Les Moëlanais
Au fil des années
Moëlan au fil des jours
6 janvier 1883 (L'Univers)
La Résistance
Le conseil municipal de Moëlan (Finistère) vient de prendre la délibération suivante, qui flétrit énergiquement les menées de l'administration, et fixe les responsabilités dans l'agitation dont cette commune a été récemment le théâtre :
Conseil municipal de Moëlan
Séance extraordinaire du 17 décembre 1882
M. le président donne lecture et connaissance au conseil des lettres qu'il a reçues de l'administration supérieure, relativement à la laïcisation de l'école communale de garçons, à savoir :
1° Une lettre du préfet, datée du 7 décembre 1882, qui ne lui a été remise par M. l'inspecteur primaire que le 11 décembre, à 8 heures 1/2 du matin, à son domicile, distant de Quimperlé de 15 kilomètres au moins. M. l'inspecteur lui présenta en même temps M. Castel, nommé provisoirement instituteur, en remplacement de M. Kervennic, en religion frère Thénénan ;
2° Le 13 décembre 1882, sous une même enveloppe remise par un gendarme, deux lettres de M. le sous-préfet, datées l'une du 10 décembre, invitant le maire à convoquer le conseil pour donner son avis sur le choix d'un instituteur, en remplacement de l'instituteur congréganiste relevé de ses fonctions comme faible de santé, le 11 décembre 1882, jour de l'installation de l'instituteur laïque par M. Maupin, inspecteur primaire, sous prétexte que la congrégation n'aurait pas présenté de successeur ; mais cette dernière allégation est contredite par le supérieur de la congrégation qui affirme avoir présenté un titulaire le 9 décembre.
L'autre lettre, datée du 12 décembre, annonçait qu'en vertu d'un arrêté préfectoral du 11 décembre, M. Castel était nommé instituteur public, à titre de suppléant, pour l'école communale de Moëlan, et priait le maire de l'installer.
Ensuite, M. le président expose au conseil qu'il a refusé d'installer l'instituteur laïque, attendu que l'arrêté préfectoral ne lui a pas été communiqué et qu'il ne voulait pas agir sans consulter le conseil municipal, qu'il prie de délibérer sur cette importante question.
Le conseil, après en avoir délibéré,
Considérent que dès le 11 décembre, deux jours avant que M. le maire de Moëlan ait reçu la lettre de M. le sous-préfet de Quimperlé, M. l'inspecteur primaire venait conduire et installer à Moëlan deux instituteurs laïques, alors que le conseil municipal n'avait pas été mis à même de donner son avis sur leur choix ;
Considérant qu'aux termes des dispositions de l'article 4 du décret du 9 mars 1852 sur l'instruction publique, les instituteurs ne doivent être nommés qu'après que les conseils municipaux ont été entendus ;
Considérent que l'infraction à la loi commise par la nomination des instituteurs laïques de Moëlan est d'autant plus répréhensible, que les congréganistes qui la dirigeaient inspiraient aux chefs de famille la plus entière confiance et qu'ils avaient su gagner la respectueuse affection de leurs élèves ;
Considérant que le remplacement d'un instituteur congréganiste a eu lieu à Moëlan sans l'assentiment et sans le concours de l'autorité municipale, contre le voeu de la population, et d'une façon insolite et irritante ;
Qu'en effet, cest pendant les classes qu'on est venu arracher à leurs élèves des maîtres aimés et vénérés ; qu'il s'en est suivi dans la commune une vive et pénible impression et un mouvement dont la responsabilité retombe sur tous ceux qui l'ont provoqué ;
Considérant que depuis plus de quarante ans, Moëlan n'a eu qu'à se louer des frères qui ont dirigé son école communale, y compris le frère Thénénan, qui jouit actuellement et mieux que jamais d'une bonne santé ;
Proteste contre la nomination irrégulière et entachée d'illégalité, des instituteurs laïques installés à Moëlan, le 11 décembre ; déclare qu'il la considère comme nulle et non avenue, et émet l'avis que non seulement il n'y a pas lieu de laïciser l'école communale de Moëlan, mais demande à l'unanimité que l'on laisse la direction de cette école à un congréganiste.
Fait et délibéré à Moëlan, le ..., etc.
17 janvier 1883 (Le Finistère)
Vérification périodique des poids et mesures.
Moëlan, le 14 juillet, de 8 heures à midi et de 1 heure à 4 heures.
24 mars 1883 (Le Finistère)
Par arrêté de M. le préfet, en date du 17 mars, sont nommés instituteurs communaux :
Instituteur adjoint : Robert Marius à Moëlan.
4 avril 1883 (Le Morbihanais)
Moëlan, 17 mars. - Marie-Anne Guillou, veuve Bourhis, âgée de 61 ans, demeurait avec son gendre et sa fille à Kersaux, en Moëlan. Comme elle avait tenté déjà à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours, elle était l'objet d'une surveillance attentive de la part de sa fille. Mais samedi matin, ayant réussi à sortir à l'improviste, elle alla se jeter dans la rivière. Elle fut aperçue par le passeur de la Porte-Neuve qui appela le sieur Le Bourhis, gardien de parc à huîtres. Celui-ci mit son canot à flot et parvint à retirer de l'eau la veuve Bourhis qui, du reste, l'y aida de son mieux, l'instinct de conservation ayant repris le dessus. Mais quelques instants après, elle succombait à une congestion cérébrale causée par l'inversion qu'elle venait de sublir.
29 août 1883 (Le Finistère)
Moëlan, 23 août. - Un pauvre enfant de 5 ans, le nommé Le Goff, François, demeurant au village de Kervétot, en Moëlan, vient de périr d'une façon bien malheureuse. Il jouait avec plusieurs de ses camarades, lorsqu'il engagea une lutte à bras-le-corps avec le nommé Le Garrec, âgé de 8 ans. Dans cette lutte, il eût le dessous, et son ventre porta sur une pierre. L'enfant se releva en accusant une forte souffrance et se dirigea vers le domicile de ses parents. Ceux-ci le firent mettre au lit : il ne cessa de se plaindre toute la journée, sans que l'on crût le cas assez grave pour appeler un médecin ; mais le soir, le petit garçon se trouva plus mal et mourut dans la nuit. Une enquête fut immédiatement ouverte, à la suite de laquelle on procéda à l'autopsie. Le medécin a déclaré que la mort avait été déterminée par un péritonite, résultat d'un choc ou d'une forte pression sur le ventre.
1 septembre 1883 (Le Finistère)
Par arrêté de M. le Préfet du Finistère, en date du 25 août, sont nommés instituteurs publics :
Bannalec, Robert, instituteur adjoint à Moëlan.
Moëlan, Labous (sort de l'école normale).
19 octobre 1883 (La Lanterne)
Rennes - Lors de l'installation, en novembre 1882, des instituteurs laïques à Moëllan et du renvoi mérité des frères, une manifestation illégale fut organisée en faveur des expulsés. A la suite de cette manifestion, deux individus ivres exercèrent des violences sur la personne des instituteurs laïques. M. Orvoën, maire de Moëllan, conseiller d'arrondissement, fut traduit devant le tribunal correctionnel comme complice et acquitté.
Mais, par arrêt justement motivé de la cour de Rennes, ledit Orvoën vient d'être condamné à un mois de prison.
15 décembre 1883 (L'Union Monarchique du Finistère)
Quimperlé. - Le Publicateur de Quimperlé a reçu de l'honorable M. Orvoën la lettre suivante :
Quimperlé, le 7 décembre 1883
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien insérer la note ci-jointe dans votre journal.
Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, mes sincères salutations.
Orvoën
Ancien maire de Moëlan, conseiller d'arrondissement
"A 7 heures ce matin, je suis sorti de la maison d'arrêt de Quimperlé où j'ai subi la peine d'un mois de prison, à laquelle j'ai été condamné le 27 octobre dernier par arrêt de la Cour d'appel de Rennes qui a réformé, EN CE QUI ME CONCERNE, le jugement du tribunal de Quimperlé qui m'avait acquitté, ne me trouvant pas complice des voies de fait exercées envers M. Castel, lors de la laïcisation illégale de l'école communale de Moëlan."