Patrimoine
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Les moulins
Le moulin de Damany est situé sur le ruisseau qui passe à Pont-ar-Laer et coule vers le fond de la ria de Merrien dans une vallée relativement encaissée. Ce ruisseau est appelé « rivière de Merrien » sur les cartes IGN actuelles. Autrefois, l’accès principal au moulin depuis le bourg de Moëlan se faisait à partir de Kerglien, par une voie charretière qui descendait vers le ruisseau que l’on traversait à Loge Keranglien, au Pont Meign (pont de pierre), avant de passer sur les terres de Damany et remonter légèrement avant la dernière descente sur le moulin. Sur la rive gauche, après le moulin, ce chemin se prolongeait même jusqu’à Kerviligen.
Puis le moulin est afféagé à Bertrand Le Breton (1661-1731), marié à Izabelle Guenou (1667-1727) fille d’Yves. Ils seront ensuite meuniers au moulin de Kerascoët. Bertrand Le Breton revient au moulin en 1730 avec sa seconde femme, Marie Mahé.
Au décès de Joseph Le Breton, sa fille Marie-Françoise (1728-1789) et son mari François Guitton (1731-1779) sont la quatrième génération de meuniers descendant de Yves Guénou.
Puis le terrain est devenu propriété de Thomas Casimir de Mauduit à qui une rente de 40 francs est due en 1846 [1846-195]. Les époux Guitton doivent hypothéquer le moulin.
GUITTON - FAVENNEC L’année suivante, Marie-Mathurine (1827-1904), fille de Martial, épouse un cultivateur de Kermeurzac’h, Julien Favennec (1828-1901), qui va apprendre le métier de meunier auprès de son beau-père. Six enfants naissent entre 1853 et 1865. La dynastie Favennec succède à celle des Guitton, qui avaient eux-mêmes pris la suite de leurs ancêtres Le Breton-Guenou. Puis les enfants de Julien Favennec et Marie-Mathurine Guitton vont leur succéder et plusieurs générations vont cohabiter au moulin pendant quelques années : Marie-Mathurine Favennec (1854-1889) mariée à Jean-Louis Marie Le Corre (1856-1893) qui n’est pas meunier mais marin, Julien Marie Favennec (1857-1914) marié à Marie-Yvonne Le Maout (1855-1938), François Favennec (1859-1932), marié à Marie-Françoise Bris (1864-1900), Melaine Corentin Pierre Jean Marie Favennec (1862-1930), marié à Marie-Mélanie Quentel (1867-1910). [1888-88] [1888-89] François rachète les moulins à ses frères et soeur en 1889 [1889-281]. Le moulin est relativement modeste, imposé seulement à 40 francs en 1891. C’est alors la somme la plus faible de tous les moulins à eau de Moëlan. Une nouvelle tradition familiale s’est installée : sonneur de biniou. Julien, le père, en est le chef de file. Puis ses fils, Julien, François et Melaine. Julien jouait en couple avec Jean-Louis Rouat (1870-1938) à la bombarde. Il exerçait aussi le métier de hongreur, activité qui lui imposait de nombreux déplacements [...et qui] se révélait fort pratique pour lui servir d’alibi quand il prolongeait la durée de ses sorties en compagnie du sonneur de bombarde (4). Enfin, Melaine, fils de François, qui était non seulement un grand joueur de biniou, mais aussi d’accordéon.
Après le décès de Julien (1), son fils François, remarié à Marie-Hélène Guyomar (1863-1918), reste seul au moulin, aidé par le fils de sa femme, François Bourhis (1892-1914), garçon-meunier. Après la guerre et aussi le décès de son épouse, François est aidé par son fils Mélaine et par son gendre Emile Dagorn (1894-1965), qui a épousé Marie-Mathurine (1901-1962) en 1921. Il lui afferme le moulin pour 8 ans du 5 janvier 1922 au 29 septembre 1930 [1922-004].
En 1930, Melaine, désormais propriétaire des moulins de Damany et de Kerglien [1930-049], signe pour 2 000 francs, un nouveau bail d’un an au couple Dagorn, avant que ce dernier ne quitte le moulin de Damany pour prendre en ferme l’exploitation voisine près du manoir. [1930-50] Mélaine, connu à Moëlan sous le nom de Melan, et sa femme Mélanie Coroller prennent alors possession du moulin.
La maison d’habitation en 1991
Etat en 1991
1991. En bas à droite de la photo, le moteur diesel
On aperçoit l’axe horizontal et une roue qui était reliée au moteur
Un four à pain était accolé au mur du bief. Son état de délabrement après la démolition d’une partie du pignon le rendant inutilisable, un nouveau four est alors construit dans le jardin.
En 1967, Melaine cesse son activité de meunier. Personne ne prendra sa suite. Il constituait la 9ème génération de meuniers, descendants directs d’Yves Guenou depuis 300 ans. Il décède en 1985. Après le décès de Mélanie Favennec en 1990, les trois enfants mettent en vente le moulin. . Le moulin en mars 2021 (1) Archives départementales antérieures à 1790, Loire-Inférieure : archives civiles : série B, chambre des comptes de Bretagne, liasse B 1563, aveux et dénombrement des terres, paroisse de Guidel, p.368 (2) Hollocou-Plourin, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven ; vol.2 , Emgleo Breiz, Quimper, 2008. p.236 Légende du tableau : (1 à 9) Le chiffre en gras devant le nom indique l’ordre dans la dynastie des meuniers. PF : propriétaire foncier uniquement
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Mai 2021 |
Au Moyen-âge, Kerglien était un village de cacous (du breton Kakous = lépreux). Une maladrerie y avait été construite par les Templiers.
En 1836, la famille Nouzac’h et la famille André, descendant de cacous établis à Moëlan à la fin du XVIIème siècle, se partagent les maisons et les terres de Kerglien. Pierre le Nouzac’h (1876-1849), tonnelier, et Marie Jeanne Pontré, veuve Louis André, cordière, exercent encore les professions traditionnelles de leurs ancêtres. La corderie est installée le long du chemin en bordure duquel sera construite au XXème siècle une station d’épuration. Un charron, Guillaume Tanguy, est locataire d’une troisième maison. Un tisserand, un sabotier, un tailleur, un cabaretier, une fileuse viendront bientôt s’installer dans le village, parfois brièvement. On y trouvera aussi deux « mendiants » (en 1856) et deux « indigents » (en 1861).
Le village de Kerglien au début du XXème siècle
En janvier 1847, André André (1807-1874), cultivateur, cordier, décide de faire construire un moulin à vent dans un terrain familial, sur les hauteurs de l’ouest du village, en bordure de la route qui mène du bourg de Moëlan à Brigneau. Il achète à cet effet à ses sœurs une parcelle de 48 ares, dans un grand champ appelé Parc Dalahé (« champ d’en haut », parcelle T 29) [1847-846]. Dès son achèvement, le moulin est loué en 1849 au voisin François Le Nouzac’h. (1)
Deux ans seulement après, le 8 mars 1851, André André signe un bail à ferme de 11 ans avec le meunier Pierre Joseph Colin (1827-1898), habitant à Kerancalvez [1851-26]. Une petite maison, dite Ti bian, ainsi qu’un jardin font partie de la location. Pierre Joseph Colin sera plus tard meunier au moulin de Kerduel pendant une vingtaine d’années. Le montant des impôts dus sur le moulin s’élève à 40 francs, somme la plus faible pour les moulins à vent de Moëlan à l’époque (de 40 à 60 francs).
Mais deux autres années s’écoulent à peine, que, le 1er janvier 1853, André André vend le moulin pour 900 francs au meunier Michel George (Josse) (1830-1878), qui était alors meunier au moulin du Hirguer à Clohars [1853-7]. Le 17 novembre 1853, Michel George (Josse) fait constater par acte notarié une dépense pour grosses réparations qu’il a fait faire par le moulageur Joseph Colin (1795-1862) de Clohars, dépenses s’élevant à 300 francs. [1853-292].
Michel Josse se marie en 1858 avec Marie-Josèphe La Boissière (1931-1908). En 1861 le couple habite à Kerandoze, en Clohars, pas très loin du moulin du Hirguer. Avait-il la charge des deux moulins ? Un peu plus de trois kilomètres les séparent.
Toujours est-il qu’en 1864 le moulin et son terrain de 48 ares sont devenus la propriété de Julien Favennec (1828-1901), le meunier du moulin de Damany.
Ce second moulin a certainement été acquis pour qu’il prenne le relai du moulin à eau en période d’étiage. Mais son emplacement ne convient pas à Julien Favennec, qui s’empresse de le démolir (2) pour le reconstruire de l’autre côté de la route, dans un champ nommé ar Parc (« le champ », parcelle T 61) ayant appartenu à la famille Le Nouzac’h, situé à une cinquantaine de mètres d’altitude, le long du chemin de Kerglien à Damany. L’emplacement est bien choisi, plus venté que l’ancien, et surtout bien plus près du moulin à eau.
Le moulin de Kerglien avant 1932
François Favennec (1859-1932), puis son fils Mélaine (1903-1985), succèdent à Julien [1922-004]. En 1932, Melaine modernise le moulin à eau en lui adjoignant un moteur diésel qui permet donc de le faire fonctionner toute l’année. Cela sonne le glas du moulin à vent qui sera à nouveau détruit peu après. Après avoir été « déplacé » au bout d’une vingtaine d’années, il n’aura donc fonctionné qu’un peu plus de 80 ans. Mais il va renaître encore, cette fois sous la forme d’une maison d’habitation, dans la construction de laquelle ses pierres seront réemployées, devant le moulin à eau de la prairie de Damany, en 1936.
Par ailleurs, une maison fut construite dans les années 1960 sur la parcelle où se dressait autrefois le moulin. François Favennec (1933-2017), fils de Melaine, y habitait.
(2) Id.