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René de Beaumont

René de Beaumont

Un aristocrate contre la République

Bernard Boudic

 

BeaumontVendredi 23 février 1906. Le temps est froid et gris. Le jour n’est pas encore levé que le glas et le tocsin sonnent tour à tour au clocher de l’église de Moëlan. Le glas signale l’agonie, la mort ou les obsèques d'une personne. Et on sonne le tocsin pour alerter la population d'un danger imminent comme un incendie, une catastrophe naturelle, un naufrage, mais aussi pour rassembler la population en urgence. Que se passe-t-il de si grave ? La nouvelle bientôt court de village en village : c’est le jour tant redouté de l’inventaire des biens de l’Église prévu par la loi de séparation de l’Église et de l’État. Le préfet a prévenu le 30 janvier le maire de la commune, le comte René de Beaumont. Celui-ci a quitté la veille sa villa d’Hennebont, où il habite pendant l’hiver, et il est vite revenu à Moëlan. Le préfet a pour lui la loi de séparation de l’Église et de l’État votée le 9 décembre 1905. Le maire, lui, a déjà donné sa position : « Toute atteinte portée contre les biens de l’Église est illégale. C’est un vol manifeste ». L’affrontement est inévitable.

Le comte de Beaumont, qui a dormi au presbytère, s’est levé ce vendredi-là à 5 h du matin. Il a servi la messe puis il a fait le tour de l’église dont les portes ont été barricadées de l’intérieur. Une dizaine d’hommes montés au clocher sonnent le tocsin et le glas. A 9 h 45, arrivent d’Hennebont, par le train, la femme de René de Beaumont, Marie-Pauline Chrestien de Tréveneuc, sa fille, Yvonne, 19 ans, et son fils Guy, 16 ans. Par le même train, arrivent une trentaine de gendarmes à pied tandis qu’une vingtaine de gendarmes à cheval viennent par la route. A peine arrivés, ils barrent les rues qui conduisent à l’église et repoussent les six cents personnes qui se sont rassemblées.

 

« Vive l’Église, vive la liberté ! »
Son écharpe autour de la ceinture, le maire se porte au devant de ce qu’il appelle la force armée. La foule chante des cantiques et crie « Vive la liberté ». A 13 h, l’inventaire des biens du presbytère se déroule sans problème. A 14 h, le recteur se présente à l’église, étole et surplis passés sur sa soutane, et rejoint le maire et le conseil de fabrique (1). Face à eux, le commissaire de police de Quimperlé et le receveur de l’enregistrement. Ceux-ci refusent, tant que les portes resteront fermées, que le recteur lise la protestation qu’il a préparée. « Cette église, peut-on y lire, appartient aux Moëlanais. Elle a coûté, mobilier compris, à peu près 200 000 francs et les paroissiens en ont payé 180 000 ». Et le texte du recteur conclut : « Vive Dieu, vive l’Église, vive la France, vive la liberté ».

Le recteur empêché de parler, c’est le maire qui prend la parole : « Je proteste de toutes mes forces contre l’acte que vous voulez accomplir. L’église appartient aux Moëlanais et je vous dis en leur nom que vous n’entrerez pas. Vive Dieu ! Vive les Moëlanais ! » Propos tranchés mais tout à fait vains. Deux serruriers venus de Quimperlé vont mettre une demi-heure pour ouvrir la porte. A l’intérieur de l’église, on compte seulement six femmes et un prêtre. Dans le clocher une dizaine d’hommes qui, du reste, n’en descendent pas. Le receveur de l’enregistrement, M. Carnet, peut œuvrer en toute tranquillité.

Mais, tout d’un coup, un mouvement se produit du côté des gendarmes qui ferment la route de Clohars. Un journaliste raconte : « Nous voyons le commissaire de police de Quimperlé, M. Chassaing, arriver avec des gendarmes qui tiennent deux personnes et un jeune homme. Ce sont Mme la comtesse de Beaumont, la femme du maire, sa fille, Yvonne, 19 ans, et son fils, Guy, 16 ans. « C’est bien vous qui avez crié « A bas les voleurs ! », demande le commissaire. « Oui, Monsieur, répond Mme de Beaumont. Et nous le répétons. Vous faites un triste métier. Je vous plains Monsieur ». Les cris redoublent : « Vive la famille de Beaumont ! Vive la liberté ! ».

 

Quinze jours de prison ferme
ArrestationSa femme et deux de ses enfants arrêtés (Joseph Le Bloa de Kerglien, journalier à Chef-du-Bois, subira le même sort, histoire de dire que le maire n’est pas le seul visé), il ne reste plus au comte de Beaumont qu’à réquisitionner une voiture à cheval pour conduire les prisonniers devant le procureur à Quimperlé. Il les rejoint en fin d’après-midi pour apprendre qu’ils vont être placés en détention avant d’être entendus par un juge d’instruction. Quimperlé est déjà en ébullition. Le lendemain, samedi, vers 14 h, près de 600 manifestants accompagnent les trois « délinquants » de la prison au tribunal. Après un rapide interrogatoire, l’affaire est renvoyée au lundi 26 février. Le jour du procès, la sanction tombe : quinze jours de prison ferme (Joseph Le Bloa s’est repenti et sera moins sévèrement condamné). La peine est très lourde, eu égard à nos critères d’aujourd’hui. « Une foule indignée, dira le comte de Beaumont, fait aux condamnés une conduite triomphale jusqu’à la prison. »

Deux semaines plus tard, le 10 mars, à 6 h 30, leur peine subie, les Beaumont sont libérés et salués par une foule qui grossit sans cesse. Les cloches des églises et des chapelles de Quimperlé sonnent à toute volée. Le lendemain à Moëlan, après une nuit passée à Kerbertrand chez Henry de Mauduit, le directeur des Papeteries, l’accueil, à la gare, est aussi enthousiaste. Le clergé, bannières en tête, conduit les Beaumont à « l’église familiale » (l’expression, éloquente, est du comte lui-même). Même accueil le soir à Hennebont : délégations, bouquets de fleurs, embrassades… Pendant ce temps, le préfet, Henri Collignon, a enfoncé le clou et la sanction n’a pas tardé. Le 3 mars, le maire de Moëlan a été révoqué. Cet épisode fut le point culminant de l’opposition de René de Beaumont au pouvoir républicain.

 

Trois révocations
La révocation du 3 mars 1906 est la troisième qui frappe le maire de Moëlan. La première survient en janvier 1898 pour refus d’affichage du discours prononcé devant les députés, par Léon Bourgeois, plusieurs fois ministre, ancien président du Conseil, qui dénonce l’audace croissante des congrégations et l’influence des catholiques dans l’armée. René de Beaumont devra attendre le 29 janvier de l’année suivante pour récupérer son siège.

La deuxième révocation survient le 20 septembre 1902, aux lendemains d’une manifestation à Quimper contre l’expulsion des religieuses de leurs écoles. Cet été-là, les 17 et 18 août, Émile Combes applique avec rigueur la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, et en particulier l'expulsion des congrégations religieuses, ce qui entraîne de graves troubles dans de nombreuses communes. À Saint-Méen, dans le Léon, le 18 août 1902, alors que l’école est gardée par plusieurs centaines de personnes, deux commissaires, cinquante gendarmes et quatre cents hommes de l’infanterie coloniale mènent l’assaut sous les ordres du sous-préfet en personne. Les affrontements comme celui de Saint-Méen ont été nombreux en Bretagne pendant toutes ces années. Mais la condamnation à quinze jours de prison de la femme et des deux enfants d’un maire est un événement unique. Elle met fin à vingt-cinq ans d’une lutte de tous les instants entre le maire de Moëlan et le préfet du Finistère.

 

Grand propriétaire, royaliste, catholique
Qui est donc ce René Bonnin de la Bonninière de Beaumont qui mène le bal des opposants à l’administration républicaine ?

C’est d’abord un aristocrate, et un grand propriétaire terrien (mais il ne s’intéresse guère à l’agriculture). Il est né en Touraine, à Beaumont-la-Ronce, en 1854, et a fait des études de droit. Un contemporain le décrit ainsi vers 1900 alors qu’il a quarante-six ans : « Homme long (1 m 77) et mince, fin et distingué, très cultivé, aquarelliste de talent, il portait toujours des guêtres blanches et un monocle avec un ruban de soie noire ». Il était « le type parfait du gentleman de la Belle Époque ».

BeaumontGrand connaisseur du cheval (il traduisit de l’anglais plusieurs ouvrages très spécialisés), il fait partie du jury du concours hippique de Paris. « C’était un cavalier de premier ordre qui dressait parfaitement les chevaux les plus difficiles ». Après avoir navigué pendant une dizaine d’années à bord de son cotre « Pétrel » amarré au port de Merrien, il pratique la chasse à courre avec son équipage « Par Vaux et Beaux Monts » à partir du domaine de Kerlagadec en Pluvigner (Morbihan) où se trouve son chenil. Il s’est d’ailleurs rapproché de Kerlagadec en achetant vers 1896, le domaine des Terrasses à Hennebont où il passe l’hiver.

Royaliste, partisan d’un retour à l’ancien régime, il fut un fidèle du comte de Chambord, le petit-fils de Charles X, mort en 1883, qui devait gouverner sous le nom de Henri V. C’est aussi un fervent catholique, certains diraient un catholique enragé... C’est enfin un patriote, comme le montrera son engagement pendant la guerre de 1914-1918.

Voilà donc l’homme qui devient propriétaire du château de Plaçamen par son mariage avec Marie-Pauline Chrestien de Tréveneuc le 17 juin 1882, à la mairie du 7e arrondissement de Paris. Les Tréveneuc, originaires des Côtes-du-Nord, avaient acheté le domaine à Prosper-Michel Avice de Mougon en 1868 : ils possèdent par ailleurs le château de Lannouan en Landévant, celui de Kerlivio en Brandérion, le manoir de La Lardais en Ille-et-Vilaine et des terres près de Châteaubriant en Loire-Atlantique.

 

Une famille liée à l’Eglise
Devenue veuve en 1873, la mère de Marie-Pauline, Anna de Perrien, noue des relations extrêmement étroites avec l’Eglise. A la demande du conseil municipal, elle achète d’abord une maison pour ouvrir une « salle d’asile », vite transformée en école pour les filles. Ensuite, elle paie en partie le déménagement du cimetière contre la construction d’une chapelle abritant un caveau, et enfin elle finance largement la reconstruction de l’église paroissiale (démolie en 1876, parce que trop petite), et paie le maître-autel, l’escalier de la tour, les vitraux du chœur… Cette alliance avec le clergé va devenir encore plus étroite avec René de Beaumont. Dès son installation à Moëlan, il est élu conseiller municipal puis maire et il engage contre la République naissante un combat virulent dont le centre est l’école.

A peine nommé ministre de l’Instruction publique (1879), Jules Ferry prend en mars 1880 deux décrets. Le premier oblige les Jésuites à quitter l’enseignement dans un délai de trois mois. Le deuxième donne aux enseignants des congrégations non autorisées le même délai pour se mettre en règle ou pour quitter l’enseignement. Plus de 5 000 congréganistes sont alors expulsés. Un autre texte réserve les postes de l’université aux titulaires de diplômes d’état. Un quatrième texte (loi du 11 juin 1881) va réserver les fonctions d’instituteur (-trice) dans les écoles publiques et les écoles privées aux titulaires d’un brevet de capacité (un an pour se mettre en règle). Enfin, vont être votées en 1881 et 1882 les lois qui instaurent la gratuité de l’enseignement primaire, l’obligation scolaire et la laïcité de l’enseignement. Les décrets et les lois Ferry seront suivis par une autre loi très importante, la loi Goblet (2) (avocat, magistrat, journaliste) d’octobre 1886 qui prévoit la laïcisation du corps enseignant.
L’école des garçons de Moëlan est visée par toutes ces mesures car depuis sa création en 1839 par Casimir de Mauduit, elle est confiée aux Frères de La Mennais, dits aussi Frères de l’Instruction chrétienne ou Frères de Ploërmel. En décembre 1882, donc, un laïc est nommé à la place du frère Thénénan, directeur de l’école. Trois jours de manifestations s’ensuivent : coups de poings, jets de pierre, bousculades. L’une de ces manifestations est menée par le comte de Beaumont. Qui lance à l’inspecteur : « Vous chassez les frères. Sachez qu’avant six mois je les ferai revenir ».

 

La guerre des écoles
Aussitôt dit, aussitôt fait : le comte achète un terrain et la construction d’une nouvelle école démarre. Et à la rentrée 1883, le frère Thénénan, revient à Moëlan à la tête de l’école privée (l’école du Sacré-Cœur). L’accord passé entre la congrégation des frères de Ploërmel et le comte de Beaumont prévoit qu’il prenne à sa charge le traitement des deux frères instituteurs et tous les frais d’entretien de l’école qui accueille 120 élèves en 1884, 175 en 1901 : jusqu’aux rideaux dans la classe de frère Thénénan et jusqu’aux ferrures des portes des toilettes. Le  soutien du maire n’est pas de pure forme !

Pendant ce temps, la situation de l’école publique, se dégrade. Les frères ont tout emporté, dit l’inspecteur primaire : « Il ne nous reste que des tables vermoulues, boiteuses ou disloquées ; les portes n’ont pas de fermetures ; des vitres manquent aux fenêtres ;  la toiture est pourrie et percée en plusieurs endroits. La quatrième classe (63 élèves) n’a ni table ni bancs. Les enfants se tiennent debout pendant les leçons ; quand ils sont fatigués, on les fait asseoir par terre quelques instants ».

La mairie refuse de financer puis d’accepter la concession de trois écoles de hameaux (Kergroës, Kermoulin et Kerouze (3)) construites par l’État, sous prétexte qu’elle n’a rien demandé. Et pas question, des années plus tard, de construire une deuxième classe dans l’une de ces écoles : « Les garçons de plus de 13 ans peuvent aller à l’école du bourg – à 7 km pour les plus éloignés – où il y a de la place ». La mairie fait la sourde oreille aux plaintes des maîtres, de l’inspecteur d’académie et même du préfet. Selon les calculs de l’inspecteur primaire, l’école publique du bourg reçoit 225 élèves, 86 dans une classe de 40 m2, ce qui fait 0,46 m2 par élève, 139 dans une autre de 100 m2 soit 0,71 m2 par élève ». A l’école publique des filles (190 élèves), la situation n’est guère meilleure : l’une des deux classes accueille 135 élèves dans 46 mètres carrés, ce qui donne 0,34 m2 par élève. Au contraire, le maire est aux petits soins pour l’école catholique des filles créée par sa belle-mère, Mme de Tréveneuc. Et quand cette école est à son tour laïcisée en 1902, il achète un terrain où une nouvelle école de trois classes sera bénie le 5 novembre 1905 par l’évêque du diocèse.

Cette connivence est encore illustrée par l’éloge funèbre de l’abbé Moullec, ancien recteur de Moëlan,que fait le comte de Beaumont dans un article paru le 3 février 1911 dans La semaine religieuse : « Pendant près de vingt ans, écrit le comte, il fut mon ami et mon collaborateur ». Mon collaborateur ! Voilà qui situe bien la nature des relations entre le maire et le recteur de Moëlan. Témoignages de ces relations, subsistent une plaque et les armes des familles de Tréveneuc et de Beaumont dans l’église de Moëlan ainsi que la chapelle et le caveau du cimetière.

 

Engagé à 60 ans « pour la durée de la guerre »
BeaumontMais dans l’immédiat avant-guerre, après les inventaires des biens de l’Église, c’en est fini de l’influence du courant qu’incarne René de Beaumont. Le comte, a senti le vent du boulet : c’est à sa famille que la République s’est attaquée. Sa troisième révocation l’a une fois de plus écarté de la mairie. Et il préfère mettre les pouces. Conduite par Frédéric Barbe, notaire, la liste républicaine remporte les élections municipales du 3 mai 1908. Quatre ans plus tard, les écoles catholiques comprennent cinq classes, les écoles publiques quinze. Le comte va cultiver son amertume dans les rangs de l’Action française, le mouvement nationaliste et d’extrême-droite fondé en pleine Affaire Dreyfus et bientôt rejoint par Charles Maurras qui en fera un mouvement monarchiste.

Arrive la guerre de 1914-1918. C’est le moment de l’Union sacrée, selon les termes de Raymond Poincaré, le président de la République. Pour les Beaumont plus question de s’opposer au gouvernement. Au contraire, ils vont faire preuve d’un patriotisme exemplaire. Le fils aîné de René, Guy, l’adolescent emprisonné en 1906, est entré à Saint-Cyr en 1909. Il a intégré la promotion de Fez, celle-là même où est incorporé Charles de Gaulle et dont le major sera Alphonse Juin, le futur maréchal de France.

Affecté au 18e régiment de dragons, le lieutenant de Beaumont est gravement blessé près d’Arras en octobre 1914 (4). Hospitalisé à Alençon, il y décède le 15 novembre. Ses obsèques se déroulent à Moëlan le 25 novembre, en l’absence de son père qui s’est engagé lui-même, à 60 ans, pour la durée de la guerre, le 21 août 1914 au 25e régiment de dragons d’Angers avec le grade de maréchal des logis. Le deuxième fils de René de Beaumont, Hubert, s’engagea lui aussi à 18 ans, en 1917, au 1er régiment de dragons.

 

Patrons de Château-Latour
La paix revenue, René de Beaumont, qui est l’un des héritiers d’Alexandre de Ségur, président du parlement de Bordeaux au 18e siècle, est nommé gérant du prestigieux vignoble de Château Latour, l’un des plus renommés du Médoc, un des quatre vins rouges Premiers crûs du classement de 1855 (avec Château Lafitte, Château Margaux, Château Haut-Brion).

Chateau-Latour

Il le reste jusqu’à sa mort le 30 octobre 1940. Son fils Hubert lui succède alors et reste jusqu’en janvier 1963 le PDG de Château Latour, aujourd’hui propriété de François Pinault. Château Latour a été la grande affaire des Beaumont qui y ont consacré pendant quarante ans beaucoup de leur temps, de leur énergie et de leurs compétences. Cela valait le coup : une caisse de six bouteilles de Château Latour 2009 était vendue récemment sur internet 10 900 € (1 900 € la bouteille).

Il faut ajouter qu’Hubert fit le 31 juillet 1923 un très beau mariage : il épousa ce jour-là à Épernay, Hélène Chandon de Briailles, la fille du comte Jean-Rémy Chandon-Moët, président du conseil d’administration de Moët et Chandon (aujourd’hui propriété de Bernard Arnault, PDG de Louis-Vuitton-Moët-Hennessy).

Après la Libération, Hubert choisit de quitter Plaçamen pour le château de Lannouan à Landévant, qu’il tenait de la famille de sa grand-mère, les Perrien de Crénan, et organise l’installation à Plaçamen de son fils Guy. Porté disparu en Algérie en 1962, celui-ci laissait une veuve et deux jumelles, aujourd’hui décédées. C’est le fils de l’une d’elles, Dolorès, qui possède aujourd’hui Plaçamen.

 

Sources :
« Un inventaire à Moëlan en 1906 » par le comte René de Beaumont.
Carnets d’Yvonne, Germaine et Hubert de Beaumont.
« Un Château en Bretagne, Le domaine de Plaçamen de 1789 à nos jours », par Bernard Boudic (éditions Coop Breizh, 2015, 24 € 90).
Archives municipales et départementales.
Témoignages de Jean Conan, de Jean et François Favennec.
Remerciements chaleureux à Alexis de Limburg Stirum.

 

(1) Ensemble de paroissiens désignés comme responsables de la collecte et de la gestion des revenus de la paroisse.

(2) Il fut ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Freycinet (3 janvier 1882) et fit voter la loi qui rendait aux conseils municipaux le droit d’élire leur maire. En 1885, il devint ministre de l’Instruction publique. Il fit adopter par le Sénat après un long et intense débat parlementaire la loi qui porte son nom sur la laïcisation du personnel enseignant du primaire et du secondaire le 30 octobre 1886. Devient président du Conseil en 1886-1887. Meurt en 1905.

(3) On parle alors de l’école Saint-Pierre, de l’école de Saint-Thamec et de l’école de Brigneau.

(4) Il écrit à sa mère le 14 août : « Tout va bien encore. Nous venons de faire une randonnée superbe en Alsace et j’ai été jusqu’en vue du Rhin. Pour le moment, nous sommes au repos en attendant les grands coups. Je crois que les affaires vont bien pour nous. Mon peloton s’est bien montré jusqu’ici et je suis content. J’ai déjà fait trois prisonniers allemands. En somme, j’ai déjà un joli aperçu de la guerre et des souvenirs rudement intéressants que je vous raconterai peut-être un jour. Mon cheval blessé va mieux. Pas de nouveaux morts au régiment  »

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