Les Moëlanais
Au fil des années
Moëlan au fil des jours
30 janvier 1878 (Le Finistère)
Fait au nom du 4è bureau sur l'élection de M. Lorois dans l'arrondissement de Quimperlé (Finistère), par M. Neveaux.
De nombreuses protestations se sont élevées contre cette élection dont le résultat eût été différent avec un déplacement de 341 voix seulement.
[...] A Moëlan, le maire, pendant deux dimanches consécutifs, l'issue des messes, fait publier qu'il ne faut pas voter pour M. Corentin Guhyo, parce que, de même qu'on chasse un domestique dont on est mécontent, de même il a été chassé de la Chambre, et que le nom du Maréchal n'est plus sur ses affiches.
Le secret du vote était tel dans cette commune, qu'avant le dépouillement, le maire remercie les électeurs d'avoir si bien voté pour le candidat du Gouvernement et d'avoir si bien écouté son appel. [...]
Gendarmerie.
Le rôle des gendarmes est assez passif dans cette élection ; cependant, quand leur action se manisfeste, c'est par des actes hostiles au candidat républicain.
Sur l'ordre du maire de Moëlan, le gendarme Le Gall, de la brigade de Pont-Aven, saisit une affiche entre les mains d'un amide M. Corentin Guhyo et empêche de l'apposer sur les murs de la localité.
Dans la même commune ou M. Le Porz, avoué à Quimperlé, s'était transporté pour surveiller les opérations électorales, les frères et parents du maire provoquent des attroupements autour de lui, il est bousculé, frappé même, et quand il fait appel à la gendarmerie, celle-ci ne trouve rien de mieux à faire que de l'engager à se retirer, et le terrain resta libre aux partisans de M. Lorois. [...]
La noblesse. - Intimidation. - Menaces
[...] A Moëlan, les gardes de M. Penendreuff et de Mme de Tréveneuc, menacent leurs fermiers dans leur fortune et leur famille s'ils votent pour M. Corentin Guhyo.
La famille de M. le maire de Moëlan se multiplie : à Moëlan, le noble fait appeler ses domaniers, leur distribue des bulletins et menace de les renvoyer s'ils ne votent pas bien.
Sa femme va proclamer à Nizon, sur la place publique, que M. Gambetta a volé des millions à la France.
Et à Pont-Aven, ses filles chantent, dans un cabaret, la chanson : " Honneur à Joa da Lorois ", devant une foule nombreuse à laquelle elles offrent des bulletins et des consommations. [...]
Banquets. - Libations.
[...] A Moëlan, chez Le Bloa où on boit, on fouille les électeurs et on change les bulletins ennemis. [...]
27 mars 1878 (Le Finistère)
[...] M. Lorois a eu un mouvement de triomphe dans son discours. Le maire de Moëlan, a-t-il dit, auquel le rapport impute certains actes n'est pas noble ; donc les faits allégués par le rapport ne sont pas vrais.
Mais M. Lorois argumente d'une erreur de lieu. Ce n'est pas du maire de Moëlan qui'il s'agissait, mais du maire de Nizon, qui est noble et qui a des filles, [...]
17 avril 1878 (Le Finistère)
La déclaration suivante a été adressée lundi à M. le préfet du Finistère :
Nous soussignés, électeurs de la commune de Moëlan, déclarons qu'aujourd'hui, dimanche, 14 avril 1878, nous promenant sur la place du bourg de cette commune, à l'issue de la grand'messe, M. Pierre Le Tallec, propriétaire-cultivateur, demeurant au lieu de Garzon, en Moëlan, candidat aux dernières élections du conseil d'arrondissement, qui venait de causer un moment avec M. Corentin Guhyo, ancien député et candidat aux élections du 5 mai prochain, a été accosté par le nommé Louis Fraval, médaillé militaire et garde particulier de Mme de Tréveneuc. - Ce dernier, après avoir provoqué en termes grossiers le sieur Tallec, a fini par le menacer de coups et de violences qui auraient pu amener une rixe générale.
Le même sieur Tallec, ayant répondu un instant après entrer dans le cabaret du nommé Toallou, s'est vu arrêter sur le seuil de la porte par la femme de ce cabaretier qui lui a déclaré qu'il n'était pas prudent, à lui, de pénétrer dans le cabaret où se trouvait le même Louis Fraval qui était, parait-il, dans un état de surexcitation violente.
Ces faits, que nous affirmons de la plus exacte vérité, nous font craindre pour le 5 mai prochain le renouvellement des désordres qui se sont produits le 14 octobre, et nous autorisent à exprimer nos nouvelles inquiétudes sur la sincérité du vote de nos concitoyens.
Nous demandons en conséquence, Monsieur le préfet, que l'administration prenne des mesures spéciales pour le maintien de l'ordre et de la paix publique, le 5 mai prochain, dans la commune de Moëlan.
Ont signé : MM. Le Tallec, Barbe, notaire, Quéhinnec et Thirion, propriétaire.
27 avril 1878 (Le Finistère)
Un huissier a remis à notre gérant, au nom de M. Lorois, une lettre dont nous avons annoncé la publication pour ce numéro. La voici, telle qu'elle nous a été signifiée :
Quimperlé, le 21 avril 1878
" Monsieur le Rédacteur,
" Je serais resté aussi indifférent aujourd'hui qu'hier en présence des attaques calomnieuses et diffamatoires que le Finistère dirige contre ma candidature [...] Tout d'abord il est faux qu'aucun débit donne à boire gratuitement dans l'arrondissement, à moins que ce soit aux frais du comité républicain. Je vous mets au défi d'en citer un seul, notamment dans les communes de Quimperlé, Moëlan, Melgven, ou même Locunolé, dont parle votre article. [...]
1 mai 1878 (Le Finistère)
Une seconde copie de la lettre de M. Lorois nous est arrivée de Moëlan. Elle est écrite, ou plutôt signée, par le terrible Fraval, garde de Mme de Tréveneuc, le même qui cherche à convertir à coups de poing les électeurs républicains. Fraval, lui aussi, certifie que les cabarets sont purs de fricots, que les cabaretiers ne savent pas ce que cela veut dire, que les ivrognes évitent la fréquentation de M. Lorois, et qu'il ne les a jamais attroupés (Fraval écrit attrappés) autour de lui.
Que voulez-vous que nous répondions à Fraval ? M. Lorois peut être fier : il a là, en vérité, un excellent garant !
12 octobre 1878 (Courrier de Bretagne)
Avant-hier, vers 10 heurs du matin, le sieur Bloa Julien, marin de commerce, âgé de 35 ans, né à Moëlan (Finistère), était embarqué sur le vapeur Tony, venant de Lorient. La mer était très grosse et il aidait les marins du bord à manoeuvrer, lorsqu'il fut enlevé par une lame, à environ 3 milles de Groix. Une bouée et le canot furent mis aussitôt à la mer ; le canot n'était plus qu'à quelques mètres du malheureux qui se tenait sur l'eau malgré la force des lames ; mais il disparut et toutes les recherches pour le retrouver restèrent sans résultat. Il laisse une veuve et deux orphelins.
27 novembre 1878 (Courrier de Bretagne)
Moëlan. - Un malheur est venu attrister Pont-Aven, mercredi, à 4 h. du soir. Le sieur Herlesdan, âgé de 42 ans, au service de M. Bergé, entrepreneur, revenait de Moëlan où il avait transporté des pierres pour l'église. Il voulut, malgré la marée et la vilence du vent, traverser, avec ses chevaux et sa charrette, la rivière de Bélon ; mais il fut entraîné par le courant et se noya ainsi que le cheval qu'il montait. On eut beaucoup de peine à ramener les deux autres sur la rive.
Herlesdan était marié et père de famille.
11 décembre 1878 (Le Finistère)
[...] Ce n'est pas d'ailleurs, dans la seule commune de Nizon que l'on a fait des bulletins gommés ; il y en a eu 600 dans toute la circonscription. Il y en a eu 170 dans la seule commune de Moëlan.
M. Lorois n'a jamais voulu user de ce moyen qui constitue une véritable fraude électorale, dans un pays où beaucoup de gens ne savent ni lire, ni écrire, et où, pour savoir quel est le bon bulletin, il faut en consulter les dimensions. [...]