Les Moëlanais
Au fil des années
Moëlan au fil des jours
28 mars 1867 (Annick Le Douget - La société rurale finistérienne face à la justice (1815-1914)- 2014)
Un dossier difficile de 1867 permet de cerner les nuances du problème quand, à l'occasion de la mort suspecte d'un bébé de treize mois, la justice vient à s'intéresser au comportement de ses parents, les Joua, journaliers misérables de Moëlan. Il vient d'être signalé au maire que l'enfant, exposé dans son linceul sur le banc-coffre, est couvert de plaies et porte de la marque de violences sur le visage. La femme Joua explique au juge que le petit François a été placé en nourrice jusqu'à ses huit mois, puis sevré et mis en pension ensuite chez sa belle-soeur Marie-Jeanne Joua, "parce qu'elle payait moins cher et qu'ensuite elle pouvait aller en journée comme couturière gagner quelqu'argent pour payer son loyer puisque son mari dépensait tout le sien dans les cabarets". Mais récemment, elle su que son enfant était mal soigné chez sa belle-soeur et elle est allée le rechercher avec son mari. Ils ont remarqué des tâches circulaires bleuâtres de cinq à six centimètres sur les joues, "que Marie-Jeanne Joua leur disait avoir été faites par un coq qui avait monté sur sa figure étant au lit". L'enfant était déjà très malade, et avant qu'il ne rendre son dernier soupir, ils ont remarqué que "des bouffées s'étaient levées sur les fesses puis le dos, sur le cou ; ces bouffées s'étaient crevées et ont rendu une eau claire, la peau restait alors attachée au linge de mon enfant". Le médecin, s'il conclut de fait à l'absence de violences, note que l'enfant a souffert de manque de soins, "ce qui lui a occasionné une inflammation d'intestins, chose très fréquente chez les malheureux par suite d'une mauvaise nourriture".
A.D. 29, 19 U 5/54, aff. Joua, p.-v. de gendarmerie du 29 mars 1867.