La flottille sardinière comprenait une vingtaine d'unités devait nous préciser son époux M. Le Goff, qui a été lui-même patron-pêcheur puis marin de chalutier. Il régnait dans ce port une grande animation. Des cotriades étaient servies chaque jour, et les cafés étaient très fréquentés tant celui de Mme Pérennou que ceux de Mme Le Maout et M. Briec.

 

Maison de la famille Le Goff vers 1945

Le Goff Emile - Angélus de la mer

 

Chez Geneviève l'on est toujours bien accueilli... Dès l'année 1925 Geneviève faisait construire une maisonnette surplombant la rivière, à l'entrée du port. Et en juillet elle ouvrait un commerce de café-mercerie-tissus-laine-articles de pêche, etc...

Il y avait même dépôt de beurre et de lait. On y venait facilement de plusieurs kilomètres des villages avoisinants. Elle était, et reste toujours d'ailleurs, très gentille, aimable, souriante. Elle savait accueillir le client.

 

La boisson principale était le cidre qu'on vendait 5 sous le litre. Il y avait également un peu de vin te très peu de bière. Mais malheureusement des bagarres éclataient très souvent, pour des futilités, et Geneviève avait du mail à séparer les antagonistes. Les carreaux volaient parfois en éclats, et le père Le Goff avait fort à faire pour les remplacer.

 

Geneviève faisait confiance à ses clients qui achetaient souvent à crédit. " Voilà pourquoi d'ailleurs je ne suis pas devenue riche ", devait-elle préciser. " Le commerce était alors florissant dans ce quartier. Mais lorsque la guerre arriva, dès 1939 la vie était devenue pénible. Tout était rationné, et l'on devait se rendre à Lorient par nos propres moyens pour s'approvionner. Aussi en novembre 1940 je prenais la décision de fermer définitivement mon commerce ".

 

Mme Le Goff travailla encore de 1942 à 1947 jusqu'à l'âge de sa retraite comme ouvrière d'usine à Brigneau.

Nous souhaitons à Geneviève qui a trois enfants, sept petits enfants et une arrière-petite-fille, une longue et paisible retraite.

 

Coupure de presse - 1973