MEMOIRES ET PHOTOS DE MOELAN

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Les moulins

 

Mai 2021

Damany

 

Carte Carte

 

Le moulin de Damany est situé sur le ruisseau qui passe à Pont-ar-Laer et coule vers le fond de la ria de Merrien dans une vallée relativement encaissée. Ce ruisseau est appelé « rivière de Merrien » sur les cartes IGN actuelles. Autrefois, l’accès principal au moulin depuis le bourg de Moëlan se faisait à partir de Kerglien, par une voie charretière qui descendait vers le ruisseau que l’on traversait à Loge Keranglien, au Pont Meign (pont de pierre), avant de passer sur les terres de Damany et remonter légèrement avant la dernière descente sur le moulin. Sur la rive gauche, après le moulin, ce chemin se prolongeait même jusqu’à Kerviligen.
Aujourd’hui, pour se rendre au moulin de Damany, il faut emprunter la route de Plaçamen, puis à hauteur de la « Croix de Kerandrège », tourner à gauche et suivre la route qui a été faite en 1965.


Beaucoup de moulins de Moëlan ont connu des familles de meuniers dont l’histoire s’est étalée sur plusieurs générations. Mais s’il y en a un à avoir été le berceau d’une dynastie particulièrement longue puisque durant quelques 300 ans, c’est bien celui du Damany.
Dans un aveu au roi datant de 1539 (1), Jean Le Digoedec, seigneur du Damany (qui signifie « domaine » en breton), fait état d’un moulin dépendant de son manoir (2).  Cet aveu est repris en 1655 par une descendante de Jean Le Digoedec, dame Julienne Le Digoedec qui déclare le manoir du Damany [...], le moulin dépendant du manoir du Damany avec son étang et sa chaussée [...], autre moulin à eau estant aux environs du village de Kerbelligen avec son ruisseau et estang... (3) 


En 1675 elle vend le domaine à écuyer François de La Pierre, seigneur des Salles. Ce dernier, dans la déclaration de 1679 pour le papier terrier, mentionne le moulin à eau du Damany avec son ruisseau, étang et distroit étant aux appartenances dudit Damany, donnant du levant en partie sur la lande commune de Moélan, et autre partie sur « Roulagat » ci-devant au sieur de Boisrobin et de toutes autres parties aux terres dudit Damany à présent possédé à titre de ferme par la veuve de Yves Guenno pour payer cent livres par chacun an, payable par les quartiers.
Yves Guenno (ou Guenou) était le meunier qui avait fait faire le moulin neuf de Kervéligen en 1673.
En 1696, le meunier est Corentin Le Dren (1672-1705), marié à Thérèse Jaouen.


GUENOU - LE BRETON

Puis le moulin est afféagé à Bertrand Le Breton (1661-1731), marié à Izabelle Guenou (1667-1727) fille d’Yves. Ils seront ensuite meuniers au moulin de Kerascoët. Bertrand Le Breton revient au moulin en 1730 avec sa seconde femme, Marie Mahé.
De 1731 à 1733 le moulin est tenu par Roch Colin et Jeanne Michèle Le Pennec, meuniers ensuite à Moulin l’Abbé. En 1735, c’est Joseph Le Breton (1684-1754), petit-fils d’Yves Guénou, marié à Marie-Magdeleine Lolichon. Il doit 80 livres de rente foncière par an à Armand François de La Pierre (1700-1751), propriétaire foncier en 1751. A la même date, la rente foncière du moulin de Kervéligen, due au même seigneur, n’est que de 4 livres.


LE BRETON - GUITTON

Au décès de Joseph Le Breton, sa fille Marie-Françoise (1728-1789) et son mari François Guitton (1731-1779) sont la quatrième génération de meuniers descendant de Yves Guénou.
Propriétaires fonciers et propriétaires édificiers vont se succéder de père en fils (cf. tableau ci-dessous) : la famille de la Pierre d’une part, et les enfants et petits-enfants de François Guitton, d’autre part : Christine (1750-1793) mariée à Jean Lozachmeur (1750-1780), François (1752-1819) marié à Suzanne Charles (1761-1845), puis les petits-enfants : Marie-Catherine (1770-1800), fille de Jacques Guitton et nièce de Christine, mariée à Louis Le Pennec (1764-1838), lui-même né de parents meuniers au moulin du Duc, Marie Magdeleine (1778-1818) mariée à Tanguy Mathurin Le Noc (1782-1854), qui seront en 1826 propriétaires du Moulin l’Abbé, et enfin Martial Jacques Guitton (1799-1870) et sa femme Marie Anne Robet (1800-1854) [Doze 1825-81] . Nous en sommes à la 6ème génération de meuniers depuis Yves Guénou.

Damany

Extrait du cadastre de 1832, section U.

On distingue le ruisseau traversant l’étang, la chaussée de 40 mètres, le bief aval ou canal de fuite longeant le moulin et les bâtiments d’habitation.

 

Puis le terrain est devenu propriété de Thomas Casimir de Mauduit à qui une rente de 40 francs est due en 1846 [1846-195]. Les époux Guitton doivent hypothéquer le moulin.
Sur le recensement de population de 1851, Martial Guitton est déclaré « propriétaire-meunier ». Martial avait une sœur jumelle, Marie-Suzanne, qui manifestement n’entretenait pas d’excellentes relations avec son frère. En effet, dans son testament, elle lègue tous ses biens à ses deux autres frères, et seulement une somme de cent francs [qui] lui sera payée par mes deux autres frères six mois après ma mort seulement. [1851-042]

 

GUITTON - FAVENNEC

L’année suivante, Marie-Mathurine (1827-1904), fille de Martial, épouse un cultivateur de Kermeurzac’h, Julien Favennec (1828-1901), qui va apprendre le métier de meunier auprès de son beau-père. Six enfants naissent entre 1853 et 1865. La dynastie Favennec succède à celle des Guitton, qui avaient eux-mêmes pris la suite de leurs ancêtres Le Breton-Guenou.
Il semble que Julien Favennec prenne les choses en mains dès 1856, date où il est propriétaire du moulin de Damany, et veuille donner de l’extension à son activité. En 1864 il possède aussi le moulin à vent de Kerglien. Le moulin de Damany qui ne pouvait pas fonctionner en été, faute d’eau dans le ruisseau, est relayé par ce deuxième moulin qui permet donc de moudre toute l’année.


FAVENNEC

Puis les enfants de Julien Favennec et Marie-Mathurine Guitton vont leur succéder et plusieurs générations vont cohabiter au moulin pendant quelques années : Marie-Mathurine Favennec (1854-1889) mariée à Jean-Louis Marie Le Corre (1856-1893) qui n’est pas meunier mais marin, Julien Marie Favennec (1857-1914) marié à Marie-Yvonne Le Maout (1855-1938), François Favennec (1859-1932), marié à Marie-Françoise Bris (1864-1900), Melaine Corentin Pierre Jean Marie Favennec (1862-1930), marié à Marie-Mélanie Quentel (1867-1910). [1888-88] [1888-89] François rachète les moulins à ses frères et soeur en 1889 [1889-281]. Le moulin est relativement modeste, imposé seulement à 40 francs en 1891. C’est alors la somme la plus faible de tous les moulins à eau de Moëlan.

Une nouvelle tradition familiale s’est installée : sonneur de biniou. Julien, le père, en est le chef de file. Puis ses fils, Julien, François et Melaine. Julien jouait en couple avec Jean-Louis Rouat (1870-1938) à la bombarde. Il exerçait aussi le métier de hongreur, activité qui lui imposait de nombreux déplacements [...et qui] se révélait fort pratique pour lui servir d’alibi quand il prolongeait la durée de ses sorties en compagnie du sonneur de bombarde (4). Enfin, Melaine, fils de François, qui était non seulement un grand joueur de biniou, mais aussi d’accordéon.

 

6623
Julien Favennec (1857-1914) et Jean-Louis Rouat (1870-1938) (coll. Villard et H. Laurent)

 

Après le décès de Julien (1), son fils François, remarié à Marie-Hélène Guyomar (1863-1918), reste seul au moulin, aidé par le fils de sa femme, François Bourhis (1892-1914), garçon-meunier. Après la guerre et aussi le décès de son épouse, François est aidé par son fils Mélaine et par son gendre Emile Dagorn (1894-1965), qui a épousé Marie-Mathurine (1901-1962) en 1921. Il lui afferme le moulin pour 8 ans du 5 janvier 1922 au 29 septembre 1930 [1922-004].

 

Favennec
Favennec-1862-1930
Favennec-1901-2962

 

 

 

Dagorn

François Favennec

(1859-1932)

 Melaine Favennec

(1862-1930)

Marie-Mathurine Favennec

(1901-1962)

Emile Dagorn

(1894-1965)

 

En 1930, Melaine, désormais propriétaire des moulins de Damany et de Kerglien [1930-049], signe pour 2 000 francs, un nouveau bail d’un an au couple Dagorn, avant que ce dernier ne quitte le moulin de Damany pour prendre en ferme l’exploitation voisine près du manoir. [1930-50] Mélaine, connu à Moëlan sous le nom de Melan, et sa femme Mélanie Coroller prennent alors possession du moulin.
Ils se font aider par le meunier Roger André (1924-1972) qui vit avec eux. Pour améliorer le rendement du moulin, Melaine va entreprendre des travaux de modernisation.
En 1932, lorsque mon père [Melaine Favennec] a repris l’affaire, il a fait installer un moteur diesel pour maintenir l’activité en toutes circonstances. Comme il [le moulin] n’était plus en très bon état et que la toiture se dégradait, mon père avait alors décidé de récupérer la paire de meules. Dans ce type d’installation, les meules sont confectionnées sur place et les murs construits autour. Pour les descendre, les ouvertures n’étant pas suffisantes, il a fallu quasiment démolir tout le moulin. Les pierres ont toutefois été récupérées pour construire, en 1936, la maison d’habitation, juste devant le moulin, dans la prairie de Damany. (5)

 

1991

La maison d’habitation en 1991

 

La grande roue était verticale, mais la turbine se présentait sous la forme d’une roue horizontale, et il fut donc nécessaire de descendre les énormes meules de l’étage au rez-de-chaussée.
Cette modernisation provoqua aussi la disparition du moulin à vent de Kerglien, ses pierres servant à agrandir le nouvel ensemble. (6)
Il fallut aussi élargir le canal pour installer cette nouvelle roue horizontale.

 

Deux paires de meules sont désormais actionnées par un mécanisme astucieux qui permet de faire alterner la force hydraulique de la chute d’eau et la force mécanique du moteur diésel. En effet, la chute d’eau de 3,65 mètres qui entraîne la nouvelle roue horizontale (ou roue à pirouette) n’a plus suffisamment de puissance en été, lorsque l’eau arrive à manquer dans la retenue. C’est alors que le moteur diésel va prendre la relève. Roue à pirouette ou moteur diésel font tourner un axe horizontal, qui va lui-même entraîner les deux paires de meules à l’intérieur du moulin.

Roue-2

Restes de la roue de la « pirouette », couchée près du ruisseau

 

Pignon

Etat en 1991

 

1991-2

1991. En bas à droite de la photo, le moteur diesel

 

Damany-5

On aperçoit l’axe horizontal et une roue qui était reliée au moteur

 

Un four à pain était accolé au mur du bief. Son état de délabrement après la démolition d’une partie du pignon le rendant inutilisable, un nouveau four est alors construit dans le jardin.
Les meuniers effectuaient leurs tournées sur toute la commune avec des chevaux. Il y avait « Tarzan » qui aimait bien le sucre. Le premier cheval de Mélaine s’appelait « Sultan » et le suivant « Mouton » qui n’était pas commode, il pouvait même devenir méchant. [...] La farine produite dans tous ces moulins ne servait qu’à nourrir les bêtes, pas du tout pour les boulangeries. (7)
On se souvient encore du dernier meunier de Damany, passant autrefois à Langroës : nous avions l'habitude de voir passer le meunier qui venait du moulin de Damany ; le cheval et l'attelage étaient aussi blancs que celui qui en tenait les rênes ; nous étions impressionnés par la facilité avec laquelle il chargeait les lourds sacs de farine, l'un après l'autre, sur son épaule. (8)

 

En 1967, Melaine cesse son activité de meunier. Personne ne prendra sa suite. Il constituait la 9ème génération de meuniers, descendants directs d’Yves Guenou depuis 300 ans. Il décède en 1985.

Après le décès de Mélanie Favennec en 1990, les trois enfants mettent en vente le moulin.
Aujourd’hui, on ne moud plus le moindre grain de blé en ce lieu, plein de charme et de quiétude, mais l’ensemble fait l’objet d’une restauration. (9)
La maison d’habitation a été rénovée et le moulin, en voie de restauration, est destiné à de la location saisonnière.

.

2021

Le moulin en mars 2021

Séparation

(1) Archives départementales antérieures à 1790, Loire-Inférieure : archives civiles : série B, chambre des comptes de Bretagne, liasse B 1563, aveux et dénombrement des terres, paroisse de Guidel, p.368

(2) Hollocou-Plourin, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven ; vol.2 , Emgleo Breiz, Quimper, 2008. p.236
(3) Meuric-Philippon, Gabrielle, Moëlan en Cornouaille, 1975. p.105
(4) Bellec, Alain, Moëlan-sur-mer au fil des rues et des sentiers, Liv’Editions, 2013. p. 143
(5) Entretien avec François Favennec (1933-2017), septembre 2015
(6) Bellec, Alain, op.cit. p. 142
(7) Entretien avec François Favennec (1933-2017), septembre 2015
(8) Kerlan, Camille, les métiers autour de Langroës, il y a 60 ans,  http://memoiresetphotos.free.fr/Metiers/Metiers.html, 2017

(9) Entretien avec François Favennec (1933-2017), septembre 2015

Séparation

Légende du tableau :

(1 à 9) Le chiffre en gras devant le nom indique l’ordre dans la dynastie des meuniers.

PF : propriétaire foncier uniquement

 

 

Edificiers ou preneurs (fermage ou féage)

Meuniers

1539
PF : Jean le Digoedec, seigneur du Damany
1626
PF : Charles de Rimeszon Le Digoedec, seigneur de Talhouet et du Damany
1655
PF : Dame Julienne Le Digoedec

1675

PF : François de La Pierre

1679

1 Yvonne Chaperon, veuve de Yves Guenou

 

1696

 

Corentin Le Dren x Thérèse Jaouen

1710

 

2 Bertrand Le Breton x Izabelle Guenou

2 Bertrand Le Breton x1 Izabelle Guenou

1730

2 Bertrand Le Breton x2 Marie Mahé

1731-1733

Roch Colin x Jeanne Michèle Le Pennec

1735

3 Joseph Le Breton x Marie Magdeleine Lolichon

3 Joseph Le Breton x Marie Magdeleine Lolichon

1743

PF : Joseph Marie de La Pierre, prêtre, docteur en Sorbonne 

1751
PF : Armand François de La Pierre, puis Armand Jean Baptiste de La Pierre de Mélinville

1747-1770

 

 

4 François Guitton x Marie Françoise Le Breton

4 François Guitton x Marie Françoise Le Breton

1774-1777

5 Jean Lozachmeur x Christine Guitton

5 François Guitton

1797-1807

6 Louis Le Pennec x Marie Catherine Guitton

6 Tanguy Le Noc x Marie Magdeleine Guitton

PF : Thomas Casimir de Mauduit en 1836

1825-1846

6 Martial Jacques Guitton x Marie Anne Robet

 

6 Martial Jacques Guitton x Marie Anne Robet

 

1851

A partir de cette date, il n'y a plus de distinction entre foncier et édificier

1852-1870

6 Martial Jacques Guitton puis Julien Favennec

6 Martial Jacques Guitton x Suzanne Charles

6 Julien Favennec x Marie Mathurine Guitton

1872-1901

 

7 Julien Favennec x Marie Mathurine Guitton
Puis leurs enfants

7 Julien Favennec x Marie Mathurine Guitton

8 Julien Marie Favennec x Marie Yvonne Le Maout

8 Melaine Favennec x Marie Mélanie Quentel

8 François Favennec x Marie Françoise Le Bris

puis Marie Hélène Guyomar

1901-1911

 

8 François Favennec x Marie Hélène Guyomar

7 Julien Favennec x Marie Mathurine Guitton
8 François Favennec x Marie Hélène Guyomar

François Bourhis, garçon-meunier

1922

9 Emile Dagorn x Marie Mathurine Favennec

1930-1931

 

9 Melaine Favennec x Mélanie Coroller

9 Emile Dagorn x Marie Mathurine Favennec

1932-1938

9 Melaine Favennec x Mélanie Coroller

Roger André

1967

Cessation d’activité

26/07/1991

Vente du moulin par Gilbert, François et Melaine Favennec

Séparation

 

Mai 2021

Moulin de Kerglien

 

Carte Carte

Au Moyen-âge, Kerglien était un village de cacous (du breton Kakous = lépreux). Une maladrerie y avait été construite par les Templiers.


En 1836, la famille Nouzac’h et la famille André, descendant de cacous établis à Moëlan à la fin du XVIIème siècle, se partagent les maisons et les terres de Kerglien. Pierre le Nouzac’h (1876-1849), tonnelier, et Marie Jeanne Pontré, veuve Louis André, cordière, exercent encore les professions traditionnelles de leurs ancêtres. La corderie est installée le long du chemin en bordure duquel sera construite au XXème siècle une station d’épuration. Un charron, Guillaume Tanguy, est locataire d’une troisième maison. Un tisserand, un sabotier, un tailleur, un cabaretier, une fileuse viendront bientôt s’installer dans le village, parfois brièvement. On y trouvera aussi deux « mendiants » (en 1856) et deux « indigents » (en 1861).

 

Manor de Kerglien

Le village de Kerglien au début du XXème siècle

 

En janvier 1847, André André (1807-1874), cultivateur, cordier, décide de faire construire un moulin à vent dans un terrain familial, sur les hauteurs de l’ouest du village, en bordure de la route qui mène du bourg de Moëlan à Brigneau. Il achète à cet effet à ses sœurs une parcelle de 48 ares, dans un grand champ appelé Parc Dalahé (« champ d’en haut », parcelle T 29) [1847-846]. Dès son achèvement, le moulin est loué en 1849 au voisin François Le Nouzac’h. (1)


Deux ans seulement après, le 8 mars 1851, André André signe un bail à ferme de 11 ans avec le meunier Pierre Joseph Colin (1827-1898), habitant à Kerancalvez [1851-26]. Une petite maison, dite Ti bian, ainsi qu’un jardin font partie de la location. Pierre Joseph Colin sera plus tard meunier au moulin de Kerduel pendant une vingtaine d’années. Le montant des impôts dus sur le moulin s’élève à 40 francs, somme la plus faible pour les moulins à vent de Moëlan à l’époque (de 40 à 60 francs).

 

Mais deux autres années s’écoulent à peine, que, le 1er janvier 1853, André André vend le moulin pour 900 francs au meunier Michel George (Josse) (1830-1878), qui était alors meunier au moulin du Hirguer à Clohars [1853-7]. Le 17 novembre 1853, Michel George (Josse) fait constater par acte notarié une dépense pour grosses réparations qu’il a fait faire par le moulageur Joseph Colin (1795-1862) de Clohars, dépenses s’élevant à 300 francs. [1853-292].
Michel Josse se marie en 1858 avec Marie-Josèphe La Boissière (1931-1908). En 1861 le couple habite à Kerandoze, en Clohars, pas très loin du moulin du Hirguer. Avait-il la charge des deux moulins ? Un peu plus de trois kilomètres les séparent.
Toujours est-il qu’en 1864 le moulin et son terrain de 48 ares sont devenus la propriété de Julien Favennec (1828-1901), le meunier du moulin de Damany.


Ce second moulin a certainement été acquis pour qu’il prenne le relai du moulin à eau en période d’étiage. Mais son emplacement ne convient pas à Julien Favennec, qui s’empresse de le démolir (2) pour le reconstruire de l’autre côté de la route, dans un champ nommé ar Parc (« le champ », parcelle T 61) ayant appartenu à la famille Le Nouzac’h, situé à une cinquantaine de mètres d’altitude, le long du chemin de Kerglien à Damany. L’emplacement est bien choisi, plus venté que l’ancien, et surtout bien plus près du moulin à eau.

 

Moulin de Kerglien

Le moulin de Kerglien avant 1932

 

François Favennec (1859-1932), puis son fils Mélaine (1903-1985), succèdent à Julien [1922-004]. En 1932, Melaine modernise le moulin à eau en lui adjoignant un moteur diésel qui permet donc de le faire fonctionner toute l’année. Cela sonne le glas du moulin à vent qui sera à nouveau détruit peu après. Après avoir été « déplacé » au bout d’une vingtaine d’années, il n’aura donc fonctionné qu’un peu plus de 80 ans. Mais il va renaître encore, cette fois sous la forme d’une maison d’habitation, dans la construction de laquelle ses pierres seront réemployées, devant le moulin à eau de la prairie de Damany, en 1936.
Par ailleurs, une maison fut construite dans les années 1960 sur la parcelle où se dressait autrefois le moulin. François Favennec (1933-2017), fils de Melaine, y habitait.

Séparation

(1) Bellec, Alain, Moëlan-sur-mer, au fil des rues et des sentiers..., p. 139.

(2) Id.

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