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Les moulins
Février 2021 |
Le moulin de Kerlouarnec - de Kerduel - de Kerroc’h - Kerhervé
Un moulin à vent existait depuis fort longtemps sur les hauteurs de Kerroch, à la lisière avec les terres de Kerduel, où l’on ne sait pas, à en croire le nom des parcelles, si l’on est encore à Kerduel ou déjà à Kerroch. En effet, bien que situées à Kerduel, plusieurs parcelles se nomment « Poullic Kerroch bras » ou « Poullic Kerroch bian ».
En 1540, le moulin à vent de Kertudoual (Kerduel) est attesté. (1)
En 1682, François de La Pierre, sieur des Salles, lors de la confection du papier terrier, déclare posséder le manoir et lieu noble de la Porte Querlouarnec [...et] le moulin à vent dudit manoir de Querlouarnec sis aux issues du village de Querduel audit Moelan avec ses issues, distroit et suite d'hommes, possédé à titre de cens et rente sous ladite seigneurie de Querlouanec par Jullien Auffret pour payer de rente à chaque jour de Saint Michel la somme de quarante livres tournois. (2)
En 1707, on relève la naissance d’un enfant chez Louis Le Bellec, meunier, et Françoise Chapelin, au « moulin de Kerduel ».
Le 26 avril 1739, plusieurs habitants du village de Kerduel déclarent les maisons et terres qu’ils tiennent à domaine congéable. Une des terres, nommée « Tal er vilin avel » donne « du bout vers le nord sur le moulin à vent ». Un grand canton de terres chaudes en plusieurs parcelles nommées Tal er velin avel donnant du bout vers le nord sur le moulin à vent, à la réserve de cinq sillons profités par Sébastien Jaouen, contenant en fonds un journal et douze cordes.
En 1762 Jean Alexis Le Nent, meunier né à Kerhérou en 1736, d’un père meunier lui aussi, habite à Kerroc’h avec sa femme et leurs enfants. En 1765, ils quittent Moëlan pour le moulin à vent de Penanrun à Trégunc. Où était-il meunier ? Au moulin de Kerlouarnec-Kerduel à environ 500 m ? Au moulin de Kerjégu à environ 1 km ?
Le 17 octobre 1766, Joseph Le Bourhis, passeur au Bélon, et d'autres consorts louent à Alain Lozachmeur pour 5 ans le moulin à vent de Kerlouarnec pour 56 livres. (3)
En 1791, les deux tenues de Kerroch et de Kerourien Kerroch sont adjugées pour 1944 livres, en tant que biens nationaux, aux anciens domaniers Yves Le Delliou, Pierre Hervé (1743-1830), Corentin Hervé (1754-1813) & consorts. (4)
En 1832, le moulin est en ruines, et ne figure pas sur le plan cadastral. Seuls les noms de plusieurs parcelles y font allusion, comme la parcelle O 624 Park vilin avel (champ du moulin à vent). Cette parcelle dépend désormais de Kerroc’h et non plus de Kerduel. Le propriétaire en est Alexandre Guillou (1816-1862), cultivateur. C’est un petit-neveu de Pierre Hervé. A proximité dans le nord-ouest, un signal de triangulation s’appelle signal moulin ruiné.
Le seul meunier habitant Kerroc’h en 1836 est Yves le Bozec (1786-1837), mais il est meunier au moulin de Kerjégu.
Extrait de la section O1
Quelques années plus tard, la parcelle Park vilin avel appartient à des petits-cousins d’Alexandre Guillou, Martial Hervé (1811-1863) et son frère François (1819-1898), cultivateurs à Kerroc’h. Ils vont y faire reconstruire un moulin à vent en 1848 (5). Au recensement de population de 1851, Martial Hervé est déclaré meunier. Le moulin prend le nom de « Moulin Kerhervé ». C’est un moulin modeste, imposé alors à 45 francs. Martial, célibataire, vit chez son frère François, agriculteur, marié à Marie-Anne Charles (1825-1855). Au décès de cette dernière, en 1855, un inventaire des biens est dressé. Des outils et instruments agricoles (dont une charrue, des fléaux à battre), un cochon, quelques vaches, une baratte, du blé, de l’avoine, de l’orge, du chanvre, attestent du quotidien du couple. Un accoutrement de lit est entreposé dans le moulin à vent, témoin de la vie du meunier.
En 1861, François Hervé est toujours cultivateur. Son frère Martial est toujours dit meunier. Mais, dès 1859, ils ont signé un bail pour 120 francs par an avec le meunier François Pastol (ou Pasterol) (1810-1893), qui est déjà aussi meunier au moulin voisin, celui de Louis Fauglas (1822-1868), à Kerduel. Martial Hervé laisse le moulin à François Pastol à partir du 1er novembre 1859. Il décède en 1863.
Après le décès de Martial, François Hervé reste co-propriétaire du moulin de Kerroc’h avec ses deux fils aînés. Et bientôt il lui faut trouver un nouveau meunier, car François Pastol s’en est allé au moulin du Hirguer, à Kersalut. Pierre Joseph Colin (1827-1898), le nouveau meunier, habite dans un premier temps à Kerliviou en 1866, puis à Kerhérou, jusqu’en 1886. Après le rachat en 1876 des parts de ses deux fils aînés, Martial-Marie et Jean-Marie, François Hervé devient seul propriétaire du moulin. Sur les recensements de population, François Hervé est dit cultivateur (1881), cultivateur-meunier (1876), meunier (1886, 1896). C’est au tour d'un autre de ses fils, Louis Hervé (1862-1921), d’être meunier.
Devenu propriétaire du moulin qu'il achète à son père pour 3 600 francs en 1885 [1885-297], il fait construire en 1890 une maison à proximité où il s’installe avec sa femme Marie-Yvonne Loarer (1864-1911) et ses parents, François Hervé et Marie-Anne Mélin (1833-1908). François est encore meunier en 1896. Il décède en 1898.
La maison aurait un temps servi d’auberge et même de petite école à la fin du XIXe siècle. (6)
Hippolyte Pierre Marie Cornou (1897-1960), maire de Moëlan de 1944 à 1953 né à Kerroc’h, nous a livré ce souvenir : J'ai vécu dans ce village, jusqu'à l'âge de deux ans. D'après les dires de mes voisins plus aînés, lorsque ma mère très occupée par son labeur quotidien me confiait au voisin Hervé qui m'envoyait dans son moulin à vent (les moulins à vent existaient encore de ce temps), le vieux meunier me considérait comme son petit-fils et avait soin, me surveillant attentivement jusqu'à l'heure du diner où il me retournait à ma maman qui m'endormait après le goûter.
Cornou Hyppolyte (1897-1960)
Après le décès de François Hervé en 1898, sa femme, Marie-Anne Mélin ira vivre à Kerhérou chez sa fille Marie-Joséphe.
Le 4 avril 1908 un incendie se déclare dans la maison des meuniers, comme le rapporte le journal local l’Union agricole et maritime, dans son édition du 10 avril 1908 : Moëlan. - Incendie. - Samedi, 4 courant, vers 10 heures du soir, un incendie s'est déclaré au village de Kerhervé en Moëlan. Les époux Hervé, meuniers audit village, revenaient de leur moulin à vent, quand ils aperçurent leur maison d'habitation en flammes. Ils jetèrent aussitôt l'alarme. Malgré les secours apportés par les voisins, le feu, qui avait déjà atteint de grandes proportions, ne tarda pas à consumer l'habitation, une étable et un appentis y attenant et tout le mobilier qui se trouvait renfermé dans l'habitation. Les dégâts estimés approximation à la somme de dix mille francs sont couverts par une assurance à la Société Le Finistère. La cause de l'incendie est demeurée inconnue.
Les meuniers et leurs enfants s’en vont habiter à Kerroc’h où Marie-Yvonne va tenir un débit de boissons. Ils mettent en vente le moulin quelques mois plus tard.
28 juin 1908, L'Union Agricole et Maritime :
A vendre à l'amiable, maison d'habitation et moulin à vent, actuellement en fonction, avec ses gréements et dépendances.
Le tout situé à Kerroc'h, en Moëlan.
2 août 1908 Union agricole et maritime
Mais il n’y aura pas d’acquéreur. Louis va poursuivre son activité de meunier. Son fils Louis Marie (1888-1952), va l’aider au moulin un moment, mais ne persistera pas. Boute en train, il savait mettre de l’ambiance le dimanche dans le débit de boissons, lorsque, juché sur une barrique, il jouait de l’accordéon.
C’est l’époque où le peintre italien Anselmo Bucci est de passage à Kerfany. Le 30 août 1913, il est sur la plage et note dans son journal : falaise-plage sable gris-Kerfany et les Japonais-Goëmon-voiles brunes, moulins à vent avec grandes terres hautes-petites silhouettes dans le ciel-le premier filet bleu-Loriot Belon en Moëlan.
Quels sont ces moulins à vent ? Le moulin Kerhervé, très certainement, et les ailes du moulin Jaouen dans le lointain ? Des restes du moulin de Kerduel (cf. article suivant) ?
Louis Hervé, dernier meunier, décède en 1921. Ses enfants Joseph, quartier-maître dans la marine, et Marie-Joséphine, héritent de la maison incendiée en 1908, devenue une ruine, et du moulin, bientôt lui aussi déclaré en ruines, en 1926.
Hervé Marie-Joséphine (1897-1931)
Le moulin, qui perd sa toiture pendant l’Occupation, sera démoli après 1940. (7)
De nos jours, il ne reste rien du moulin ni de la maison. La parcelle, qui dépendait de Kerroc’h sur l’ancien cadastre, dépend à nouveau de Kerduel, comme au temps des seigneurs de Kerlouarnec. Toujours propriété des descendants de la famille Hervé encore en 2019, elle est en cours d’acquisition par la commune de Moëlan.
Fernand Jobert (1876-1949), Le moulin en bord de mer S'agit-il du moulin Kerhervé ?
Vue aérienne, années 1950-1960. On aperçoit quelques restes du moulin. (Crédits photo Géoportail )
L’histoire du moulin de Kerlouarnec-Kerduel-Kerroc’h-Kerhervé est à mettre en parallèle avec celle du moulin de Kerjégu-Kerouer-Jaouen.
Les deux moulins, attestés dès le XVIe siècle, appartiennent au début du XVIIe siècle aux seigneurs de Kerjégu qui sont aussi seigneurs de Kerlouarnec. Ils sont tous deux la propriété de François de la Pierre, seigneur des Salles, à la fin du XVIIe siècle. Ils sont proches l’un de l’autre, distants d’environ 1,5 km.
Ils sont tous deux détruits, puis reconstruits, l’un en 1848, l’autre en 1849. Ils prennent alors le nom de leurs propriétaires, à savoir moulin Kerhervé et moulin Jaouen.
Martial Hervé, tout comme Noël Jaouen n’étaient issus de famille de meuniers.
Le montant des impôts de chaque moulin est sensiblement le même : 45 francs pour le moulin Kerhervé, 50 francs pour le moulin Jaouen, en 1882. Les moulins sont donc de même importance.
Chaque meunier fait construire une maison à proximité de son moulin, l’une vers 1868 (Moulin Jaouen), l’autre en 1890 (Moulin Kerhervé).
L’activité des moulins cesse approximativement entre 1920 (Moulin Kerhervé) et 1930 (Moulin Jaouen).
Plusieurs générations de meuniers s’y sont succédées : Martial Hervé et son frère François, puis Louis, le fils de ce dernier. Noël Jaouen, son fils Julien, sa petite-fille Barbe.
Enfin, la succession des noms des moulins et les hésitations du cadastre et de l’état-civil sont également comparables.
Une seule différence de nos jours, et pas des moindres : seul le moulin Jaouen est encore debout.
Année |
Propriétaires |
Meuniers |
|
Moulin de Kerlouarnec-Kerduel |
|
1624 |
Marie de la Rochère, dame de Kerjégu, de Kerlouarnec et de Badel |
|
1682 |
François de La Pierre, seigneur des Salles |
Auffret Jullien |
1707 |
|
Le Bellec Louis |
1762 |
? |
Le Nent Jean Alexis ? |
|
Moulin Kerhervé-Kerroc’h-Kerduel |
|
1848 |
Martial et François Hervé époux Charles |
Hervé Martial |
1855 |
Martial, François Hervé et ses deux fils Martial Marie et Jean Marie |
|
1859 |
Martial, François Hervé et ses deux fils Martial-Marie et Jean-Marie |
Pastol (ou Pasterol) François |
>1863 |
Hervé François et ses deux fils Martial-Marie et Jean-Marie |
|
1866 |
Colin Pierre (1827-1898) | |
1870 |
|
Colin Pierre (1827-1898) |
1876-1885 |
Hervé François |
Colin Pierre (1827-1898) |
1885-1921 |
Hervé Louis |
Hervé Louis |
|
Le moulin de Kerduel |
S’il y a bien un moulin à pouvoir porter ce nom de lieu-dit, c’est celui qui existait sur la parcelle O 616 de l’ancien cadastre. En effet, cette parcelle est, sans ambiguïté aucune, située sur les terres de Kerduel. Cependant, la mémoire moëlanaise appelle plutôt de ce nom l’autre moulin, le moulin « Kerhervé », qui était situé en bordure de la route de Kerduel à Kersolf, mais sur des terres dépendant tantôt de Kerduel, tantôt de Kerroch.
Le moulin est construit en 1849 par un cultivateur déjà sexagénaire, Julien Fauglas (1789-1870) sur une parcelle de terre labourable appelée Mes plat (terre plate), sur les hauteurs dans le sud de Kerduel, (à environ 45 m), à quelques centaines de mètres seulement de l’autre moulin, le moulin appelé moulin Kerhervé, dont la construction s’est achevée l’année précédente.
Le 7 mars 1851, Julien Fauglas baille et afferme pour neuf ans à Marie-Françoise Fauglas (1809-1863), une propriété située au village de Kerduel et en ses dépendances, mais se réserve le moulin à vent où il a engagé un valet meunier François Pastol, ou Pasterol (1810-1893), qui habite chez lui (8). C’est le gendre du meunier Noël Jaouen.
Deux ans plus tard, le 12 juin 1853, Julien Fauglas loue et afferme [1853-158] pour neuf ans une partie de maison, une crèche, un courtil et le moulin à vent dit Milin-aël-Kerduel à son fils Louis Fauglas (1822-1868), arpenteur, pour un loyer annuel de 90 francs.
Louis n’est pas davantage meunier que son père Julien. Le 13 mars 1854, il va donc sous-louer le moulin [1854-179] à François Pastol (Pasterol) et à son épouse Isabelle Lamarre (1821-1907), pour 165 francs par an.
Le bail doit s’achever le 29 septembre 1863. Louis devient propriétaire du moulin en 1856. [1856-368]
Le 26 octobre 1859, il crée avec François Pastol, alors domicilié à Kerhérou, une société d’exploitation [1859-226] de deux moulins à vent : il s’agit de son propre moulin et de celui de François Hervé, qui vient de louer la veille son moulin « aux dépendances de Kerroc’h » au même François Pastol.
Les deux moulins sont donc exploités par le même meunier, charge à Louis Fauglas de faire les achats de grains et les livraisons de farine, à l’aide d’une charrette et d’un cheval, dont l’acquisition doit avoir lieu.
Mais la société est éphémère, elle est dissoute dès le 1er janvier 1860.
Sur le recensement de population de 1861, Louis Fauglas est dit « propriétaire meunier », sur celui de 1866 il est dit « propriétaire rentier ». Il décède le 10 novembre 1868.
Entre-temps François Pastol a quitté Kerhérou et les deux moulins pour le moulin du Hirguer, à Kersalut.
Un nouveau meunier, Pierre Joseph Colin (1827-1898), marié à Marie-Josèphe le Torrec, lui succède, dès 1863. En plus du bail du moulin, Louis Fauglas s’engage à lui faire construire une maison d’habitation. [Guyot-1863] Après le décès de Louis Fauglas, son bail est renouvelé une première fois en 1870, mais la maison d’habitation ne sera finalement pas construite [1870-275]. Puis en 1881, Marie-Renée Garrec, veuve de Louis Fauglas, afferme une nouvelle fois pour neuf ans aux époux Colin le moulin [1881-093] ainsi que trois parcelles de terre, moyennant un loyer de 180 francs par an. Pierre Colin habite à Kerhérou.
Le loyer des baux a bien augmenté depuis 1853 : 90 francs en 1853, 165 francs en 1854, 180 francs en 1881. Le moulin de Kerduel en effet semble être un moulin assez important ; en 1882, le montant de son imposition est de 60 francs, (le maximum alors pour les moulins à vent de Moëlan) alors que celui du moulin Kerhervé est de 45 francs ; celui du moulin Jaouen, de 50 francs.
En 1890, à l’expiration du bail de 1881, le fils de Pierre Joseph Colin (1852-1917), meunier, appelé Pierre Joseph lui aussi, et son épouse Marie-Josèphe Orvoën (1856-1894) signent un bail de 9 ans avec Marie-Yvonne Fauglas (1852-1908), fille de Louis [1890-96]. Ce bail est résilié en 1897. [1897-78]
Le moulin de Kerduel est déclaré démoli en 1909. (9)
Le Moulin de Kergroës par Ludovic Rodo-Pissaro
Quel est ce Moulin de Kergroës que Ludovic-Rodo Pissaro a immortalisé sur cette gravure ? Celui de Kerduel ? Le moulin Kerhervé ? L’artiste est descendu à l’auberge gérée par Marie Lepage à Kergroës en 1903 et a donc très bien pu apercevoir les deux moulins. Toutefois, la présence de maisons à côté du moulin fait plutôt penser au moulin Kerhervé.
Le moulin de Kerconan ou de Kerbrezel
La situation élevée des terres autour de Kerduel et leur position dégagée face à l’océan étaient deux facteurs propices à l’édification de moulins à vent.
La lecture du cadastre napoléonien nous apprend qu’un autre moulin à vent avait existé antérieurement à 1832 à environ 200 mètres dans l’ouest du village de Kerduel, au lieu-dit Kerbrezel, sur des landes appelées park ar vilin avel (champ du moulin à vent). D’autres parcelles alentour, dépendant soit de Kerconan, soit de Kerduel, se nomment park roz vilin avel révélant la présence d’une butte, d’un terrain en pente (roz) ; l’une d’elles porte un signal de triangulation appelé signal Kerduel.
Kerconan est attesté dès 1408 (10). « Querigonan » est cité dans l’aveu de 1682 de l’abbé de Saint-Maurice. Sur le cadastre de 1832 il n’y a pas de village à Kerconan, c’est un lieu-dit sans habitation. Il en est de même pour Kerbrezel.
Les villages les plus proches sont Kerduel, Kerdoualen et Kermen.
Ce moulin n’existait sans doute pas au moment de l’élaboration des papiers terriers car il n’en est pas fait mention dans les aveux de 1680 des seigneurs propriétaires Catherine Pégasse, François de la Pierre, Jean de Valleaux et l’abbé de Saint Maurice, qui possédaient les terres de Kerduel en indivision.
En 1832, le grand nombre de parcelles dont le nom fait allusion à un moulin à vent fait penser que son souvenir était alors encore bien présent.
On pourrait en déduire que sa construction aurait été postérieure à 1680 et qu’il aurait été détruit avant 1832. Des informations complémentaires sont à rechercher.
Tous nos remerciements à Madame Huguette Caudan.
(1) Hollocou, Pierre ; Plourin, Jean-Yves, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven - Vol. 2, Emgleo Breizh, Quimper, 2008. P. 240.
(2) Déclaration de François de La Pierre pour le papier terrier, 22 mai 1682.
(3) Martin Pierre, Dictionnaire des fermiers des droits maritimes en Bretagne, Les Indes Savantes, Paris, 2016, p. 282.
(4) Répertoire des procès-verbaux de vente des biens nationaux, tome 4, Archives Départementales du Finistère.
(5) Matrice du foncier 1851, augmentations.
(6) Meuric-Philippon, Gabrielle, Moëlan en Cornouaille, 1975. P. 100.
(7) Bellec, Alain, Moëlan-sur-Mer au fil des rues et des sentiers, Liv’Editons, Le Faouët, 2013. P. 220
(8) Recensement de population de 1851
(9) Case 282 des matrices cadastrales de 1882-1911.
(10) Hollocou, Pierre ; Plourin, Jean-Yves, De Quimperlé au port de Pont-Aven, les noms de lieu et leur histoire entre Isole-Laïta et Aven - Vol. 2, Emgleo Breizh, Quimper, 2008. P. 239.