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Les moulins
Juin 2021 |
Un des plus anciens moulins à vent de Moëlan était celui de Kerascoët. La parcelle B 529 (Park ar vilin avel, « champ du moulin à vent ») de l’ancien cadastre napoléonien, sur lequel il se dressait, était éloignée d’environ 300 mètres du village de Kerascoët, mais jouxtait le lieu-dit Petite-Lande. Sur le plan cadastral, un signal de triangulation dit Signal de Lan-Bihan est dessiné à l’extrême sud de la parcelle.
La seigneurie de Kerascoët était d’ancienne origine et sous la juridiction de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, dès 1401. (1)
Son moulin, dont l’existence est attestée en 1540 (2), situé à un peu plus de 50 m d’altitude, appartenait au XVème siècle à la famille de Corfineau (Corffmau, Corfinaoult). Dans un aveu daté de 1548, Jacques Corfinaoult déclare le manoir et le moulin de Kerascoët, au fief de l’abbaye de Sainte-Croix (3). Puis le bien devient la propriété de la famille Le Couriault à la fin de XVIIeme siècle. En 1682, Guillaume Charrier, abbé commendataire de l’abbaye de Sainte-Croix à Quimperlé, dans sa déclaration pour le Papier terrier, mentionne une seigneurie de ligence sur le manoir de Kerascoët appartenant à Thomas Le Couriault. [Terrier Ste Croix]
Le premier meunier dont nous connaissons le nom est Maurice Guillou, décédé au moulin de Kerascoët en 1694. Quelques années plus tard, en 1715, le couple de meuniers Louis Salaun et Marie Even y donne naissance à un garçon. Puis, le 8 janvier 1717, Thomas Le Couriault afféage le moulin à Bertrand Le Breton (1661-1731) et sa femme Izabelle Guenou (1667-1727), meuniers auparavant au moulin de Damany [impôts 20ème]. Roch Colin (1702-1741) et sa femme Jeanne Le Pennec, issue d’une famille de meuniers, vont leur succéder. Ils doivent à Joseph Marie Le Couriault, fils de Thomas, une rente féagère de 15 livres. Le couple Colin sera par la suite preneur du moulin de Damany.
Puis, pendant plus de 25 ans, la famille de meuniers Bolido (Bolidau) s’installe au moulin : Louis (1714-1774) et sa femme Colombe Bondé d’abord vers 1750, puis leur fils Jacques (1745-1782) et sa femme Françoise Canévet. Un autre couple est au moulin en même temps qu’eux en 1776, Jacques Le Doz (-1811) et Marie Uhel (1735-1776).
Le distroit du moulin de Kerascoët s’étend sur les autres terres appartenant à la famille Le Couriault : ainsi, les domaniers de Kernon Larmor sont tenus de suivre le moulin de Kerascoët en 1763 et ceux de Kervétot doivent y moudre leur blé. (4)
Les dernières années du XVIIIè siècle voient se succéder au moulin :
- En 1782, Jean Le Beuriel et Marguerite Eon, grand-tante de Mathurin Eon qui sera plus tard meunier au moulin du Duc ;
- En 1787, Guillaume Le Talgorn et Anne Goallou. Cette dernière décède au moulin en 1793.
En 1786, le montant des impôts pour le vingtième, dus sur les revenus du moulin, s'élèvent à 2 livres.
Ensuite, il semble que le moulin a cessé toute activité.
A-t’il alors été détruit ? Vendu comme bien national ? Toujours est-il qu’en 1832 la parcelle sur lequel il était édifié est déclarée terre labourable. La propriétaire en est Marie-Catherine Le Delliou, descendante de Yves Le Talgarn, domanier du lieu noble de Kerascoët en 1751.
De nos jours, il semblerait que l’existence de cet ancien moulin soit ignorée de la plupart.
(2) Hollocou-Plourin, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven ; vol.2, Emgleo Breiz, Quimper, 2008. p.230
(3) Meuric-Philippon, Gabrielle, op. cit. p.110
(4) Ibid. p.110, p.121
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Propriétaires |
Meuniers |
1540, 1548 |
Jacques Corfineau (Corffmau), seigneur de Kervern - au fief de Sainte-Croix |
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1660 |
René Corfinaoult de Kervern |
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1669 |
Thomas Le Couriault seigneur de Kerascoet de la Villeneuve (1636-1717) x dame Catherine Pitot (1643-1720) |
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1682 |
Thomas Le Couriault - seigneurie de ligence de Sainte-Croix |
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1694 |
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Maurice Guillou (1634-1694) |
1715 |
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Louis Salaun x Marie Even |
1717 |
Thomas Le Couriaut (1636-1717) x Catherine Pitot |
Bertrand Le Breton (1661-1731) x Izabelle Guenou (1667-1727) |
> 1730 ? |
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Roch Colin (1702-1741) x Jeanne Michèle Le Pennec |
1751 |
Joseph Marie Le Couriault (1715-1778) |
? |
1754 |
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Louis Bollido (1714-1774) x Colombe Bondé |
1763-1777 |
Thomas Le Couriault (1712-1773) x Jeanne de Kerpaen de Kersalo (1726-1756) |
Louis Bollido (1714-1774) x Colombe Bondé, puis Jacques Bolidau (1745-1782) x Françoise Canevet |
1776 |
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Jacques Le Doz (-1811) x Marie Uhel (1735-1776) |
1782 |
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Jean Le Beuriel x Marguerite Eon (1739-) |
1787-1793 |
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Guillaume Le Talgorn (1757) x Anne Goallou (1750-1793) |
Autres moulins oubliés
Quelques autres anciens moulins ont pu être répertoriés sur la commune de Moëlan, soit parce que la parcelle où ils se situaient le mentionne, soit par des témoignages de Moëlanais.
Juin 2021 |
Ainsi, sur le cours d’eau qui se jette au fond de l’anse de Lanriot, au débouché du vallon entre les hauteurs de Kermeurbras au nord et celles de Blorimond au sud, se trouve un ancien lavoir, appelé autrefois Stang velin ou « Lavoir du moulin ». Il est connu aussi sous le nom de « Lavoir de Lanriot ». Une passerelle en bois, récemment installée au-dessus, enjambe le ruisseau et permet de passer sans encombre d’une rive à l’autre, de Kermeurbras à Blorimond.
Emile Jourdan, La Chapelle de Lanriot au clair de lune, 1926 |
Le lavoir
C’était autrefois le lavoir utilisé par les femmes de Kersel et de Blorimond, lesquelles y accédaient par le sentier côtier, leur baluchon de linge sur le dos. Composé de dalles de pierre où l’on étalait le linge au bord du ruisseau, le lavoir, cimenté après la seconde guerre mondiale, est aujourd’hui désaffecté.
Dans les prairies en amont, d’autres lavoirs jalonnaient le ruisseau, alimenté en toutes saisons. Ceci témoigne de l’importance de son débit, suffisant pour justifier la construction d’un moulin, il y a plusieurs siècles, sur sa rive droite. Son cours aval assez étroit et qui semble par endroits avoir été canalisé il y a fort longtemps, suggère un ancien bief.
Ce moulin dépendait alors du manoir de Kermeurbras ou Kermorbras, appartenant en 1426 à Hervé Le Moël, et en 1502 à Yves de Keremel, seigneur de Kerjégu. Mais déjà en 1682, lors de la description du « lieu noble de Quermeurbras » dans sa déclaration pour le Papier terrier, René de Lohéac ne fait mention d’aucun moulin. [Terrier René de Lohéac]. Il devait déjà être détruit, ou du moins hors d’usage.
Seul le nom de plusieurs parcelles du cadastre de 1832, Stang velin (R 260 à 276), atteste l’existence de ce très ancien moulin.
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A Kernon Larmor aussi, a existé autrefois un moulin qui devait déjà être détruit en 1763 puisqu’alors les domaniers du village doivent « suivre le moulin de Kerascoët » (1). En 1832, plusieurs parcelles (M 566, M 567, M 568) s’appellent Park milin avel (« Champ du moulin à vent »). Sur le plan cadastral, un signal de triangulation, appelé « Signal Kervaziou » est dessiné sur la parcelle voisine, M 569. Ces terres sont situées en haut de la côte de Pouldour, en bordure de la route qui mène actuellement à Kerabas.
De même, un moulin à vent aurait existé à Kerloshouarn ou Kerlichouarn, village aujourd’hui confondu avec Kersell, où les habitants de Kervasselin (Kersell) et du Clerc’h devaient porter leurs blés (2). Guillaume Charrier, abbé commendataire de l’abbaye de Sainte-Croix à Quimperlé déclare en 1682 une seigneurie de ligence sur le village de Querloshouarn autrefois à Thépaulde du Combout, dame de Querstang. Ainsi qu’une autre tenue d’héritage au village de Kervasselin que tiennent à convenant André Corollou, Pierre Levenic et consorts [Terrier Ste Croix].
Le terrier de Saint-Maurice décrit également cette tenue : une tenue au village de Quervasselin [Kersell], profitée audit titre par Pierre Levenic et consorts par indivis sous les seigneurs abbés de Sainte-Croix de Quimperlé et de Saint-Maurice, les seigneurs de Quermoguer et Boisrobin, pour en payer par an de pareille rente à ladite abbaye de Saint-Maurice deux livres trois sols deux deniers. [Terrier St Maurice]
Pierre Levenic (1657-1707) était-il le meunier de ce moulin ? Son acte de décès mentionne qu’il était meunier. Mais la lecture du nom du moulin est difficile et ne permet pas de préciser de quel moulin il s’agit.
Le samedi vingt quatrième avril 1707 a été enterré en l’église paroisse de Moëlan, par moi soussignant prêtre, le corps de Pierre Levenic du moulin d’ ? , âgé de cinquante ans, décédé du jour précédent en la communion de notre mère la sainte Eglise : présents ont été au convoi : Joseph Henry son beau-frère, Sébastien Le Pocher et autres qui ne signent. (signé : Guillaume Le Béchennec, prêtre)
L’existence de deux autres moulins à vent nous est rapportée par des témoignages d’anciens Moëlanais.
Le premier est celui de Kerfany.
Yves Salin, (1862-1941), qui exploitait les viviers de Beg-Porz, et avait acheté les terrains et la pension de Kerfany, disait avoir eu connaissance de l’existence d’un moulin à vent, mais ne l’avait jamais vu. (3)
Plus proche de nous, le 20 février 1970, Marcel Brochard écrivait :
Imaginez-vous en 1900, la lande sur tout le promontoire avec cependant un moulin à vent, désaffecté. Il était évidemment au point le plus haut, juste devant notre maison « Les Pins ». Il est indiqué sur les cartes marines et devait servir de repères aux navigateurs. On ne distingue plus, de ce moulin, que l’emplacement du tertre, maintenant boisé comme tout le reste.
La villa « les Pins » fut un restaurant de Mélanie de 1926 à 1928.
Nous n’avons trouvé mention d’un moulin à cet endroit, ni dans les déclarations pour le Papier terrier (1678-1682), ni sur le cadastre napoléonien de 1832, ni dans la liste des moulins à vent construits entre 1849 et 1879. Toutefois un signal (« Signal Clerc’h ») est dessiné sur le plan cadastral de 1832 à l’emplacement indiqué par Marcel Brochard.
Enfin, il nous a semblé intéressant de terminer par le village de Kermoulin ou Kervilin dont le nom ne serait pas dû à la présence d’un moulin, mais à celle de Jehan et Mahé Le Mélin, domaniers en 1539. (4)
Toutefois, un témoignage d’un Moëlanais nous est parvenu, qui dit se souvenir de l’existence de fondations d’un ancien moulin entre Kergotter et Kermoulin, vers 1950, à peu près à l’emplacement du « Signal de Kerquiminer » du plan cadastral de 1832. Ces fondations ont disparu au moment du remembrement.
Y aurait-il eu là une construction de moulin, postérieure à 1880, moulin qui aurait été détruit quelques années, voire décennies plus tard ? D’autres moulin à vent, construits dans la seconde moitié du XIXe siècle, eurent une durée de vie assez brève : ce fut le cas par exemple, du moulin de Kernon Largoat (une trentaine d’années de 1857 à 1890) et du moulin à vent « Marion » (dix-sept ans, de 1879 à 1896).
Septembre 2022
Un moulin à vent a existé à Kervignac, attesté par le nom de certaines parcelles du cadastre napoléonien, parcelles situées entre L 1268 et L 1278, (à proximité des actuelles route de Riec-sur-Bélon et route de Kervignac) se nommant " Parc ros ar vel " (champ de la butte du moulin) et " Parc croas ar veil " (champ du carrefour du moulin).
Déjà détruit en 1832, il était toutefois en activité entre 1786 et 1790, années où il est mentionné dans le relevé du rôle des impôts pour le vingtième. Le montant dû pour le Moulin de Kervignac est de 4 sols en 1786, 3 sols en 1787 et 1789, et enfin de 4 sols à nouveau en 1790.
Il fut sans doute édifié après les déclarations des papiers terriers de 1678 à 1682.
(1) Meuric-Philippon, Gabrielle, Moëlan en Cornouaille, 1975, p. 110
(2) Colliou-Guermeur, Marie-Claude, Terres et gens du Bélon, 1789-1920, Des sources à la mer, 2003. p. 225
(3) Geneviève Terrière-Brochard, Témoignage sur Kerfany, notes prises sous la dictée d’Yvonne Salin, fille d’Yves, 2005.
(4) Hollocou-Plourin, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven ; vol.2, Emgleo Breiz, Quimper, 2008. p.224