Les Moëlanais
Au fil des années
Moëlan au fil des jours
Tribunal de Quimperlé du 31 juillet 1852.
Pélagie Marie Corentine Mahé, née le 19 décembre 1928 à Moëlan (Quimperlé) et y demeurant, lingère, était accusée d'avoir commis volontairement l'homicide de son enfant né en 1852.
Il est souvent bien difficile d'acquérir la vérité dans les accusations d'infanticide ; cette affaire en fournit un nouvel exemple.
Pélagie Mahé est fille d'un homme qui a dissipé son patrimoine dans les cabarets ; il n'a donné aucun soin à son éducation, cependant elle est laborieuse et ... conduite ; on lui reproche ... de la légèreté dans ... et souvent de l'étourderie dans les actions. Elle a une soeur agée de 28 ans qui a peur ... pour sa sévérité et son austérité. Quand elle découvre que Pélagie avait mis au monde un enfant qui avait disparu, elle alla consulter son confesseur, et elle en reçu le conseil d'en faire la déclaration au maire de la commune. C'est par elle seule que la justice a été informée de cet accouchement. On ne peut donc suspecter ce qu'elle a raconté. Les deux soeurs couchent dans un même lieu, ce dans une pièce où demeure aussi une veuve Tanguy, femme agée et des principes aussi sévères que l'aînée des filles Mahé. La veuve Tanguy a pu elle être citée à l'audience et elle a raconté ce qu'elle avait vu et ce que la soeur de l'accusée lui avait raconté ; on ne peut non plus la soupçonner de faire une déposition complaisante pour Pélagie Mahé.
Il n'est pas contesté que l'enfant a véçu et qu'il est mort asphyxié ... mais comment cette asphyxie a-t-elle été produite ; c'est ici qu'il faut s'engager dans les conjectures qui ... du contraire. Deux systèmes sont en présence :
La défense de l'accusée a été la même au cours de l'instruction et à la cours d'assise. Elle dit : " c'est vrai que j'ai caché ma grossesse et que je n'ai fait aucun préparatif pour recevoir mon enfant ; mais je ne croyais pas être grosse ; j'ai pensé que j'étais atteinte d'hydropsie, comme ... une fille de mon voisinage que tout le monde a accusé d'être enceinte. (un médecin et témoin ....). Je fut prise au milieu de la nuit par des douleurs qui me furent d'abord inexplicables, mais qui ne tardèrent pas à me faire connaître mon véritable état. J'accouchai auprès de ma soeur qui ... profondément ; l'enfant ne jeta aucun cri quand je pus le prendre dans mes mains, c'est -à-dire dès que je fus revenu à moi, je le trouvai sans mouvement ; voulant alors cacher ma honte et éviter l'indignation de ma famille, je le cachais contre la muraille et entre mon matelas et ma paillasse ; je repris mon attitude ordinaire à 4 heures du matin, ma soeur se leva pour aller à la messe ; La veuve Tanguy partit ..., je restais ... de 4 h à 8 heures. Je profitai de ce moment pour ... le cadavre de mon enfant de mon lit, et pour aller le cacher dans la paille d'où je l'ai retiré en présence de la justice."
J'ai eu plusieurs questions à approfondir aux débats :
- 1° Etait-il vrai que l'enfant n'avait pas crié ? La veuve Tanguy affirme que si l'enfant avait crié, elle l'aurait entendu ; et il est certain que la soeur de l'accusée et elle n'ont rien entendu.
- 2° Comment admettre que Pélagie Mahé ait accouché côte à côte de sa soeur sans qu'elle n'aurait rien vu ; ce qu'en se levant, elle ne se soit pas aperçu du désordre qui suit toujours un accouchement ?
Les médecins qui ont fait l'autopsie sur le lieu déclarent que le lit a une très grande largeur, et qu'il est possible que la soeur, surtout dans son premier sommeil, n'ai pas senti les mouvements de sa soeur qui était dans la ruelle ; cette soeur n'avait ni soupçon, ni défiance ... pour ne pas éveiller sa soeur qui ne devait aller à la messe qu'à dix heures.
- 3° On était forcé d'admettre que l'enfant avait éprouvé une syncope peu après sa naissance, et que sa mère le croyant mort, l'avait placé entre le matelas où il avait été étouffé. Cette syncope était elle rendue probable par l'autopsie ?
Un des médecin expliquait que l'autopsie était une opposition avec la syncope ; il est vrai qu'il parlait d'une syncope au moment même de ... ; L'autre médecin pensait que cette syncope subséquente était admissible ; Il en citait des exemples nombreux, et un, entre autres, qui lui était ... : appelé auprès d'une femme en couches et arrivé tard, il trouva une matrone qui avait jeté l'enfant dans un coin, lee croyant mort. Le médecin le prit et le ramena à la vie ; il se porte bien aujourd'hui.
L'accusation maintenait au contraire que les diverses impossibilités ou invraissemblances existaient toujours ; que la défense de l'accusée était une fable ajustée dans son intérêt ; qu'elle n'était pas accouchée pendant la nuit, mais bien entre 5 et 8 heures, pendant qu'elle était seule, qu'elle avait étouffée son enfant, et était allée le cacher dans la paille d'où elle devait le tirer, suivant son aveu même, pour aller l'enfouir dans quelque lieu bien ... Le système de l'accusation pouvait être très vrai, mais il n'était appuyé sur aucun témoignage, ni sur acun fait ; et de plus, quel moyen aurait-elle employé pour l'étouffer ? Le cadavre ne présentait aucune trace de violence extérieure, à l'exception de deux érosions, que les médecins ont attribuées au frottement contre la muraille, amis qui, dans tous les cas, ne pouvaient avoir contribué à sa mort.
Il n'y avait réellement que des doutes et de ...
Je ne ... à poser la question subsidiaire d'homicide par imprudence, que lorsqu'il apparaît que cette imprudence peut sortir réellement des faits. ... absolu de la vérité est plus importante que l'application d'une peine légère à une fille coupable d'infanticide ; mais ici, il y avait une bien grande imprudence dans la précipitation avec laquelle avait soumis son enfant à la pression du matelas sur lequel elle reposait elle-même, et sans avoir la certitude qi'il avait cessé de vivre. J'ai donc posé au jury la question d'homicide involontaire par imprudence ou par négligence, voulant ainsi y comprendre le défaut des soins à la naissance de l'enfant.
Le jury a résolu négativement le fait principal, et affirmativement la question subsidiaire.
La cour a condamné Pélagie Mahé à deux ans de prison et à 50 fr. d'amende, aux termes de l'art. 319 du code pénal.
Cette fille a été traitée avec une grande indulgence, et, par ce motif seul ..., je pense qu'elle doit subir sa peine pendant toute sa durée.
Le président des assises