Les Moëlanais
Au fil des années
Moëlan au fil des jours
16 juin 1863 (Annick Le Douget - La société rurale finistérienne face à la justice (1815-1914)- 2014)
Le stéréotype de l'ivrogne dans toute sa déchéance est Pierre Souffez, aubergiste de Moëlan, brutal envers son épouse dans sa perpétuelle ivresse. "Souffez, ce n'est pas un homme ; c'est un chien malade", disent de lui ses voisins qui font passer son épouse pour une martyre. Pourtant jeune, il était habile de ses mains, mais il était prédisposé à une "mauvaise nature que l'habitude des boissons alcooliques n'a fait que pervertir", déplore le président des assises, qui ajoute : "Il était depuis dix ans la honte de sa famille, le bourreau de sa femme, le scandale public". Marie, sa femme, est frappée sous le plus léger des prétextes, et en porte les stigmates sur le visage avec son nez brisé et un large sillon marquant son front. Ce jour de hallali, le 24 juin 1863, alors qu'elle s'occupe d'une fête de baptème, le mari entre ivre et exige en jurant qu'elle lui donne à boire ; elle lui répond qu'elle est occupée, et furieux, il l'a frappe ; elle se sauve dans la cave, mais il la rattrape et lui porte des coups encore plus violents. "Je suis crevée cette fois, il m'a donné le coup de la mort", seront ses derniers mots ; mais l'ivrogne continuera à l'injurier sur le lit où elle agonise. A l'audience, à jeun, Souffez ne cessera encore de menacer et insulter les témoins, preuve que l'alccol n'était pas le seul facteur de violence.
Arch. nat. BB 20/256, compte rendu du 4e trim. 1863, aff. Souffez, condamné à 5 ans d'emprisonnement.