1871-1953

Laurence Penven (décembre 2018)

 

Naissance : 1871 à Chaumont.

Décès : 1953 à Vars.

Formation : Académie Colarossi, académie Julian.

Maîtres : Gustave Moreau.

Mouvement : Impresionnisme.

Rencontres artistiques : Matisse, Rouault, Marquet, Slewinski, Beaufrère, Renoir.

 

Victor Roux-Champion par Renoir

 

Né à Chaumont, en Haute-Marne, Joseph Victor Roux suit des cours de dessin dès son adolescence. Il arrive à Paris en 1890 et s’inscrit aux cours de l’académie Colarossi, puis Bouguereau, de l’Académie Jullian. Il est élève à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts entre 1892 et 1895, année où il adopte le pseudonyme de Victor-Joseph Roux-Champion. Son maître est Gustave Moreau, ses amis Matisse, Marquet, Rouault. En 1896, il part à Pont-Aven, sur les traces de Gauguin (retourné à Tahiti), et y fait la rencontre du peintre Slewinski qui l'initie au synthétisme. Il apprend aussi la technique de la gravure sur zinc et sur bois. Henri Matisse le fait venir à Belle-Ile. En 1897, il fréquente à Paris les peintres du Bateau-lavoir. Cette même année, il fait son premier séjour à Moëlan où il reviendra chaque été jusqu’en 1905. Il séjourne aussi à Quimperlé et au Pouldu et rencontre le graveur Adolphe Beaufrère, avec qui il se lie d’amitié. Il expose pour la première fois à Paris en 1897, puis régulièrement au Salon d’automne, au Salon des Indépendants, à la Société nationale des Beaux-Arts. Son œuvre qui comprend des aquarelles et des gravures, est essentiellement composée de paysages et de portraits.  
A partir de 1904 il multiplie ses séjours en Provence où il produit des poteries. Il rencontre Renoir à Cagnes-sur-Mer. Il rentre vivre à Pressigny (Haute-Marne) dans la maison familiale pendant la guerre et s’installe à Paris jusqu’en 1929 pour revenir d’abord à Pressigny, puis à Vars (Haute-Saône), où il décède en 1953.

 

C’est donc entre 1897 et 1905 que Victor-Joseph Roux-Champion séjourne à Moëlan. Son œuvre qui comprend des aquarelles et des gravures, est essentiellement composée de portraits et de paysages.

 

Portraits et groupes de personnages :

Lors de son premier séjour, Il dessine le portrait d’un Mendiant de Moëlan, agenouillé, tournant le dos à un décor composé d’une lointaine chapelle flanquée d’un menhir. Ce mendiant porte la blouse, il a un chapeau et une canne, tout comme le Breton de Moëlan peint la même année. Au second plan cette fois, un mur d’église ou de chapelle est suggéré par un trait de crayon. On retrouve ce même décor, un peu plus élaboré, en second-plan d’un autre mendiant (Moëlan, le mendiant) qui a troqué la blouse pour une veste, tout en conservant chapeau et canne. Cette même année 1897, il fait aussi le portrait d’un Paysan de Moëlan, appuyé sur sa bêche, dans la campagne d’un village dont on aperçoit au loin le clocher de l’église, et qui servira en 1910 de modèle à une gravure intitulée Le bêcheur, homme de Moëlan. Seuls les titres de ces portraits indiquent qu’il s’agit de moëlanais. En effet, ils sont devant un décor conventionnel, mais qui souligne la condition sociale de leur modèle : mendiant devant un édifice religieux, paysan dans un champ.

 

L’année suivante, en 1898, Victor-Joseph Roux-Champion entreprend un nouveau voyage en Bretagne, et réalise une estampe intitulée Sur le port de Belon. Sa particularité est d’être tirée à l’envers, comme le prouvent les chiffres de l’immatriculation du bateau à quai. Un dessin, intitulé Merrien (devant l’océan), avec des groupes d’hommes et de femmes similaires, et même le chien, est à rapprocher de cette estampe. De fait, à part l’indication « Mérien » en bas à droite du dessin, rien ne permet de localiser les deux œuvres.

 

Deux portraits encore en 1900 : une Jeune bretonne en costume de Moëlan, sans décor, et une Bretonne tricotant, dans l’intérieur de sa maison, avec en arrière-plan un décor composé d’un lit-clos et d’un corbelet de cheminée, typiques des intérieurs bretons de l’époque.

Une aquarelle de 1902, intitulée Devant l’église représente un groupe de femmes devant le porche ouest de la chapelle Saint Philibert avec ses pinacles et son accolade caractéristiques (1). Ce même porche est encore présent sur un dessin aquarellé intitulé Retour de Lourdes, pardon de Saint Philibert.

 

Paysages :
Tout autre est le tableau du Port de Brigneau, datant aussi de 1897 : il ne s’agit plus d’un simple décor, mais bien de la représentation d’un paysage, vu depuis le chemin d’accès au-dessus de l’anse de Porz Bagou, avec pour toute infrastructure portuaire la digue de Malachappe, en arrière-plan. Le môle intérieur ainsi que les quais ne seront construits que plus tard. On aperçoit deux silhouettes féminines et celle d’un pêcheur, cheminant vers l’usine. Cette huile sur toile est à rapprocher de celle faite par Jacques Vaillant quelques années plus tard, lors d’un de ses séjours à Brigneau. L'aquarelle Le Port de Brigneau, représente les bateaux amarrés au quai Chancerelle, seule infrastructure portuaire existant alors, avec la digue de Malachappe, où le peintre s'est installé. (Le môle de Pors-Bagou sera construit en 1904) 

 

L’année suivante, en 1898, une aquarelle de l’anse du Guilly :  Rivière bretonne (1898). Au premier plan la marée a déjà envahi en partie le fond de l’anse, laissant émerger un promontoire rocheux sur la rive gauche ; en arrière-plan, la rive droite et une maison au ras de l’eau.

Mais c’est essentiellement Merrien, sa rivière et son port, qui sont les sujets d’aquarelles et de gravures. Le Petit port sur la rivière de Merrien (1902), est à rapprocher de la Rivière de Merrien d’Henry Moret (1908). Des misainiers sont amarrés à la cale, construite en 1865 par le docteur Balestrié pour le déchargement du poisson traité à proximité dans son usine, devenue alors usine Tirot & Cie. A droite, on devine sur l’autre rive la maison d’un gardien d’huîtres, Jean-Marie Andrieu, de Porz ar sant, au service du comte de Beaumont. En arrière-plan, le corps de garde du XVIIème siècle, rive droite aussi.

Une estampe tirée à l’envers Vue d’un village et un dessin aquarellé Merrien offrent un nouveau point de vue sur la rivière de Merrien, dominée par le village de Kersécol et son usine.

Toujours Merrien sur deux estampes intitulées une fois Bateaux sur une rivière, mer au fond, et une autre fois Pluie. Le tirage est, encore un fois, à l’envers, mais on peut reconnaître le corps de garde de la rive droite (à gauche donc sur les estampes) et le coude de la rivière juste avant son embouchure.

Toutes ces rias sont représentées d’amont en aval, souvent avec la mer en arrière-plan, le peintre privilégiant la rivière au premier-plan.

 

Sources :
- Catherine Puget : « catalogue de l’exposition Roux-Champion », musée de Pont-Aven, 1991.
- Josiane Thiérot, Catherine Casteillon : « Victor-Joseph Roux-Champion, sur les traces de Gauguin », les éditions de Franche-Comté, 2005.
- Musée départemental breton, Quimper.
- Site web : https://www.flickr.com.

"Breton de Moëlan" - 1897 Aquarelle sur trait de crayon (31 x 22,5 cm) Collection particulière	"Paysan de Moëlan" - circa 1897 Dessin fusain et pastel (32,5 x 24,5 cm) Musée départemental breton, Quimper
"Le Port de Brigneau" - circa 1897 Huile sur toile (60 x 73 cm) Collection particulière	"Mendiant de Moëlan" - circa 1897 Dessin, fusain et aquarelle (31 x 23,5 cm) Musée départemental breton, Quimper
"Sur le port de Belon" - circa 1898 Eau-forte et aquatinte (13 x 18 cm) (tirée à l'envers) Musée de Pont-Aven	"Rivière bretonne" - 1898 Aquarelle (26 x 34 cm)
"Jeune Bretonne en costume de Moëlan" - 1900 Dessin rehaussé pastel (31 x 24 cm)	"Bretonne tricotant" - vers 1900 (25 x 31,2 cm)
"Campagne du Belon" - 1902 Aquarelle (24,5 x 30 cm) Collection particulière	"Moëlan (devant l'église)" - 1902 Crayon et aquarelle sur papier Musée des beaux-arts de Quimper
"Le petit port sur la rivière de Merrien" - 1902 Aquarelle	"L'estuaire du Belon" - 1902 Aquarelle (11,5 x 17,7 cm)
"Port de Merrien" - 1905 Eau-forte, aquatinte, vernis mou et roulette sur vélin	"Le petit port"- circa 1910 Estampe
"Le bêcheur, homme de Moëlan" - circa 1910 Estampe eau-forte (42,4 x 29,7 cm) Musée départemental breton, Quimper	"Merrien (devant l'océan)" Crayon et aquarelle sur papier (14 x 18 cm) Musée des beaux-arts de Quimper
"Jeune fille en prière"	"Moëlan, le mendiant" Crayon et aquarelle (ou fusain) sur papier Musée des beaux-arts de Quimper
"Vue d'un village" (tirage à l'envers) Gravure Musée des Beaux arts , Quimper	"Merrien" Crayon et aquarelle sur papier Musée des beaux-arts de Quimper
"Bateaux sur une rivière, mer au fond" Gravure sur cuivre (20 x 19 cm) Musée d'Art Moderne de la ville de Paris Tirage à l'envers	"Pluie" Gravure Musée de Pont-Aven Tirage à l'envers
"Retour de Lourdes, Moëlan, pardon de Saint Philibert" Crayon rehaussé d'aquarelle et de gouache (12 x 17 cm)	"Le port de Brigneau" Aquarelle (24 x 36 cm)
"Bretonnes en prière devant l'église" Aquarelle, sbg (22 x 28 cm)
"La ria du Bélon" Eau-forte (15 x 15 cm)	"Moëlan" Aquarelle (13 x 16 cm)
"La côte de Moëlan" Crayon rehaussé d’aquarelle (19 x 32 cm)	"Brigneau" Eau-forte et aquatinte en couleurs (26 x 35 cm)
"Rue de Moëlan" Crayon rehaussé d’aquarelle (18,5 x 32 cm)	"Paysage de Moëlan" Crayon rehaussé d’aquarelle (12 x 17 cm)
"Pluie sur le Belon" Eau-forte (15 x 15 cm)