Littérature
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Divers
Vie artistique à Moëlan
1885-1964
Laurence Penven (décembre 2019)
Naissance : 2 juin 1885 à Orléans.
Décès : 8 août 1964 à Nice.
Formation : Initiation à la peinture à l’adolescence, puis études de droit.
Rencontres artistiques : Maurice Asselin, Mathurin Méheut.
Amitiés : Maurice Asselin, Moïse Kisling, Francis Carco, Guillaume Apollinaire, Max Jacob.
Né à Orléans en 1885, Etienne Noel est très tôt attiré par la peinture. Dès son adolescence, il reçoit une formation par le peintre Henri Jamet. Une fois le bac obtenu, Étienne Noel entreprend des études de droit selon le souhait de son père.
Licencié en droit à l’Académie de Paris en 1906, il fait la connaissance de Maurice Asselin, originaire lui aussi d’Orléans, qui devient son ami et son maître. Sous son influence, il poursuit son initiation aux paysages et aux portraits à l’huile et aussi à l’aquarelle.
Il s’installe alors à Paris dans un atelier du XIVe arrondissement, fréquentant tout un cercle d’artistes. Outre Maurice Asselin, il y rencontre Moïse Kisling, Francis Carco, Guillaume Apollinaire, Max Jacob…
Maurice Asselin, portrait d'Etienne Noel, 1906
Grièvement blessé pendant la guerre en 1915, il ne peut plus peindre, car ne supporte plus les solvants de peinture. Il bénéficie d’une formation de reconversion aux ateliers Lachenal à Paris où il apprend l’art de la céramique. Entre les deux guerres il s’installe à Dieulefit où il achète la fabrique de Louis Pignet. Puis il est attiré par l’art de la verrerie où il se fait connaître rapidement. Il s’installe à Nice où il décède en 1964.
En 1916, Moïse Kisling, qui descendra lui aussi à l’auberge Bacon à Brigneau en 1919, dédicace une eau-forte à son ami Etienne Noel.
C’est grâce à Maurice Asselin qu’Etienne Noel découvre Moëlan. A partir de 1911, il y fait plusieurs séjours. En 1912 et 1913, il est à Brigneau avec Maurice Asselin.
En 1914, Jacques Vaillant, Ludovic-Rodo Pissaro, Marcel Fournier, Emile Jourdan et Pierre Mac Orlan complètent l'équipe.
Séduit par le synthétisme qu’il avait découvert lors de précédents séjours à Pont-Aven, il produit alors une série d’aquarelles sous l’influence de son ami.
Trois aquarelles de Brigneau représentent la jetée, le sentier qui surplombe l’usine Pellier, et le port à mi-marée. Le calme règne, la mer est plate, les bateaux sont déjà à quai ou rentrent au port, poussés par une risée.
Les paysages des rives du Belon sont tout aussi calmes, la teinte qui domine est le violet, couleur chère au peintre. C’est la marée haute dans l’anse de Lanriot vue depuis les hauteurs de Blorimond. On peut remarquer la maison de Louis Le Bourhis, (dit Louis Soldat), la maison Costaouec, toutes deux situées près de la chapelle de Lanriot, que le peintre a choisi de ne pas représenter. Pas ou peu de bateaux, dont le mouvement est simplement évoqué par une voile gonflée.
Lanriot, c’est aussi la campagne. La même maison, représentée cette fois au milieu de champs cultivés, est le sujet d’une aquarelle, où trois femmes en coiffe, au premier plan, s’échangent les nouvelles.
Un autre jour, Etienne Noel est sur le port de Belon, face au château de Solminihac sur la rive de Riec. Quelques misainiers remontent la rivière, portés par la brise et le flot.
Une grande toile en longueur datant de 1911, représente plusieurs chaloupes sardinières au mouillage, dont une avec son filet séchant, sans doute celui que Francis Carco mentionne dans un article à propos d’une exposition du peintre à Paris. Il s’agit encore du port du Belon. C’est la fin de la journée, un pêcheur s’affaire toujours à bord de son bateau, un autre a déjà « cabané » sa voile, un troisième n’a pas encore fini de remonter la rivière.
Un autre filet séchant est le sujet d’une aquarelle représentant peut-être Merrien.
Une maison, qui pourrait être vue depuis Kersel avec ses champs surplombant la rivière que l’on devine en arrière-plan, fait l’objet d’une aquarelle et d’une toile en 1913. Connue, dans la famille d’Etienne Noel, sous le nom de « Maison du douanier », serait-ce celle que Francis Carco nomme « un Ciel d’orage » ?
Deux années de suite, en 1912 et 1913, le peintre s’attarde aussi au village de Kerdoualen et sur sa petite plage en contrebas, bordée de rochers.
Pendant ces mêmes séjours, Etienne Noel a aussi peint les rives de l’Aven, en particulier le château du Hénant et le port de Rozbras.
La plupart de ses huiles et aquarelles sont présentées aux salons d’automne de 1911, 1912 et 1913.
Voici trois articles, dont l’un de son ami Francis Carco, à propos d’expositions en 1913 à Paris :
17 mars 1913 (« Gil Blas »), exposition à la galerie Rodrigues
Etienne Noel est un jeune peintre, très moderne. Mais son modernisme n'est point selon la formule. Il ne rugit pas avec les Fauves et ne jongle pas avec le Cube. Pourtant, ce jeune est bien à sa place parmi les jeunes, et singulièrement chez Max Rodrigues dont la neuve galerie est un lieu propice aux hardies entreprises.
Etienne Noel est moderne par la qualité de sa vision, par sa très particulière et très forte attention. Voici un peintre, au début de sa carrière, qui, ayant patiemment appris le métier de son art à Paris, discret, dédaigneux des hâtives exhibitions, ose, pour se révéler à lui-même, planter son chevalet sur les bords de l'Aven et du Belon, de Moëlan à Roz-Braz, de Kerfany à Quimperlé. Il ne redoute pas le fantôme de Gauguin rôdant sur la terrasse de Kerfany, comme le fantôme du roi du Danemark sur la terrasse d'Elseneur. Hélàs ! les vivants que le spectre de Kerfany tourmente, inquiète, envoûte, sont moins frères d'Hamlet que de Triplepatte.
Etienne Noel n'a pas peur des fantômes. Si ces fantômes sont des ombres de maîtres, il leur tire poliment son chapeau et sait se contenir. Il peint, tranquille, sûr de soi, très calme, ayant inventorié le paysage.
Car, en vérité, rien n'chappe à son oeil ; toutefois, ayant vu, il sait se borner à ne retenir que l'aliment de sa sensibilité.
Etienne Noel revint à Pont-Aven qu'il avait visité, adolescent, conduit par son beau souvenir. Devant le paysage, il sait l'étudier scrupuleusement, y découvrir ce qu'il n'y avait pas su voir, alors qu'il se promenait en flâneur, sans responsabilité de peintre, si j'ose dire ! Son secret, c'est, peu à peu, prenant ses pinceaux, de revenir au premier état de sa sensibilité.
Certes, les ouvrages d'Etienne Noel portent le signe de la jeunesse. Nous y découvrons encore celui de la féconde volonté.
La Palette (André Salmon)
3 novembre 1913 (Gil Blas)
Exposition Etienne Noel. - Demain mardi, 4 novembre, aura lieu, à la Galerie Max Rodriguez, la deuxième exposition des oeuvres d'un jeune peintre de grand mérite M. Etienne Noel.
Il expose onze toiles : Le sentier au bord de l'eau, Le Moulin de Poulfanc, La mer à Kerfany, La Rivière de Belon, Le Canal Saint-Martin, etc., et une quarantaine d'aquarelles.
Cette exposition sera visible jusqu'au 22 novembre. A la même galerie s'ouvrira, le 24, la première exposition d'un vigoureux paysagiste, M. Jacques Vaillant.
24 novembre 1913 (« L’Homme libre » ) exposition à la galerie Druet
Exposition annuelle à la galerie Druet … C’est encore un exposant du Salon d’Automne que M.Etienne Noel, dont on a pu voir à la galerie Rodrigues, ces jours-ci, un ensemble de peintures et d’aquarelles. M. Etienne Noel s’impose par la netteté de sa vision, sa solide, sa chaude, sa communicative émotion de peintre. Ses paysages ont une saveur qu’il ne nous est pas toujours donné d’éprouver avec autant de persistance chez nos meilleurs contemporains. Mais la légèreté de tons, les transparences et la vivacité d’expression des aquarelles de M. Noel sont d’un enchantement que nous n’oublions pas. Un « Petit bois de sapins », un « Filet-séchant », un « Ciel d’orage » suffisent à cet artiste pour célébrer la nature entière et honorer son art. M.Noel est un jeune homme et depuis longtemps déjà nous n’avons plus à lui faire crédit.
Francis Carco
Nos remerciements à Sylvie Tyralla-Noel.
Sources :
Exposition Etienne Noel, galerie Martial Duvert, Crest, 2018.
Martial Duvert et Alain Morel, Etudes drômoises, N° 77, mars 2019, pp. 19 à 23.
Gil Blas, 5 avril 1914.
"L'avant port à mi-marée" - 1913 Aquarelle |
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"Le Belon" - 1912 Aquarelle |
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H. Laurent 3473- BELON - La Rivière |
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"La maison Costaouec, Lanriot" - 1912 Aquarelle |
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1912 Aquarelle |
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"Le Belon" Huile sur toile (55 x 46 cm) |
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"La Maison du douanier" - 1913 Huile sur toile |
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"Kerdoualen, plage" - 1913 Aquarelle |
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1912 Huile sur toile |
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Duigou Tabacs Meubles MOELAN-sur-MER Rivière de merrien et dépendances de Plaçamen |
Aquarelle |
"Plaçamen" - 1913 Aquarelle |